"C'est comme si c'était un fantôme" : au procès du meurtre de Lola, l'accusée empêtrée dans ses explications
Longuement interrogée mercredi par le président de la cour d'assises de Paris, Dahbia Benkired a tenté de retracer ce qui l'a amenée à tuer la collégienne, meurtre pour lequel elle est jugée.
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"J'avais trop de haine en moi et j’avais envie de la mettre sur quelqu'un, sur la première personne que j’ai croisée." Quand le président de la cour d'assises de Paris demande à Dahbia Benkired, jugée pour avoir violé, torturé et tué Lola le 14 octobre 2022, pourquoi elle s'en est prise à la jeune fille de 12 ans, l'accusée reprend ses explications développées la veille : elle voulait se venger d'un ancien petit ami, Mustapha M., venu témoigner mardi. "Je voulais lui faire ce qu'il me faisait faire à la sortie de la douche", insiste-t-elle, mercredi 22 octobre, lors de son interrogatoire qui a duré deux heures et demi.
Le président de la cour rebondit. "Vous aviez envie de faire du mal à quelqu'un, y compris sexuellement parlant ?" "Oui, d'un coup, c’est venu." Le magistrat insiste, essaie d'en savoir plus. "Ce n'est pas que je voulais la tuer, mais je voulais faire du mal à quelqu'un. Et vu que je l’avais violée, je me suis dit autant la tuer", débite l'accusée. Quelques "oh" de sidération fusent des bancs des parties civiles. "Quand je suis montée dans l’ascenseur, je me suis dit : 'Je vais lui faire du mal à elle'. Elle n'a pas réagi sur tout ce que j’ai fait, jusqu’à la dernière minute", assure Dahbia Benkired. Le président de la cour d'assises, sidéré, la presse alors de questions, mais n'obtient que des réponses laconiques.
"J'en fais des cauchemars tous les soirs"
Selon l'accusée, Lola n'a pas essayé de fuir, elle s'est déshabillée seule avant d'accepter de prendre une douche. "Je voyais que la personne ne réagissait pas, c’était comme si c’était un fantôme. Quand je l’ai scotchée, j’avais l’impression qu’elle était morte", lâche alors Dahbia Benkired. Elle n'a pas non plus pleuré ni crié lorsqu'elle lui a "touché les seins" et lui a "claqué la tête contre le mur, vraiment doucement", selon ses propres termes. "Après je me suis dit que c'était un mouton, pas un fantôme", complète-t-elle. D'où le fait, explique-t-elle, qu'elle ait inscrit deux chiffres, "un 0 et un 1", "en rouge sous chaque pied" de Lola.
Le président de la cour d'assises est toujours incrédule. Il pose des questions précises, pointe les contradictions de l'accusée et tente de la repousser dans ses retranchements. Dahbia Benkired répond d'un ton égal, sans émotion. "Vous vous souvenez parfaitement de la scène ?", insiste-t-il. "Oui, j'en fais des cauchemars tous les soirs", répond-elle, suscitant à nouveau de l'indignation dans la salle. "Elle a eu peur", finit par admettre l'accusée à propos de Lola. "Tout du long ? Tout au long de ce que vous lui faites subir, pendant 1h37 ?" lui demande Karine Bourdié, l'une des avocates de la famille de Lola. "Oui."
"Aujourd'hui, j'ai raconté la vérité"
Pour tenter de percer le mystère de ce crime atroce, la cour s'appuie aussi sur l'expertise que le psychologue a déroulée à la barre, le matin même. "Une plausible explication du meurtre est un acte de nature sexuel non assumé et non représentable par l’accusée", a-t-il ainsi avancé. L'expert relève encore "la présence de traits psychopathiques" chez l'accusée, à "un niveau élevé", liés à des "troubles de la personnalité narcissique" et "antisociale". En revanche, il maintient qu'au moment des faits, elle n'était pas dans "un délire, car elle dit elle-même : 'L'instant d'après, j'étais normale'".
"Le meurtre est la conséquence car vous n’assumiez pas ce que vous aviez fait à Lola ?", interroge le président de la cour d'assises. L'accusée acquiesce. Mais face à l'avocat général, qui essaye à son tour de la confronter aux multiples vérités qu'elle livre, elle refuse de reconnaître des pénétrations sur Lola, pourtant constatées médicalement. En entendant ces mots, la famille de Lola, qui a pu s'exprimer face à la cour en début d'après-midi, reste abasourdi. Perdue dans ses déclarations changeantes, Dahbia Benkired continue de s'accrocher à ses propres convictions : "Des fois, j'ai raconté n’importe quoi. Mais aujourd'hui, j’ai raconté la vérité."
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