A son procès, l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec affiche son émotion et présente des excuses aux victimes

L'accusé comparaît depuis le 24 février pour des agressions sexuelles et des viols commis sur près de 300 patients. Il a lâché quelques larmes au terme de son interrogatoire sur les faits mercredi.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Joël Le Scouarnec dans le box des accusés, devant ses avocats, Thibaut Kurzawa et Maxime Tessier, le 5 mars 2025, au tribunal de Vannes (Morbihan). (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)
Joël Le Scouarnec dans le box des accusés, devant ses avocats, Thibaut Kurzawa et Maxime Tessier, le 5 mars 2025, au tribunal de Vannes (Morbihan). (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

"Je leur dois la vérité à chacune d'entre elles." C'est aux victimes que Joël Le Scouarnec, jugé pour des agressions sexuelles et des viols sur près de 300 patients, a choisi de s'adresser, mercredi 5 mars, à la fin de son interrogatoire sur les faits. "Chaque personne à mes yeux compte individuellement", a assuré l'ex-chirurgien de 74 ans, qui comparaît depuis le 24 février devant la cour criminelle du Morbihan. Des déclarations faites en réponse aux questions de Thibaut Kurzawa, l'un de ses avocats, alors que la veille il a reconnu certains viols qu'il niait jusqu'ici, ainsi qu'un cas de soumission chimique.

Joël Le Scouarnec est également revenu sur ses journaux intimes dans lesquels il consignait scrupuleusement les noms des victimes, associés à une litanie de récits de sévices. Le contenu de ces "carnets" tapés à l'ordinateur et découverts par les enquêteurs en 2017 lors de la perquisition du domicile de l'accusé, a été largement abordé mardi. "J'imagine le désarroi, le choc que ça a dû être quand on leur a fait lecture du paragraphe", a-t-il déclaré mercredi, en qualifiant à nouveau d'"ignoble" ce qu'il a écrit. 

"Je leur adresse toutes mes excuses pour le mal que je leur ai fait."

Joël Le Scouarnec

devant la cour criminelle du Morbihan

Joël Le Scouarnec s'est ensuite assis, a baissé la tête et a lâché quelques larmes. Ce n'est pas la première fois que l'accusé pleure : il avait déjà craqué et s'était recroquevillé dès le deuxième jour de son procès, face à son plus jeune fils venu témoigner.

"Je ne veux plus rien cacher"

"Il faut beaucoup de temps pour fendre l'armure Monsieur n'est-ce pas ?", l'a interrogé Maxime Tessier, son autre avocat. "Je m'adresse aux victimes de mes actes et à elles seules", a insisté Joël Le Scouarnec d'une voix tremblante.

"S'il y en a une seule à qui mes dépositions peuvent permettre de reprendre le chemin de la vie normale, ce serait pour moi extraordinaire."

Joël Le Scouarnec

à l'audience

 "J'ai dit 'plus de mensonge', je veux que les choses soient dites. Je ne veux plus rien cacher de ce qu'a été cette vie", a affirmé l'ancien médecin. Sa voix se brise alors quand il souffle : "Je ne pouvais pas me reconnaître avec ce terme 'tu as été un violeur'. Ça va me poursuivre longtemps de savoir que j'étais un violeur d'enfant." A ce moment-là, l'accusé sanglote à nouveau.

"J'ai refusé à l'époque de me reconnaître comme un violeur d'enfant, c'était un déni total", a répété Joël Le Scouarnec. Et d'évoquer le viol de sa petite voisine de 6 ans, le 24 avril 2017. Des faits pour lesquels il a été condamné fin 2020 et qu'il a totalement admis lundi, pour la première fois. L'accusé a affiché son émotion en présentant des excuses : "Je voudrais demander pardon à cette petite fille et je pense aussi à ses parents, totalement dévastés."

Face à sa défense, Joël Le Scouarnec a reconnu que certains gestes qu'il a commis, comme la "paume de main" sur un sexe, n'étaient pas "médicaux". Il s'est dit prêt à en parler au cours de l'audience, lorsque les parties civiles prendront la parole, mais pas "de façon générale". "Pour moi le but de ce procès ce sont toutes ces personnes-là", a-t-il ajouté en les désignant.

"Je n'ai que du mépris pour l'homme que j'ai été, pour l'homme qui a fait tout ça, qui en a été capable et qui s'est complu là-dedans."

Joël Le Scouarnec

devant la cour criminelle du Morbihan

"Je crois avoir tout dit pour le moment", a-t-il conclu, alors que le procès se poursuit jeudi avec les premiers témoignages de victimes.

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