: Témoignages "Parfois, on n'a pas envie d'en parler à tout le monde" : ces ados qui se confient à ChatGPT redoutent la mise en place d'un contrôle parental
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Parfois utilisé comme confident par les adolescents, le célèbre outil d'intelligence artificielle permettra bientôt aux parents de mieux contrôler l'activité de leur enfant, ce qui questionne les principaux concernés.
En avril dernier, Adam, un adolescent américain de 16 ans, se suicide après avoir conversé longuement avec ChatGPT. Selon ses parents, l'agent conversationnel a poussé leur fils à commettre l'irréparable, c'est pourquoi ils ont porté plainte contre OpenAI. Face à ce drame, l'entreprise a annoncé mardi 2 septembre la mise en place d'un contrôle parental sur ChatGPT.
Les parents pourront prochainement lier leur compte et celui de leur adolescent, et choisir sur quel ton ChatGPT leur répond. Mais cette décision n'enchante pas vraiment les principaux concernés, à commencer par un groupe de lycéennes, rencontré en région parisienne. À l'annonce de la nouvelle, elles protestent en chœur. Histoires d'amour, disputes entre amis... "je l'utilise pour tout", avoue l'une d'elles. "Donc je n'aimerais pas que mes parents voient."
Garder "une certaine zone secrète"
Comme Adam, elles aussi ont 16 ans et l'IA est ancré dans leur intimité. Si le jeune Américain s'est pendu après avoir discuté avec l'agent conversationnel, les lycéennes assurent que parler à ChatGPT leur fait du bien. Les louanges sur l'intelligence artificielle pleuvent, qualifiée de "psychologue familial" et remerciée d'avoir "réponse à tout". "C'est un peu un réconfort, c'est une épaule", confie une des jeunes filles.
"Je ne vais pas écrire à une amie parce que je n'ai pas envie de la déranger et ChatGPT est toujours là."
Une lycéenne de 16 ansà franceinfo
"Parfois, on n'a pas envie d'en parler à tout le monde, développe l'une des adolescentes. Là, c'est mieux, parce que c'est une personne qui ne nous connaît pas et elle ne peut pas le répéter à quelqu'un d'autre, théoriquement." Elle poursuit : "Mais du coup, s'il y a un contrôle parental, les parents vont voir... On a envie d'avoir une certaine zone secrète quand même".
"On n'est pas idiots non plus"
"Il faut rester lucide quand même, intervient l'une d'elles. Parce que ChatGPT ne dit pas forcément la vérité, c'est surtout fait pour aller dans ton sens. Sur certaines questions, il faut rester les pieds sur terre : ça reste une intelligence artificielle et pas une vraie personne." Une autre lycéenne l'admet, "il ne faut pas écouter tout ce que dit ChatGPT". Car même si beaucoup considèrent l'l'IA comme leur psychologue, "on n'est pas idiots non plus avec son utilisation".
Les adolescentes reconnaissent volontiers utiliser ChatGPT pour apaiser leurs angoisses. Si une détresse aiguë est détectée dans les conversations d'un enfant, OpenAI veut donc permettre aux parents de recevoir une notification afin de les alerter. "Pourquoi pas", admettent les jeunes filles, à condition que "ça ne dévoile pas l'entièreté de la conversation".
L'une d'elles reste toutefois sceptique et préférerait passer par le dialogue. "Il y a des moyens de savoir si son adolescent va bien autrement que grâce à sa consommation de ChatGPT, estime-t-elle. En ayant une conversation avec lui, en vérifiant qu'il va bien."
Mettre en relation l'ado avec un psychologue ?
Pour Mathias Dufour, fondateur du think tank #LePlusImportant, intégrer un contrôle parental à ChatGPT, "c'est un premier pas" mais "ça ne suffit pas forcément". Interrogé sur France Inter mercredi 3 septembre, il milite pour une meilleure transition numérique. Il salue la réaction d'OpenAI, mais selon lui, l'entreprise ne peut pas être la seule à agir.
"Il faut que les pouvoirs publics, comme ils l'ont fait sur les réseaux sociaux, s'emparent du sujet."
Mathias Dufour, fondateur du think tank #LePlusImportantà France Inter
"Déjà, avoir des règles différentes pour les adolescents et pour les adultes, c'est un premier pas. Le fait de permettre un contrôle parental en est un autre. Quelque chose qui pourtant semble logique, ce serait de mettre en place une mise en relation avec un professionnel de santé", propose Mathias Dufour, auteur d'une tribune lundi dans Le Monde pour appeler à un meilleur contrôle de l'usage des IA conversationnelles par les adolescents.
"Je rappelle qu'on parle aujourd'hui d'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. La création des réseaux sociaux, c'était il y a 20 ans", or "on n'a pas le temps d'attendre deux décennies pour agir sur ce sujet, d'autant que les IA conversationnelles ont un succès fulgurant. On parle de quasiment un milliard de personnes qui les utilisent déjà. Il y a quand même des solutions de type contrôle parental, limite d'âge" qui doivent être mises en place, défend Mathias Dufour.
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