Trêve entre Israël et le Hamas : que faut-il attendre de la deuxième phase de cessez-le-feu à Gaza, censée commencer dimanche ?

Selon l'accord entré en vigueur le 19 janvier, la deuxième phase de la trêve prévoit la libération des derniers otages et le retrait total des troupes israéliennes. Mais les négociations sur les modalités de cette nouvelle étape n'ont débuté que jeudi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des tentes abritant des habitants de la bande de Gaza déplacés par les combats, près de Jabaliya, dans le nord de l'enclave, le 26 février 2025. (BASHAR TALEB / AFP)
Des tentes abritant des habitants de la bande de Gaza déplacés par les combats, près de Jabaliya, dans le nord de l'enclave, le 26 février 2025. (BASHAR TALEB / AFP)

La trêve entre Israël et le Hamas va-t-elle se poursuivre ? La première phase du cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza, qui avait débuté le 19 janvier après plus de quinze mois de conflit meurtrier, doit prendre fin samedi 1er mars. Mais les termes de la deuxième étape, censée commencer dimanche, n'ont pas encore été négociés.

Après plusieurs semaines de blocage, Israël a dépêché jeudi ses négociateurs au Caire (Egypte), où ont commencé des "discussions intenses pour examiner les prochaines étapes de l'accord de trêve", selon le gouvernement égyptien. Ces pourparlers impliquent aussi des délégations du Qatar et des Etats-Unis. Vendredi, le Hamas a appelé la communauté internationale à "faire pression" sur Israël afin de prolonger le fragile cessez-le-feu, "sans délai ni tergiversation".

La libération des derniers otages en jeu

Le Hamas a rendu à Israël la dépouille de quatre otages dans la nuit de mercredi à jeudi, tandis qu'Israël a annoncé jeudi la libération de 643 détenus, dans le cadre du septième échange d'otages depuis le début du cessez-le-feu. Au total, la première phase de la trêve a permis la libération de 21 otages israéliens vivants et la restitution des corps de huit autres captifs, et la libération d'environ 1 700 prisonniers palestiniens.

Mais la deuxième phase, qui doit durer 42 jours, c'est-à-dire jusqu'à mi-avril, a plusieurs objectifs dont la mise en œuvre s'annonce complexe. Sur 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne. Les 24 otages présumés vivants sont tous des hommes, pour la plupart âgés de moins de 30 ans. Tous sont supposés être libérés durant la deuxième phase. Un responsable du Hamas a assuré à l'AFP, le 19 février, que le mouvement palestinien était prêt à restituer tous les otages "en une seule fois".

Mais cette nouvelle étape de la trêve doit aussi aboutir à un cessez-le-feu permanent, pour lequel l'armée israélienne doit se retirer complètement de Gaza. Réticent, Israël souhaite en retour une "démilitarisation totale" de l'enclave palestinienne, selon une feuille de route du gouvernement israélien présentée le 22 février. Une perspective que rejette le Hamas, qui dirige le territoire depuis 2007.

"Nous avons dit que nous étions prêts à prolonger le cadre, en échange de la libération de davantage d'otages. (...) Mais le Hamas ne peut pas rester la plus forte puissance militaire de la bande de Gaza. De notre point de vue, c'est totalement inacceptable", a fait savoir le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar, lors d'une conférence de presse jeudi à Jérusalem.

Le scénario privilégié par Israël consiste à faire libérer davantage d'otages de Gaza, dans le cadre d'une prolongation de la première phase du cessez-le-feu, plutôt qu'une deuxième phase, a déclaré le même jour le ministre de la Défense, Israël Katz. De son côté, le Hamas a redit samedi sa "volonté d'aller au bout des étapes restantes de l'accord [devant mener à] un cessez-le-feu global et permanent, au retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza, à la reconstruction et à la levée du siège".

La phase de la reconstruction de Gaza, encore plus incertaine

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est sous pression de ses alliés d'extrême droite au sein de la coalition gouvernementale, qui s'opposent à la fin du conflit. La trêve a déjà fragilisé son gouvernement, avec le départ de la formation d'extrême droite Force juive. Le ministre Bezalel Smotrich, opposant à la trêve mais resté dans la coalition, détient le sort du gouvernement entre ses mains.

Le début théorique de la deuxième phase du cessez-le-feu coïncide par ailleurs avec le début du ramadan, le mois du jeûne musulman, dans la nuit de vendredi à samedi. Lors de cette période, les tensions entre Palestiniens et Israéliens tendent à s'exacerber, notamment autour de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'Islam, située à Jérusalem-Est, dans un secteur annexé par Israël.

L'accord de trêve prévoit aussi une troisième phase, qui devrait être consacrée à la reconstruction de la bande de Gaza, un chantier estimé à plus de 53 milliards de dollars, selon un rapport conjoint (fichier PDF) de l'ONU, de la Banque mondiale et de l'Union européenne publié en février. Mais les récentes déclarations controversées de Donald Trump, qui a évoqué début février l'hypothèse d'une prise de "contrôle" par les Etats-Unis d'une bande de Gaza vidée de ses habitants, ajoutent de l'instabilité aux pourparlers.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.