: Reportage "On limite à un seul paquet par personne" : face à une pénurie de riz, le Japon vend une partie de son stock stratégique
Au Japon, les prix du riz ont encore enregistré une augmentation record de 71,8% sur un an en janvier, selon les chiffres officiels.
Aliment quotidien et ingrédient indispensable de la cuisine japonaise, le riz devient pour certains inabordable. Le prix du traditionnel paquet de 5kg a presque doublé en un an sur l'archipel, un fait inédit qui oblige le gouvernement à puiser dans les réserves étatiques de riz, mais sans certitude de résoudre le problème de pénurie qui, selon des experts, est devenu structurel.
Un supermarché de Tokyo rationne le riz. "On limite à un seul paquet par personne. Ces derniers temps les stocks sont de nouveau insuffisants et les prix ont augmenté. Et encore, ici c'est probablement moins cher qu'ailleurs", explique la vendeuse. Dans ce "Dkodomo shokudo", équivalent japonais des Restaurants du Cœur, la responsable se désespère. "Le riz, c'est infernal. On arrive encore à acheter des légumes, même si c'est cher, mais pas le riz. Il paraît qu'il y a des réserves stratégiques spécialement pour nous, j'ai passé commande, on verra", explique-t-elle.
210 000 tonnes débloquées
L'Etat pense résoudre cette situation anormale en débloquant 210 000 tonnes de riz issus des réserves stratégiques d'habitude utilisées seulement en cas de catastrophe naturelle. "Les magasins achètent à prix élevés, et doivent donc augmenter le tarif en rayon pour conserver des marges. Tant que les arrivages nouveaux n'auront pas atteint un certain seuil, les tarifs ne baisseront peut-être pas. Mais nous espérons un apaisement grâce à ces déblocages de réserves en cours et un meilleur équilibre entre l'offre et la demande", détaille Taku Eto, ministre de l'Agriculture.
Depuis l'été 2024, les prix du riz flambent, mais l'Etat réfute la thèse de la pénurie et renvoie la faute sur des distributeurs qui ralentiraient volontairement l'approvisionnement. D'où la mise aux enchères de stocks stratégiques. Mais la baisse des tarifs en rayon n'est pas garantie, car ces stocks sont vendus aux distributeurs les plus offrants qui n'ont pas intérêt à ce que les prix chutent trop.
Interrogé par la chaîne japonaise MBS, le professeur de l'Université de Tokyo Nobuhiro Suzuki estime que la pénurie est latente et qu'à ne pas la reconnaître, le gouvernement commet une lourde erreur.
"Il n’y a pas assez de riz. Ce n’est pas un problème logistique. Il faut que le gouvernement le reconnaisse et prenne les mesures appropriées, sans quoi le problème de fond ne sera pas résolu, au contraire la pénurie va s’aggraver."
Nobuhiro Suzukià franceinfo
Mais selon le gouvernement, ce n'est pas un problème de production et les riziculteurs sont libres de cultiver les quantités qu'ils veulent.
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