Témoignage "On a vraiment l'impression d'être des pions" : aux Etats-Unis, un agent fédéral raconte l'impact du "shutdown" sur son quotidien

Depuis mercredi matin, les agents fédéraux des Etats-Unis ne sont plus payés à cause du "shutdown", qui gèle tout un pan de l'administration. Aaron Barker, un employé de l'Administration de la sécurité des transports, témoigne des difficultés concrètes que cela engendre pour lui.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Aaron Barker, représentant syndical de l'AFGE (American Federation of Government Employees), à l'aéroport d'Atlanta, dans l'Etat de Géorgie (Etats-Unis), le 1er octobre 2025. (ISABELLE LABEYRIE / RADIO FRANCE)
Aaron Barker, représentant syndical de l'AFGE (American Federation of Government Employees), à l'aéroport d'Atlanta, dans l'Etat de Géorgie (Etats-Unis), le 1er octobre 2025. (ISABELLE LABEYRIE / RADIO FRANCE)

Les Etats-Unis en situation de "shutdown". Depuis mercredi 1er octobre, le gouvernement n'est plus financé, il ne peut plus verser les salaires des employés fédéraux, qui doivent malgré tout continuer à venir travailler, notamment ceux qui remplissent des fonctions dites "essentielles" pour les missions de service public. C'est le cas d'Aaron Barker, syndicaliste et employé de l'Administration de la sécurité des transports (TSA), rencontré à l'aéroport d'Atlanta, dans l'Etat de Géorgie.

Aaron n'a pas très bien dormi, il est venu travailler ce matin-là sans savoir quand il serait payé, comme les 1 300 salariés qui scannent les bagages et les passagers à l'aéroport d'Atlanta. "On a vraiment l'impression d'être des pions, se désole-t-il. Nos législateurs doivent s'entendre, se réunir, trouver une solution. Peu importe quel camp est responsable. Ce n'est pas juste que les travailleurs fédéraux, qui font fonctionner le gouvernement, se retrouvent dans cette situation pour des raisons d'agenda politique. Nos membres du Congrès doivent faire le travail pour lequel on les a élus."

"On est à cinq dollars près"

Une fois le "shutdown" terminé, le gouvernement paiera ses salariés de manière rétroactive. Mais comme ses collègues, Aaron est payé tous les quinze jours, il n'a pas de matelas financier. Le moindre pépin peut le faire basculer dans la précarité. Il a vécu le précédent "shutdown", en 2018, qui avait duré 35 jours. Et il en garde un très mauvais souvenir. "La dernière fois, les agents ont dû faire des choix difficiles : soit faire le plein d'essence, soit acheter des médicaments, par exemple, rappelle Aaron. On est à cinq dollars près parce que tout augmente : les courses, les loyers, les crédits."

"Pour la plupart d’entre nous, perdre un salaire c’est prendre le risque d’être expulsé ou de devoir rendre sa voiture. Ça risque d’être très dur."

Aaron Barker, employé à l'Administration de la sécurité des transports

à franceinfo

Mais Aaron a aussi un message pour les passagers. "Si vous voyagez, soyez gentils avec nos agents, soutenez-les, plaide-t-il. Vous savez, tout ça c'est beaucoup pour eux. Gardez ça en tête, et comprenez que parfois, oui, vous pouvez tomber sur quelqu'un qui est contrarié, mais c'est parce qu'il n'est pas sûr d'avoir assez pour vivre. Alors, essayez d'avoir un peu de compassion." Depuis mercredi matin, 750 000 agents fédéraux comme Aaron travaillent sans salaire.

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