Édito
Rachida Dati gagne du temps avant les municipales

Le procès de Rachida Dati pour corruption a été repoussé à septembre 2026, lui permettant de se présenter aux municipales de Paris sans jugement préalable. Mais cette stratégie fragilise la droite parisienne, suspendue au destin judiciaire de sa candidate.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Rachida Dati à la cérémonie de réouverture de la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Nantes, le 27 septembre 2025. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)
Rachida Dati à la cérémonie de réouverture de la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Nantes, le 27 septembre 2025. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Le procès de Rachida Dati pour corruption n’aura lieu qu’à la fin du mois de septembre 2026. Rachida Dati n’a pas encore été jugée qu’elle a déjà gagné un an de répit. Il faut dire qu’elle l’a bien cherché. Ses avocats ont bataillé, lundi 29 septembre, lors de l’audience de fixation pour repousser l’échéance le plus possible. Pas question pour la ministre démissionnaire de la Culture, candidate à la mairie de Paris, d’être renvoyée devant le tribunal avant les élections municipales de mars. Rachida Dati sera donc jugée en septembre 2026 pour corruption, trafic d’influence, recel d’abus de pouvoir et abus de confiance.

Elle est accusée d’avoir perçu 900 000 euros de la part d’une filiale du groupe Renault-Nissan alors présidé par Carlos Ghosn, en fuite au Liban. Un pactole qui aurait rémunéré une activité de lobbying "incompatible", selon les juges, "avec son mandat de députée européenne et sa profession d’avocate".


Rien ne pourra, a priori, l’empêcher d’être candidate à la mairie de Paris. On comprend pourquoi elle a fait le forcing pour arracher l’investiture de LR. Elle a répété tout l’été qu’elle se présenterait "quoi qu’il arrive" à la législative partielle de la 2ᵉ circonscription de Paris pour contrer le "parachutage inacceptable" de Michel Barnier et elle a fait céder Bruno Retailleau, qui a fini par lui accorder l’investiture aux municipales en échange de son retrait de la législative. On appelle ça la "méthode Dati" : coups de gueule, menaces du type "retenez-moi ou je fais un malheur", et un deal final pour emporter le morceau.

Pour la droite, une campagne perturbée


Cette technique fonctionne jusqu’à un certain point. La droite parisienne est pieds et poings liés, totalement dépendante du destin judiciaire de sa tête de liste. Mais certains dirigeants de LR s’inquiètent, et les macronistes sont de moins en moins enclins à l’idée de la soutenir dès le premier tour. Comment faire campagne en sachant que le premier rendez-vous important de la nouvelle élue serait un procès pour corruption ? Cela fait un peu tache sur le blason d’une future maire de Paris. Jusque-là moteur de la droite dans la capitale, n’est-elle pas en train de devenir son boulet ? D’autant que Rachida Dati est visée par une autre enquête pour avoir omis de déclarer à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique des bijoux pour une valeur de plusieurs centaines de milliers d’euros.

À droite, certains rêvent donc encore de recours et soulignent la réputation d’intégrité de Michel Barnier, tout juste élu député de Paris. Mais pour apaiser Rachida Dati, l’ancien Premier ministre a dû s’engager à ne pas viser l’Hôtel de Ville. L’irruption d’un candidat alternatif, quel qu’il soit, déclencherait de toute façon une nouvelle tempête. Il est vrai que depuis 25 ans, la droite parisienne a pris goût aux coups de vent.

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