Guerre entre Israël et l'Iran : on vous explique pourquoi le détroit d'Ormuz est hautement stratégique

Alors que le régime iranien était bombardé par Israël et les Etats-Unis, Téhéran a menacé de fermer ce carrefour maritime par où transite environ 20% du pétrole mondial.

Article rédigé par Laetitia Commanay
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Image satellite du Détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le commerce maritime international (AFP / NASA EARTH OBSERVATORY)
Image satellite du Détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le commerce maritime international (AFP / NASA EARTH OBSERVATORY)

Le prix du pétrole est en baisse depuis plusieurs jours. Après les frappes israéliennes puis américaines sur les installations nucléaires de Téhéran et l'annonce par le président iranien de "la fin de la guerre de douze jours" imposée à son pays, les marchés semblent rassurés : le risque de fermeture du détroit d'Ormuz s'éloigne. L'Iran menaçait en effet de fermer ce passage maritime stratégique qui relie les pays pétroliers du Golfe au reste du monde, ce qui avait fait flamber le prix du pétrole.

Délimité au nord par l'Iran et au sud par le sultanat d'Oman et les Emirats arabes unis, le détroit d'Ormuz est un passage maritime principalement contrôlé par Téhéran qui relie le Golfe persique à la mer d'Arabie. Mesurant 33 km de large à son point le plus étroit, c'est l'un des points maritimes les plus fréquentés par les pétroliers dans le monde.

En 2024, environ 20 millions de barils de pétrole y circulaient par jour – soit à peu près 20% de la consommation mondiale de pétrole liquide, d'après l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). C'est aussi un point de passage très important pour le gaz naturel liquéfié puisqu'en 2024, un cinquième de la consommation mondiale de cette ressource naturelle, utilisée comme carburant ou pour chauffer les foyers par exemple, circulait via le détroit.

Ces matières fossiles viennent notamment de l'Iran, mais aussi en grande partie de l'Arabie saoudite, qui produit 10,4% du pétrole mondial, ainsi que d'autres pays du Golfe comme l'Irak, le Koweït, le Qatar et les Emirats arabes unis.

La fermeture du détroit d'Ormuz affecterait non seulement les pays du Golfe, mais aussi l'Iran, qui a exporté 67 milliards de dollars (environ 58 milliards d'euros) de pétrole entre mars 2024 et mars 2025, d'après les estimations de la Banque centrale d'Iran, citée par l'EIA. L'impact sur les principaux clients de ces pays pétroliers serait aussi énorme.

La Chine aurait été la plus touchée

Plus de 80% du pétrole brut quittant le détroit d'Ormuz part en Asie. La Chine est de loin le pays le plus demandeur de ce pétrole, puisque 33,4% de tout le pétrole passant par le détroit y est destiné. Le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a d'ailleurs appelé la Chine à empêcher l'Iran de fermer le passage maritime, mettant en garde contre le "suicide économique" de l'Iran s'il actait la fermeture.

D'autres pays asiatiques dépendent aussi fortement des ressources naturelles circulant via le détroit d'Ormuz. Un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (IEA) a montré que 90% de tout le gaz naturel liquéfié utilisé par le Pakistan venait par le passage maritime, ainsi que 60% du gaz naturel importé par l'Inde.

Parmi les pays du Golfe, seuls l'Arabie saoudite et les Emirats disposent d'un réseau d'oléoducs leur permettant de contourner le détroit d'Ormuz, au moins pour une partie de leurs productions. Ces lignes alternatives peuvent transporter un maximum de 2,6 millions de barils par jour, environ 15% de ce qui circule à travers le détroit, d'après les estimations de l'EIA.

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