Pour remplir les classes, la Corée du Sud recrute désormais des élèves de plus de 70 ans

Confrontées à une crise démographique sans précédent, des écoles rurales de Corée du Sud accueillent désormais des élèves de plus de 70 ans pour éviter les fermetures.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les écoles sud-coréennes pensent à remplacer les enfants par des personnes âgées. Des municipalités ont commencé à recruter des seniors pour remplir leurs classes (photo d'illustration). (PLAN SHOOTING2 / IMAZINS / IMAZINS RF)
Les écoles sud-coréennes pensent à remplacer les enfants par des personnes âgées. Des municipalités ont commencé à recruter des seniors pour remplir leurs classes (photo d'illustration). (PLAN SHOOTING2 / IMAZINS / IMAZINS RF)

Les grands-parents sont-ils le futur de l’école ? Plusieurs établissements dans les zones rurales de Corée du Sud le pensent. Ce pays recrute désormais des élèves de plus de 70 ans. La crise démographique en Corée du Sud est l’une des pires au monde. Le pays ne fait plus de bébés. Son taux de fécondité est tombé à 0,75. En moyenne, chaque femme coréenne aura moins d’un enfant au cours de sa vie. Automatiquement, la population baisse, et il y a de moins en moins de candidats à chaque rentrée des classes. On ne le voit pas trop encore dans les grandes villes comme Séoul, mais c’est flagrant dès que l’on se rend dans des zones plus rurales de la péninsule. Un véritable casse-tête pour les mairies, pour les autorités, qui peinent à maintenir des effectifs suffisants dans leurs classes.

En 2025, 49 écoles vont devoir fermer définitivement dans le pays, essentiellement des écoles primaires, mais aussi des collèges et des lycées. Le problème ne fait que s’aggraver, en 2024, 33 établissements  avaient fermé définitivement en Corée du Sud.

Le niveau de lecture et d'écriture équivalent à celui d’un élève de CP

Les écoles pensent donc à remplacer les enfants par des personnes âgées. Des municipalités ont commencé à recruter des seniors pour remplir leurs classes. Ce sont essentiellement des grands-mères qui reprennent les cours, car beaucoup de mamies coréennes de plus de 70 ans n’ont jamais eu la chance d’avoir une formation de base. Elles sont nées après la Seconde Guerre mondiale ou après la guerre de Corée, dans un pays alors extrêmement pauvre. Les filles partaient travailler dans les champs ou devaient aider leurs familles à la maison, pendant que les garçons allaient, eux, étudier. Dans le pays, deux millions d’adultes ont un niveau de lecture et d’écriture équivalent à celui d’un élève de CP. Il y a une forte demande d’enseignement chez ces personnes âgées. Ce programme peut potentiellement toucher des millions de personnes. En Corée du Sud, un habitant sur cinq a désormais plus de 65 ans.

Dans certaines écoles primaires à la campagne, les mamies se mélangent aux enfants dans les classes. Il existe aussi maintenant une quarantaine d’établissements dans tout le pays qui leur sont entièrement réservés. Le programme est soutenu par le ministère de l’Éducation nationale, dans le cadre de l’apprentissage tout au long de la vie. Chaque année, les médias coréens font le portrait de ces grands-mères de plus de 80 ans qui passent, avec succès, le Suneung, un peu l’équivalent du bac.

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