"Il est très probable que le seuil des 80 dollars soit dépassé" : après les frappes américaines en Iran, la crainte d’une flambée des prix du pétrole
Le prix du baril, déjà en hausse, pourrait bondir dès lundi, avec l'incertitude d'une fermeture du détroit d’Ormuz, par où transite 20% du pétrole mondial.
La participation des États-Unis dans le conflit israélo-iranien, à travers les bombardements de sites nucléaires iraniens, ravive, dimanche 22 juin, les craintes d’une flambée des tarifs du baril. L’Iran est en effet un pays producteur de pétrole, membre de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). La situation géopolitique actuelle impacte directement le prix du baril.
C’est déjà visible depuis une dizaine de jours. Dès les premières frappes israéliennes en Iran, le prix du pétrole a grimpé, passant de 65 dollars à 77 dollars le baril. Désormais, l'implication militaire des États-Unis fait craindre une nouvelle hausse, selon Philippe Chalmin, économiste spécialiste des matières premières. "On en revient à la question que tout le monde se posait la semaine dernière : est-ce que l’Iran peut bloquer le détroit d’Ormuz ?", interroge-t-il.
Ce détroit, situé entre l’Iran, Oman et les Émirats arabes unis, est un passage maritime clé : 20% du pétrole mondial y transite, soit environ 20 millions de barils par jour. L'Iran menace de le bloquer. Mais selon Philippe Chalmin, ce scénario reste peu probable. "L'un des premiers pays impactés serait la Chine, principal client de l'Iran et un de ses seuls soutiens sur le plan international, tempère l'économiste. "Qu'il puisse y avoir des actions contre certains navires, ce n'est pas exclu. L'Iran pourrait aussi frapper des installations pétrolières saoudiennes ou émiraties, ce qui serait à la limite plus facile pour eux que de bloquer Ormuz", estime Philippe Chalmin.
L'anticipation de ces scénarios risque toutefois d’avoir un impact sur les marchés financiers. Pour l'instant, le prix du baril reste à 77 dollars, notamment parce que les frappes américaines ont eu lieu un dimanche. Mais dès l'ouverture des marchés lundi, il faut s'attendre à une hausse. "S'il y a un blocage véritable, incontestablement, on sera au-dessus de 100 dollars le baril. Dans tous les cas, le degré de tensions est tel qu’il est très probable que le seuil des 80 dollars soit dépassé dès lundi", avertit l’économiste.
Quel impact sur le prix à la pompe en France ?
Forcément, si le prix du baril grimpe, les consommateurs vont payer plus cher leur plein de carburant. "On est déjà en train de le sentir, poursuit Philippe Chalmin. Grossièrement, un dollar le baril représente un centime à la pompe. On était à 65 dollars début juin, là on est à 77 dollars. Cela représente une hausse de 12 dollars. Les hausses vont se poursuivre. Il est très probable que l’on paie 15 à 20 centimes de plus à la fin de la semaine prochaine", avance ce spécialiste des matières premières.
En revanche, il n'y a pas, d'après lui, de risque de pénurie. Certes, l'Iran fait partie des plus gros producteurs de pétrole, avec environ 3% de la production mondiale. Mais le pays consomme les deux tiers de ce qu'il produit. L'économiste rappelle également un dernier élément : il existe aujourd'hui des stocks ailleurs : "Il y a près d’une trentaine de millions de barils de pétrole iranien en stock flottant au large de la Chine et de Singapour. Alors l'idée que le monde va manquer de pétrole, on peut l'oublier. La régulation se fait par le prix", conclut Philippe Chalmin.
La dernière fois que le prix du baril a bondi, c'était il y a trois ans, en 2022, au début de la guerre en Ukraine. Le baril avait alors franchi la barre symbolique des 100 dollars.
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