"Une reformation, c'est avant tout de l'argent" : le groupe de rock Oasis revient sur scène, 15 ans après sa séparation

Le groupe phare de la Britpop renoue avec la scène pour une tournée qui débute vendredi à Cardiff. Un retour inespéré pour les fans et très lucratif pour les frères Gallagher.

Article rédigé par franceinfo
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Les écrans du stade de Wembley annoncent les prochains concerts d'Oasis en juillet et août 2025 dans le célèbre stade, à Londres, en août 2024. (VUK VALCIC / MAXPPP)
Les écrans du stade de Wembley annoncent les prochains concerts d'Oasis en juillet et août 2025 dans le célèbre stade, à Londres, en août 2024. (VUK VALCIC / MAXPPP)

C'est le jour J pour des millions de fans à travers le monde. Vendredi 4 juillet dans la soirée, à Cardiff, le groupe Oasis reprend le fil de son histoire tumultueuse, et lance sa très lucrative tournée de reformation, plus de 15 ans après leur séparation. Au centre, les frères Gallagher, toujours, et une question : pourquoi revenir ? Franceinfo s'est glissé dans les coulisses de ce retour que beaucoup n'espéraient plus.

Dans cette histoire de reformation, la fin est aussi le début, quand à Saint-Cloud, lors du festival Rock en Seine, le 28 août 2009, des milliers de fans assistent stupéfaits à l'explosion d'Oasis, 18 ans presque jour pour jour après leur premier concert. Quinze ans et dix mois plus tard, on ne sait toujours pas clairement ce qu'il s'est passé ce soir-là en coulisses avant le concert, une énième bagarre entre Liam et Noel Gallagher, un mot de trop, une guitare qui vole, mais le résultat est là : le dernier-né des grands groupes de rock britanniques est mort et enterré.

"Une séparation au milieu de cette tournée, ça serait rock and roll !"

L'annonce de la reformation a été gardée secrète jusqu'au bout, en l'occurrence le 27 août 2024. Après des années de guerre par médias interposés, des insultes aussi sur les réseaux sociaux, Liam et Noel remettent le couvert ensemble. "Cette reformation, on pouvait totalement s'y attendre, assure le journaliste Nico Prat, auteur d'Oasis ou la revanche des ploucs, chez Playlist Society. Déjà parce que c'est dans la nature des choses pour tous les grands groupes rock. Pour bien comprendre, les frères Gallagher sont des gens qui n'existent que médiatiquement. Or, dans leur carrière solo, ils n'ont jamais réussi à atteindre la moitié du quart de la renommée d'Oasis. On ne va pas se mentir, une reformation, c'est avant tout de l'argent", conclut le spécialiste. 

Impossible de savoir combien les deux frères ont touché, mais les sources évoquent des chiffres autour de 50 millions d'euros chacun, pour 17 dates britanniques et 1,5 million de billets vendus, sans compter les 24 autres concerts déjà annoncés en Amérique, en Asie et en Océanie. Les chiffres donnent le tournis, tout le monde a son avis, même un vieux rival d'Oasis, Robbie Williams, interrogé par l'agence Reuters : "Je ne sais pas si c'est de l'excitation. Je crois que c'est plus désolant, comme faire la queue pour voir le crash, comme si beaucoup de gens venaient pour les voir échouer tout en espérant l'inverse."

Car c'est bien vrai, dans l'esprit de chacun, il y a une menace, évoquée par Nico Prat. "On peut se dire que ça ne va pas tenir, qu'ils vont se foutre sur la gueule au bout de deux semaines, dit-il. On peut se dire que l'intention est noble mais qu'après, il y a la réalité de la tournée. Les enjeux, ne serait-ce que financiers, mais pas seulement, sont quand même bien différents. Je pense que là, ils ont quand même de très, très, très bonnes raisons d'aller jusqu'au bout. Et en même temps, s'il devait y avoir séparation au milieu de cette tournée, en vrai, ce serait magnifique. Ça, ce serait assez rock and roll !"

Billetterie dynamique, produits dérivés... Une grosse stratégie marketing

D'autant plus, que cette reformation a déjà connu quelques polémiques. La plus importante, pour un groupe qui s'est toujours dit proche du peuple sans le croire lui-même, était autour de la billetterie. En août 2024, la mise en vente est une boucherie sur Internet, les fans patientent des heures, et le tout-puissant opérateur Ticketmaster applique la billetterie dynamique, avec des prix qui varient en fonction de la demande, en temps réel.

Hélène, qui vit à Angers, a obtenu son précieux sésame pour le concert du 8 août à Edimbourg. Elle raconte que lors de la mise en vente, elle était au Québec, dans un hôtel. "Du coup, pour moi, c'était en plein milieu de la nuit", se souvient-elle. Elle passe alors plusieurs heures à la réception de l'hôtel, les yeux rivés sur son ordinateur. "Mais on a rendu ça fun. On s'est tous appelé en faisant une visio pendant la liste d’attente. Ça nous a permis de passer le temps un peu plus vite. Une fois que je les ai eus, il était 6 heures du matin, je suis juste allée crier ma joie. Et après, je suis allée me coucher parce que je n'en pouvais plus."

Depuis, le groupe a dévoilé une grosse stratégie marketing, avec des produits dérivés hors de prix. Pour les fans, aller les voir sera un budget, environ 900 euros tout compris, selon une étude de la banque Barclays. Hélène a quand même payé moins que ça, et elle est philosophe. "Pour moi, c'est quand même une reformation mythique."

"Ce qui m'importe au-delà du groupe, c'est l'ambiance, l'impression de participer à quelque chose qui n'aura peut-être plus lieu avant quelques années."

Hélène, une fan du groupe Oasis

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"J'y crois à fond. Et au pire, si ça se passe mal, franchement, je suis à Édimbourg en plein mois d'août avec des potes. Je pense qu'il y a pire !", sourit-elle.

Et si l'on parle de la suite pour le groupe, Nico Prat est prudent : "Ce ne sera pas le premier groupe à sortir un nouvel album forcément décevant quinze ans après la séparation. Donc, c'est possible, mais cette tournée ne sert pas à ça... Cette tournée sert à dire : on s'est bien marré, on se revoit une dernière fois et après, on verra."

Il faudra donc se contenter des titres cultes, pour une tournée qui devrait faire la part belle aux deux premiers albums d'Oasis, pourvoyeurs de tubes à travers les âges. Et pourquoi ne pas rêver d'un retour à Rock en Seine en 2026, alors qu'aucune date française n'a encore été annoncée, sur les lieux du crash, là où Oasis s'est tué, et a posé les bases d'une renaissance lucrative.

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