Santé mentale : la psychiatrie reste "une discipline qui fait peur, et pas très prestigieuse" pour les étudiants, regrette un pédopsychiatre

La psychiatrie est souvent considéré par les étudiants comme "un peu éloignée de la médecine", "peu innovante" en matière de recherche. "C'est tout le contraire", assure Olivier Bonnot, pédopsychiatre, chef de service à l’hôpital Barthélémy Durand dans l’Essonne.

Article rédigé par franceinfo
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Chaque année, en France, le nombre d'étudiants entrant en internat de psychiatrie est inférieur au nombre de places disponibles. (AJ PHOTO / BSIP  / AFP)
Chaque année, en France, le nombre d'étudiants entrant en internat de psychiatrie est inférieur au nombre de places disponibles. (AJ PHOTO / BSIP / AFP)

La psychiatrie reste "une discipline qui fait encore peur", regrette jeudi 12 juin sur franceinfo Olivier Bonnot, pédopsychiatre de l’enfant et de l’adolescent et chef de service à l’hôpital Barthélémy Durand dans l’Essonne. À la suite du drame survenu à Nogent en Haute-Marne, le manque de moyens humains en psychiatrie est une nouvelle fois pointé du doigt par les professionnels de santé.

Olivier Bonnot déplore que la psychiatrie soit "souvent mal connue, avec beaucoup de stéréotypes et de clichés qui sont parfois très datés". Il rappelle que l’imaginaire collectif reste marqué par "ces images d'asiles, de gens enfermés, de violence alors que ce n'est pas tellement le cas".

"Les gens ont rarement une espèce de sentiment de Saint-Bernard"

La discipline souffre également d’un déficit d’attractivité auprès des étudiants en médecine. "C'est une discipline qui, au fond, n'est pas perçue comme très prestigieuse, un peu éloignée de la médecine, alors que c'est tout le contraire", explique-t-il. Selon lui, les futurs médecins considèrent souvent la psychiatrie comme "pas très innovante sur le plan de la recherche, alors que là aussi, c'est tout le contraire puisqu'on fait énormément de progrès au plan de la recherche".

Olivier Bonnot souligne que plus la psychiatrie est en difficulté, moins elle attire de nouveaux praticiens. "Les gens ont rarement une espèce de sentiment de Saint-Bernard à vouloir absolument aider autour de soi. En général, on choisit quand même les endroits où c'est plutôt plus agréable de travailler. L'ambiance reste sympathique avec des gens motivés, rassure-t-il, mais c'est vrai que les moyens sont difficiles". La psychiatrie, qui représente, après la médecine générale, le plus grand contingent de médecins en France, subit de plein fouet la crise du système de santé. "Quand tout le système de santé souffre, évidemment [la psychiatrie] souffre également un peu plus", conclut Olivier Bonnot.

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