"Je voulais lui faire du mal à lui, pas à elle" : au procès du meurtre de Lola, une accusée toujours insondable, ses relations toxiques décortiquées
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Dahbia Benkired a expliqué avoir torturé, violé et tué la jeune fille en octobre 2022 pour se venger d'un ancien petit ami, venu témoigner mardi devant la cour d'assises de Paris.
"Il me faisait tellement de mal que j’avais envie de me venger de lui et j'ai tout remis sur la petite Lola, alors qu'elle n'avait rien à voir." Au troisième jour de son procès pour avoir violé, torturé et tué, le 14 octobre 2022, Lola, collégienne de 12 ans, Dahbia Benkired lâche cette explication depuis le box des accusés. Elle se tient droite, vêtue d'un sweat blanc qui enveloppe ses formes, les cheveux plaqués en chignon. L'accusée de 27 ans fixe Mustapha M., un ancien petit ami, venu témoigner, mardi 21 octobre, devant la cour d'assises de Paris. Un peu plus tôt, lorsqu'il est arrivé à la barre, quelques larmes ont coulé sur le visage juvénile aux joues rebondies de Dahbia Benkired.
"Je voulais lui faire du mal à lui, pas à la petite Lola", dit encore l'accusée. "Je l’aime beaucoup, il le sait, mais je voulais lui faire du mal." Il se retourne, leurs regards se croisent et Dahbia Benkired a un rictus, difficile à interpréter. "Il avait une arme chez lui, je comptais lui tirer dessus, poursuit-elle avec un regard vitreux. Lola était beaucoup plus faible pour moi, que Mustapha M. qui est plus fort." "Donc vous nous dites que c'était à cause de votre relation toxique ?", rebondit le président de la cour d'assises. "Oui, et tout ce qu’il me faisait subir." Le magistrat reprend : "Mais vous l'aimez tellement que vous voulez le tuer ?" "Pas le tuer, mais lui faire du mal." "Vous étiez consciente alors ?" "On va pas dire que j’étais dans mon état normal. J’étais en colère, ça m’a mise en colère."
"Elle m'a dit : 'Je vais tuer des gens'"
Des explications "inconcevables", selon le témoin, bouche bée. "Je n'ai rien d'autre à dire que : 'C'est faux'. Je suis atterré et apeuré", réagit cet enseignant, qui avait 24 ans quand il a rencontré Dahbia Benkired, qu'il appelle "Dina". Elle en avait 18 et voulait devenir aide-soignante. "Elle était jeune, très belle, on avait les mêmes amis." "Je travaille avec des enfants donc c'est inconcevable pour nous, on a une vie normale. C'est des choses qu’on ne voit que dans des films, à la télé. Je n'ai pas les mots sur l’acte, sur l’histoire, même", avait-il déclaré un peu plus tôt à propos du meurtre et des sévices perpétrés sur Lola. Il appelle aussi à "du respect" pour la famille de la pré-adolescente.
Mais le président de la cour d'assises doute de sa sincérité. "On a un peu de mal à croire à cette version avec de la tendresse et de l’affection envers une ancienne petite amie", glisse-t-il. Le magistrat rappelle que Dahbia Benkired a déposé contre Mustapha M. une plainte pour violences conjugales, classée sans suite. Lui a déposé une main courante. Leur relation toxique s'est interrompue pendant un long moment. Il l'a ensuite hébergée, avec parfois des relations sexuelles, à nouveau, entre eux. Et il y a aussi ces messages vulgaires, avec des insultes à caractère sexuel, échangés avec Dahbia Benkired en septembre et octobre 2022, jusqu'au meurtre de Lola. "On est dans la taquinerie, réagit-il. Mais ce n'est pas acceptable."
A la même période, ils se revoient. "J'ai remarqué qu’elle avait totalement changé, je la trouvais extrêmement maigre, il y avait quelque chose de très froid et d'assez intrigant", se souvient Mustapha M. Dahbia Benkired lui confie avoir rencontré quelqu'un. Il se remémore cette discussion : "Il parlait comme toi, il te ressemblait. Puis, elle me dit : 'Ils m’ont fait des choses bizarres'. Je lui dis : 'Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?' Elle reste évasive, elle dit : 'Je sais pas, il y avait des bougies, j'étais dans le noir'. Ce soir-là, elle dort chez moi, elle me dit avec une froideur : 'Je ne te ferai jamais de mal à toi'. Et elle me dit : 'Je vais tuer des gens'. Quand elle me dit ça, je n'y prête pas plus attention...", poursuit l'ex-petit ami de l'accusée.
"Mentalement, elle était un peu touchée"
Mustapha M. a observé un basculement à l'automne 2020. La mère de Dahbia Benkired vient de mourir, quelques mois après son père. "La dégringolade a été lente, mais exponentielle, résume-t-il. A cette époque, je lui ai dit concrètement : 'Tu vas finir droguée, prostituée'." Au cours de l'enquête puis à l'audience, Dahbia Benkired a déclaré avoir fumé jusqu'à "vingt joints par jour". Lundi, elle a aussi déclaré avoir ingéré des médicaments qui la désinhibait pour avoir "des relations sexuelles tarifées". Un autre témoin entendu mardi, Anisse D., ancien ami de l'une des deux sœurs de Dahbia Benkired, confirme cette transformation.
Quatre à cinq mois avant le meurtre de Lola, il la croise mais ne la reconnaît pas. "Elle avait grave changé, j'étais choqué", pointe-t-il. Il se souvient de "boutons comme des cicatrices" sur son visage. "Elle faisait un petit peu clocharde alors qu’elle n'était pas comme ça à la base. J'avais vu un reportage sur les personnes qui ont pris du crack, j'ai directement fait le lien", assure le jeune homme, condamné pour vol à main armée et connu de la police pour trafic de stupéfiants. "C'était seulement son physique ?", rebondit l'avocat général. "J'ai aussi remarqué que mentalement, elle était un peu touchée", répond Anisse D. "Elle déraillait ?", interroge à son tour l'avocat de l'accusée. "Oui, voilà."
Dans ce milieu qui gravite autour du trafic de stupéfiants et de la prostitution, Dahbia Benkired rencontre "par hasard" un quadragénaire, qui deviendra malgré la différence d'âge son petit ami en 2022. Entendu en visio depuis une maison d'arrêt où il est incarcéré pour des violences sur conjoint, il décrit chez l'accusée "un dédoublement de personnalité". "Elle était très changeante. Quand elle parlait d'un sujet, le lendemain, ses convictions avaient changé", précise-t-il. "Il m'a menti, donc je lui ai menti. C'est simple", rétorque Dahbia Benkired lorsqu'elle est interrogée à ce sujet. "Je dis la vérité et puis c'est tout", lâche l'accusée, qui encourt la perpétuité. Son procès se poursuit jusqu'à vendredi.
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