Cessez-le-feu à Gaza : pourquoi l'accord de trêve fragilise le gouvernement de Benyamin Nétanyahou
Pour le Premier ministre israélien, les conséquences de la trêve avec le Hamas sont aussi politiques. Les trois ministres du parti Force juive, dont Itamar Ben Gvir, chargé de la Sécurité nationale, ont démissionné.
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Ils fustigent un "accord de capitulation" et comptent le faire payer à Benyamin Nétanyahou. Alors que la trêve dans la bande de Gaza est entrée en vigueur dimanche 19 janvier, plusieurs ministres ont présenté leur démission au chef du gouvernement israélien, dénonçant un cessez-le-feu "scandaleux".
De plus en plus esseulé, Benyamin Nétanyahou bénéficie encore d'une courte majorité au Parlement. Mais pour combien de temps ? Franceinfo fait le point sur les raisons du tumulte politique qui agite Israël depuis qu'un accord en trois phases a été conclu entre l'Etat hébreu et le Hamas, à l'issue de plus d'un an de négociations.
Parce que les débats internes avant de ratifier l'accord ont éprouvé son gouvernement
Malgré de longues discussions, aucun consensus n'aura émergé. Après le feu vert du cabinet de sécurité israélien, le Conseil des ministres s'est réuni vendredi pour statuer sur un accord ambitionnant de déboucher à terme sur "une fin définitive de la guerre" entre Israël et le Hamas. De façon très exceptionnelle, la session du cabinet s'est poursuivie après le début du shabbat et le gouvernement a publié un communiqué laconique à l'issue du vote, dans la nuit, a rapporté Haaretz .
Sous la pression de Donald Trump, le gouvernement israélien a finalement ratifié l'accord de libération des otages et de cessez-le-feu à Gaza, après sept heures de discussion, non sans heurts. "Pour Israël, cet accord est une amère victoire", a commenté sur franceinfo Dominique Moïsi, géopolitologue, conseiller spécial à l’Institut Montaigne. "Ils doivent mettre fin au combat, alors que l'objectif principal n'a pas été atteint (…) : le Hamas existe toujours."
"C'est une trêve qui est très difficile à accepter", a abondé l'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka. Sur les 32 ministres qui composent le gouvernement, pas moins de huit ont ainsi fait valoir leurs désaccords. Les alliés les plus radicaux du Premier ministre israélien se sont opposés à la trêve, en vain.
Parce que le parti Force juive a quitté la coalition gouvernementale au pouvoir
Parmi les membres du gouvernement opposés au cessez-le-feu à Gaza, Itamar Ben Gvir a endossé, sans surprise, le rôle de chef de file des contestataires. Le ministre d'extrême droite avait fait peu de mystère quant à son positionnement lors de cette réunion : jeudi, il avait qualifié le texte de "téméraire". Le ministre de la Sécurité nationale israélien avait même menacé de démissionner dans l'hypothèse où l'accord serait adopté, considérant ce choix de "dangereux" et "irresponsable". D'après lui, seule l'interruption totale de l'aide humanitaire à Gaza pouvait permettre d'obtenir la libération de tous les otages retenus par le Hamas.
Fidèle à ses propos, le leader du parti Force juive a claqué la porte de la coalition au pouvoir, entraînant avec lui deux autres ministres de son camp. "A la suite de l'approbation de l'accord scandaleux avec le groupe terroriste Hamas (…) les [trois] ministres du parti Force juive ont récemment présenté leurs lettres de démission", a fait savoir dimanche la formation d'Itamar Ben Gvir. Ce dernier, Avi Maoz (ministre délégué chargé de l'Identité nationale juive) et Orit Strock (ministre en charge des Implantations) ont donc officiellement quitté leurs fonctions.
Ce départ pourrait toutefois n'être qu'un au revoir : Itamar Ben Gvir a déclaré qu'il n'excluait pas de revenir dans le gouvernement dans le cas où les combats reprendraient après la première phase de l'accord "pour obtenir une victoire décisive et atteindre les objectifs de la guerre qui n'ont pas encore été réalisés", rapporte le quotidien libanais L'Orient-Le jour .
Ce scénario reste largement plausible, à en croire l'allocution de Benyamin Nétanyahou diffusée samedi. "Il s'agit d'un cessez-le-feu provisoire" et "nous nous gardons le droit de reprendre la guerre si besoin et avec le soutien des Etats-Unis", a clamé le Premier ministre israélien. Le cas échéant, l'offensive reprendrait "avec plus de force", a-t-il ajouté.
Parce qu'un seul ministre tient désormais le sort du gouvernement entre ses mains
La marge de manœuvre politique de Benyamin Nétanyahou est plus limitée que jamais. Certes, la démission du parti Force juive n'a pas fait chuter le gouvernement, mais elle a encore réduit sa majorité, déjà très relative. Le Premier ministre israélien pourra-t-il se passer du soutien d'Itamar Ben Gvir encore longtemps ? Rien n'est moins sûr, car il ne peut désormais plus compter que sur 62 sièges sur les 120 que compte la Knesset, le Parlement israélien, à la limite de la majorité au Parlement.
Dans ce contexte, Bezalel Smotrich détient le pouvoir de précipiter la chute de Benyamin Nétanyahou. Le ministre des Finances est en effet le leader du parti du Sionisme religieux qui compte sept sièges à la Knesset. Pour l'heure, rien n'est acté : si Itamar Ben Gvir a tenté de l'entraîner avec lui, Bezalel Smotrich a refusé, malgré son opposition à la trêve dans la bande de Gaza, de quitter la coalition au pouvoir.
Le ministre a seulement concédé un sursis : il menace de faire tomber le gouvernement si Israël ne reprend pas la guerre dans six semaines, à l'issue de la première phase de l'accord de cessez-le-feu. Ainsi, écrit le journal israélien Haaretz, "si [Donald] Trump contraint [Benyamin] Nétanyahou à poursuivre vers la seconde phase, la coalition risque d'éclater" . De quoi faire dire à CNN que "de profonds clivages dans la politique israélienne pourraient menacer la longévité de l’accord".
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