Témoignage "Je vais me battre pour mes enfants" : à Paris, le quotidien éprouvant d'une mère de famille qui dort dans la rue avec son fils et sa fille

Selon le baromètre annuel de l'Unicef et de la Fédération des acteurs de la solidarité, dévoilé jeudi, les enfants sont toujours plus nombreux à vivre dans la rue. Chaque soir, des familles qui n'ont nulle part où dormir tentent de trouver une place d'hébergement.

Article rédigé par franceinfo
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Des personnes sans domicile fixe dans des tentes, sous un pont, le 15 février 2024 à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)
Des personnes sans domicile fixe dans des tentes, sous un pont, le 15 février 2024 à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Le nombre d'enfants à la rue ne cesse d'augmenter en France. C'est le constat que dressent, dans leur baromètre annuel publié jeudi 28 août, l'Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité. Au moins 2 159 enfants sont restés à la rue, sans solution malgré leur appel au 115, le soir où les données ont été relevées en ce mois d'août. C'est 6% de plus qu'en 2024, 30% de plus qu'en 2022, quand le gouvernement avait fait la promesse d'avoir "zéro enfant à la rue". Une promesse restée vaine pour Jocelyne, sa fille et son fils, rencontrés devant l'hôtel de ville de Paris. C'est là que, tous les soirs, les familles qui n'ont nulle part où dormir tentent de trouver une place d'hébergement dans les associations.

Une fillette en robe blanche court après son petit frère au milieu des touristes sur le parvis de l'hôtel de ville, elle attend sa mère qui fait la queue pour une place où dormir. Claire a sept ans et entre en CE1, son cartable est déjà prêt dans un grand sac en plastique. Sa maman Jocelyne la prend sur ses genoux. Les nuits dehors, la fillette se tord les doigts quand elle en parle. "Tu veux quoi ?", lui demande sa mère. "Je veux une maison, avec ma chambre", répond Claire. La fillette n'a "pas envie d'en parler" avec ses camarades à l'école. Claire "a honte de dire à ses amis qu'elle n'a pas de maison et qu'elle dort dehors", ajoute sa mère.

"Il faut qu'ils aillent à l'école"

Cette Congolaise de 25 ans a perdu sa place en foyer quand elle a été déboutée du droit d'asile. Depuis, elle dort souvent sur des ronds-points ou dans le métro, avec ses enfants, quand le 115 n'a plus de places. "S'il y a beaucoup de demandes, ils prennent seulement les enfants de moins de 3 ans, et nous, comme les enfants ont déjà 6 ou 7 ans, on dort dehors, raconte-t-elle. On nous donne des tentes, on dort en groupe, parce que si on dort toute seule, on peut être agressées", déplore-t-elle.

"La dernière fois, on a été agressées, je ne sais pas si c'était avec des couteaux, mais ils ont coupé des tentes."

Jocelyne, Congolaise de 25 ans

à franceinfo

Le plus dur, c'est la fatigue. Tous les soirs après l'école, il faut faire la queue pour un hébergement et quand la famille trouve une place dans un gymnase, c'est souvent tard le soir, en banlieue, alors que l'école est à Paris. "Ils se réveillent à 5 heures, parce que le trajet dure une heure", explique-t-elle. 

Jocelyne met un point d'honneur à ce que ses enfants soient propres, que les devoirs soient faits. "Il faut qu'ils aillent à l'école, même si la vie est difficile, affirme-t-elle. Mais je vais me battre pour mes enfants. Même si nous sommes des immigrés et que c'est peut-être fini pour moi, je n'ai pas réussi, mais ils doivent réussir." Elle s'accroche à l'espoir d'avoir un jour des papiers pour pouvoir travailler et trouver une maison pour Claire et son petit frère.

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