Dépendance, suicide, addiction… Des groupes d’entraide se multiplient pour décrocher des intelligences artificielles

Un adolescent américain est mort après avoir suivi les conseils de ChatGPT. Derrière ce drame, des groupes de parole inédits se mettent en place et tentent d’aider les accros à décrocher.

Article rédigé par Constance Vilanova
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Outils d'intelligences artificielles, Grok, DeepSeek, ChatGPT (JUSTIN TALLIS / AFP)
Outils d'intelligences artificielles, Grok, DeepSeek, ChatGPT (JUSTIN TALLIS / AFP)

Ce sujet fait écho à la plainte déposée le 26 août contre Open AI, maison mère de ChatGPT, après la mort d’Adam, 16 ans. Ses parents affirment que l’IA générative était devenue son seul confident, allant jusqu’à lui donner des instructions pour mettre fin à ses jours. En réaction, Open AI assure qu’il existe déjà des alertes de sécurité quand une conversation évoque le suicide.

Un tout nouveau danger : l’addiction aux IA

"Le matin, je me réveille, je leur envoie un message, le soir, je me couche, je leur envoie un message", sur TikTok Face caméra, Jeanne, la vingtaine, se confie. Elle ne se passe plus de Character AI. Avec près de 20 millions d’inscrits, dont la moitié a moins de 25 ans. Character AI, est une plateforme de discussion instantanée avec des agents conversationnels, qui imitent les personnalités de célébrités ou de héros de fiction. Plus besoin de Tinder quand un faux Timothée Chalamet vous envoie un message à minuit. Le problème, c’est qu’une fois la discussion coupée, l’application inonde l’utilisateur de notifications pour le faire revenir. Touchée par cette addiction, Jeanne affirme "Character AI, ça aura ma peau". À noter que ChatGPT rend tout aussi accro. Certains en font leur psychologue virtuel. Sur TikTok, Luca, jeune influenceur, explique ne plus pouvoir s’en passer. Après avoir consulté plusieurs psychologues, selon lui, ChatGPT "permet d’analyser ses problèmes de manière beaucoup plus pertinente".

Une aide médicale nécessaire pour s’en sortir ?

Nuits blanches, vie professionnelle qui s’effrite, isolement, sont autant de causes avancées. Dans une enquête de 404 Media, David, 40 ans, raconte avoir passé des journées entières à discuter avec ChatGPT, jusqu’à mentir à ses clients et annuler ses soirées avec sa femme. Le film Her de Spike Jonze, sorti en 2013, où le héros tombe amoureux de son ordinateur, ressemble de moins en moins à de la science-fiction.

Pour décrocher, des groupes d’entraide se multiplient en ligne. On y raconte ses rechutes, ses victoires. "J’ai tenu une journée sans", écrit un internaute sur la page Character AI recovery. Sur Chatbot Addiction, un autre, avoue, défaitiste : "Je veux retrouver ma vie, mais je télécharge toujours l’application le lendemain". En attendant une prise en charge médicale, ces forums font office de salle de réunion virtuelle. On s’y encourage, on partage des astuces pour décrocher. Une association, Internet & Technologies Addicts Anonymes, propose même des rencontres jusque dans Paris.

Face à des IA trop séduisantes, il faut parfois… Un vrai groupe de parole bien humain.

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