Au procès du meurtre de Lola, sa mère lui rend hommage et "demande à la justice de faire le nécessaire"
Les membres de la famille de la pré-adolescente, violée, torturée et tuée en octobre 2022, ont chacun livré, mercredi, un témoignage poignant devant la cour d'assises de Paris.
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"Lola est une jeune fille joyeuse, sociable, aimante, heureuse de vivre, toujours prête à aider son prochain, et tout ça avec du caractère." Trois ans après la mort de sa fille, alors âgée de 12 ans, Delphine Daviet-Ropital n'arrive pas à parler d'elle au passé : elle raconte Lola au présent. Veste couleur crème, sur un tee-shirt et un jean blanc, elle tient à la main des feuilles manuscrites, qu'elle lit. Sur ses ongles manucurés, on peut lire le prénom de sa fille, à laquelle elle rend hommage devant la cour d'assises de Paris. Elle est invitée, avec d'autres membres de sa famille, à s'exprimer, mercredi 22 octobre, au procès de Dahbia Benkired, accusée d'être le bourreau de la collégienne.
Le 14 octobre 2022 était "une belle journée avec de la joie et de la bonne humeur", déclare Delphine Daviet-Ropital. Rien ne laissait penser que Lola vivait ses dernières heures. En partant, sa fille lui dit : "A tout à l’heure, bisous". "Qui aurait pu imaginer ce qui allait se passer, quand Lola a croisé cette chose, ce monstre ?", s'interroge-t-elle à la barre, la voix étranglée, pleine de sanglots.
"Rien ne mérite d’avoir autant de haine, de mépris, d’acharnement envers ma Lola."
Delphine Daviet-Ropital, mère de Loladevant la cour d'assises de Paris
Delphine Daviet-Ropital confie le sentiment de culpabilité qui la ronge trois ans après. "J'ai fait une petite sieste, je m'en veux beaucoup, car d'habitude, à l'heure du drame, je sors le chien. Je l'aurais croisée", souffle-t-elle. "Je n'ai pas pu sauver ma Lola", se désole Delphine Daviet-Ropital, dont "le cœur de maman est meurtri à jamais".
"Pourquoi Lola l'a-t-elle suivie ?"
Jamais la mère de Lola ne nomme l'accusée, Dahbia Benkired. "Ce n'est pas nous les coupables, c'est cette chose, le diable. Pourquoi Lola l'a-t-elle suivie ?", articule-t-elle. "J'ai perdu ma Lola, mon mari, mon logement, toute ma vie s’est effondrée. Je me demande encore comment je tiens debout", poursuit Delphine Daviet-Ropital, qui fait référence à la mort de son mari et père de ses enfants, en février 2024. Il était le gardien de l'immeuble du 19e arrondissement de Paris où Lola a vécu un calvaire avant de succomber. "Malheureusement, il est reparti dans ses démons, comme il a dit. J'ai de la chance d'avoir mon fils, Thibault, à mes côtés", ajoute-t-elle, alors que le frère de Lola regarde sa mère avec des yeux rougis, assis sur le banc des parties civiles.
Delphine Daviet-Ropital s'adresse ensuite à la cour et aux jurés : "Je demande à la justice de faire le nécessaire pour que cette chose soit enfermée toute sa vie. Ne demandez pas autre chose que la perpétuité. Je ne comprendrais pas que la France à laquelle j'appartiens ne prononce pas cette réponse", ajoute-t-elle, en remerciant les forces de l'ordre, les avocats ainsi que le pays "pour leur soutien". Puis des photos de Lola sont ensuite projetées à l'écran. Son visage jovial, encore enfantin, aux yeux rieurs encadrés par de longs cheveux blonds, apparaît à plusieurs reprises. Dans le box, l'accusée baisse les yeux.
Quand le président de la cour d'assises pose des questions à la mère de Lola, Dahbia Benkired relève la tête et la fixe. Le magistrat s'adresse à Delphine Daviet-Ropital : "Bien évidemment, vous n'êtes responsable en rien." "Ma psy a raison, il faut que j'arrête de m'en vouloir, mais ce n'est pas facile à faire. Je pense que ça m’aiderait à me soulager de savoir pourquoi... Avoir des réponses, ce ne serait pas de refus." Dahbia Benkired fronce légèrement les sourcils. Après un silence dans la salle d'audience, le président de la cour d'assises félicite la mère de Lola, avant qu'elle ne retourne s'asseoir, "pour cette dignité lors de ce procès et tout au long de ces trois ans".
"Vous nous avez volé Lola"
D'autres membres de la famille de Lola se succèdent à la barre pour rendre hommage à la jeune fille et témoigner de leur amour qui perdure : tantes, oncles, cousins… L'un d'eux s'adresse à l'accusée, mais sans la regarder. "Certes, on a compris que vous aviez vécu une vie difficile, on a compris que vous avez perdu votre père et votre mère, on a compris que vous aviez été dans la drogue, peut-être même dans la prostitution, on a compris que vous aviez été violée… Je ne veux pas faire le concours de celui qui a eu la pire vie…", déclame-t-il. "Mais on a décidé d'avancer", complète ce cousin de Lola, après avoir détaillé des malheurs survenus dans leur vie familiale.
"Vous nous avez volé Lola, un meurtre atroce, on est restés debout", martèle le jeune homme. "Donc je vous pose la question : on vous a forcée à faire ça ? On vous a forcée à vous en prendre à Lola ? Ou c'est votre choix ?", interroge-t-il encore. Il décide de dédier ses derniers mots à sa cousine.
"On ne veut pas que ton visage devienne le visage de la haine."
Un cousin de Loladevant la cour d'assises de Paris
"On ne t'oubliera jamais. Tu étais un rayon de soleil, tu étais pleine de vie. Alors, pour toi, on ne vivra pas notre vie à moitié. On sera toujours là pour ta maman et ton frère, on t’aime", conclut-il.
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Le frère de Lola est le dernier à prendre la parole. Après avoir raconté des souvenirs sur sa sœur, "venue à tous ses matchs de foot", Thibault Daviet étreint sa mère, venue le rejoindre à la barre. Puis il s'en prend à l'accusée, qu'il désigne comme "la dame". "C'est toute une famille qu'elle a fait pleurer. Elle a tué une fille, un père, même si elle n'a pas… Vous m'avez compris", déclare avec aplomb et une colère contenue le frère de Lola. Avant d'implorer à son tour la cour et les jurés qui l'écoutent, émus : "J'attends beaucoup de la décision de vous tous et j’ai entièrement confiance en vous pour le verdict." La décision est attendue vendredi en fin de journée.
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