En Corée du Sud, des youtubeurs inculpés pour des fausses vidéos politiques avant la présidentielle

À la veille de l’élection présidentielle en Corée du Sud, la commission électorale nationale a franchi un cap inédit. Elle a officiellement porté plainte contre trois créateurs de contenus pour diffusion de vidéos truquées visant des responsables politiques. Une première dans ce pays, où les autorités prennent très au sérieux l’impact potentiel de ces contenus sur le scrutin.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les inspecteurs de la commission électorale nationale doivent scruter les réseaux sociaux pour essayer d'identifier des fausses images ou des vidéos truquées qui pourraient peser sur le vote. (5./15 WEST/ Getty)
Les inspecteurs de la commission électorale nationale doivent scruter les réseaux sociaux pour essayer d'identifier des fausses images ou des vidéos truquées qui pourraient peser sur le vote. (5./15 WEST/ Getty)

Le scrutin présidentiel est prévu mardi 3 juin en Corée du Sud. Alors que la campagne électorale touche à sa fin, les camps en lice redoublent d’efforts pour influencer l’opinion publique. Si les programmes politiques sont parfois mis en avant, l’heure est surtout à la mise en cause de l’adversaire. Dans ce contexte, la commission électorale et ses inspecteurs doivent scruter les réseaux sociaux jusqu’à la dernière minute afin de détecter des images ou vidéos falsifiées susceptibles de perturber le vote.

Les enquêteurs agissent soit de leur propre initiative, soit à partir de signalements provenant des équipes de campagne. Des dizaines de policiers sont mobilisés en renfort. Ces derniers jours, la commission a dû faire face à un afflux massif : près de 800 faux contenus sont apparus quotidiennement en ligne.

Une campagne sous surveillance et sous tension

Ce phénomène s’est intensifié avec l’émergence d’outils d’intelligence artificielle permettant, selon la commission, de produire depuis un simple ordinateur personnel des contenus truqués particulièrement convaincants. Pour tenter d’endiguer cette dérive, l’autorité électorale a donc décidé d’agir fermement en portant plainte contre trois youtubeurs, accusés d’avoir diffusé plusieurs dizaines de vidéos falsifiées sur les réseaux sociaux.

Les personnes visées par ces plaintes encourent de lourdes peines. En effet, la Corée du Sud a considérablement renforcé sa législation électorale il y a un an et demi. Toute personne diffusant dans les 90 jours précédant un scrutin une image, un son ou une vidéo générée par intelligence artificielle représentant un candidat peut être condamné à sept ans de prison et à une amende allant jusqu’à 30 000 euros.

Des sanctions sévères pour les manipulations numériques

Les trois youtubeurs visés entrent dans ce cadre. Leurs vidéos, très récentes, ont été largement relayées, notamment sur TikTok et X (anciennement Twitter). Parmi les montages incriminés figurent une scène montrant le principal candidat de centre-gauche, Lee Jae-myung, vêtu d’un costume de détenu, derrière les barreaux d’une cellule. Une autre image, également fausse, le représentait agenouillé devant un buste de Mao. Le candidat de droite n’a pas non plus été épargné par des contenus falsifiés.

Reste à savoir si ces manipulations numériques influenceront réellement le scrutin. La réponse ne pourra être connue qu’à l’issue du dépouillement prévu mardi soir. La campagne, exceptionnellement courte – seulement 60 jours – fait suite à la destitution anticipée du précédent président conservateur. Malgré cela, les sondages sont restés relativement stables tout au long de la période, plaçant Lee Jae-myung largement en tête des intentions de vote. Sauf surprise, il devrait l’emporter.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.