Notes de frais des élus à Paris : comment la polémique visant Anne Hidalgo s'est étendue aux maires d'arrondissement de la capitale
Plusieurs élus locaux sont épinglés pour des dépenses de représentation qu'ils ont réalisées dans l'exercice de leurs fonctions, entre 2020 et 2024.
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A Paris, la polémique sur les notes de frais des élus n'en finit pas de rebondir. Après la maire de la capitale, mi-septembre, c'est au tour de plusieurs maires d'arrondissement de faire face aux critiques. En cause, la publication par la Ville de Paris, jeudi 2 octobre, de milliers de justificatifs des maires d'arrondissement relatifs aux frais de représentation de ces 17 élus locaux.
Ce geste de transparence, perçu par certains comme une manœuvre de diversion, est intervenu le jour même de la publication, par le journal Libération, d'une longue enquête se penchant sur ces notes de frais. Le détail des notes de frais n'est cependant consultable que sur rendez-vous, à l'hôtel de ville, précise l'AFP.
Certes, les frais de représentation sont strictement encadrés depuis l'élection du socialiste Bertrand Delanoë à la tête de la mairie, en 2001. Ils sont aujourd'hui plafonnés à 19 720 euros par an pour la maire de Paris et à 11 092 euros pour les maires d'arrondissement, selon un memento établi en septembre 2020 par la commission de déontologie de la municipalité. "Depuis 2001, ces frais ont baissé de quasiment 10 000 euros" pour le maire, a souligné en conférence de presse Patrick Bloche, le premier adjoint d'Anne Hidalgo, faisant valoir leur rôle de "garde-fou contre la corruption".
Bols à prénom, additions salées au restaurant…
Pourtant, de nombreuses dépenses ont été épinglées depuis ces révélations. C'est le cas des lampes antiodeurs de tabac, achetées la femme de Francis Szpiner, maire Les Républicains (LR) du 16e arrondissement, ou des bols à prénom acquis à Cherbourg (Manche), loin de la capitale, par la maire écologiste du 12e arrondissement, Emmanuelle Pierre-Marie. Encore plus loin de la capitale, le maire LR du 6e arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, a réalisé des notes de frais pour des biens achetés à New York ou Londres.
Plusieurs maires, comme Philippe Goujon (LR, 15e arrondissement) et Eric Lejoindre (Parti socialiste, 18e arrondissement), ont aussi demandé le remboursement de repas contenant des "menus enfants", rapporte Libération, une dépense qui semble éloignée du caractère de représentation d'un élu. D'un point de vue formel, des mentions obligatoires, comme le nom des convives lors d'un repas ou le justificatif de paiement, manquent sur certaines notes de frais, précise le quotidien de gauche.
D'autres élus ont quant à eux été critiqués pour le montant de leurs dépenses de représentation durant ces quatre années. Par exemple, des maires de gauche et de droite ont régulièrement demandé le remboursement d'additions dépassant les 100 euros par personne au restaurant. "J'invite essentiellement des élus ou des personnalités de mon arrondissement, avec qui il faut être agréable et que je ne vais pas inviter au McDo", s'est défendu auprès de Libération Philippe Goujon, dont les notes de frais sont proches des 150 euros par invité.
Des appels à supprimer les frais de représentation
De son côté, Jeanne d'Hauteserre, maire LR du 8e arrondissement, a dépensé 35 779,65 euros de frais de vêtements entre 2020 et 2024. "On me montre partout depuis trois jours, avec cette image de maire toujours bien sapée, toujours élégante, je suis quand même maire du 8e arrondissement. Chaque maire a une enveloppe de 990 euros par mois et chaque maire peut la dépenser comme il veut. Moi, j'ai préféré m'acheter des fringues pour être bien sapée", a avancé Jeanne d'Hauteserre sur BFMTV, samedi soir.
L'élue, qui "essaie d'acheter des produits français et de bonne qualité", "profite" par ailleurs "de l'occasion pour remercier tous nos concitoyens et concitoyennes qui travaillent et qui nous permettent d'avoir ces indemnités". De l'autre côté du spectre des dépenses, Rachida Dati, maire LR du 7e arrondissement jugée en septembre 2026 pour corruption dans l'affaire Renault-Nissan, n'a utilisé que quelques centaines d'euros sur les près de 50 000 euros à sa disposition sur la période.
"Même si le montant est élevé, du moment qu'il est public et qu'il y a un contrôle, il n'y a pas de problème", estime auprès de l'AFP Samuel Boissaye, de l'ONG Transparency International. Pour lui, la question devient politique et il revient aux élus "d'assumer publiquement l'achat de chaussures à 770 euros ou un repas à 150 euros".
Dans le même temps, plusieurs voix se font entendre, chez des élus parisiens de sensibilités diverses, pour réformer ce système, voire y mettre fin. "Je comprends que quand on voit cette crise de surendettement à Paris, les Parisiens puissent être extrêmement choqués. Il y a une demande d'exemplarité des élus. Le mieux est de supprimer les notes de frais", a plaidé sur franceinfo, samedi, la sénatrice LR Agnès Evren.
"Dans la situation actuelle, où l'on demande à nos concitoyens de faire des efforts, je pense qu'il faut qu'on supprime tous ces privilèges", a aussi déclaré Jeanne d'Hauteserre, sur BFMTV, samedi. Au vu de "l'émoi suscité" par ces révélations, l'élu communiste Ian Brossat, candidat aux municipales de 2026, juge quant à lui nécessaire de "supprimer totalement" les frais de mandat, a-t-il expliqué à l'AFP.
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