Procès du meurtre de Lola : Dahbia Benkired, une accusée à la personnalité complexe, "dénuée d'empathie"

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Un portrait dessiné de Lola, lors d'une marche blanche organisée à Paris en sa mémoire, en novembre 2022, un mois après la mort de l'adolescente. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)
Un portrait dessiné de Lola, lors d'une marche blanche organisée à Paris en sa mémoire, en novembre 2022, un mois après la mort de l'adolescente. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

Cette jeune femme, aujourd'hui âgée de 27 ans, est jugée devant la cour d'assises de Paris à partir de vendredi, pour avoir violé, torturé et tué Lola, une collégienne de 12 ans retrouvée sans vie dans une caisse en plastique en octobre 2022.

Elle sera face à la jeune femme accusée d'être tortionnaire et bourreau de sa fille, en présence du public et de la presse. La mère de Lola, la collégienne de 12 ans tuée le 14 octobre 2022 à Paris, a fait savoir, mi-septembre, qu'elle ne demanderait pas le huis clos, au procès de Dahbia Benkired. Cette jeune femme de 27 ans est jugée devant la cour d'assises de Paris à partir du vendredi 17 octobre pour "meurtre d'un mineur de 15 ans", et pour "viol commis sur un mineur avec torture ou acte de barbarie".

Comment Dahbia Benkired a-t-elle pu commettre de telles atrocités ? Souffre-t-elle de troubles psychiques ? Ces questions seront au cœur des débats. Les entretiens menés par un psychiatre au début de la détention provisoire de l'accusée ont dévoilé une personnalité complexe. Selon des sources proches du dossier à France 2, il décrit Dahbia Benkired comme "manipulatrice, extrêmement violente, menteuse pathologique et dénuée d'empathie".

Mais d'après les experts, rien n'empêche son procès : la jeune femme est jugée car elle ne présente pas de troubles psychiques. En revanche, à l'issue des débats, la cour pourra considérer que Dahbia Benkired était atteinte d'un trouble lors des faits, c'est-à-dire que son discernement était altéré, mais pas aboli. Dans ce cas, une peine de prison réduite pourrait être prononcée. "Nous confirmons que Dahbia Benkired est apte à être entendue par une cour d'assises. Les expertises et contre-expertises, classiques en matière criminelle, seront discutées lors du procès", ont déclaré à franceinfo Alexandre Valois et Lucile Bertier, les avocats de l'accusée, qui n'ont pas souhaité faire d'autres commentaires avant l'ouverture de l'audience.

Des déclarations "fluctuantes" en garde à vue

Le doute sur la santé mentale de Dahbia Benkired s'est insinué dès ses premières déclarations, qualifiées de "fluctuantes" : en garde à vue, elle oscillait "entre reconnaissance et contestation des faits", avait expliqué, à l'époque, la procureure de la République de Paris. "Elle aurait imposé [à Lola] de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d'autres violences ayant entraîné la mort. Elle aurait dissimulé le corps dans la caisse", rapporte Laure Beccuau dans un communiqué, s'appuyant sur le récit livré par la jeune femme aux enquêteurs.

L'autopsie révèle que Lola est morte asphyxiée. La collégienne n'avait "pas de lésion traumatique de l'ensemble de la sphère sexuelle", mais "de multiples autres lésions", "notamment au visage, au dos et de larges entailles au niveau du cou", ainsi que deux chiffres, "un zéro et un 1", inscrits "en rouge sous chaque pied", précise la procureure. Autant d'éléments troublants, sur lesquels l'accusée va devoir s'expliquer au cours de l'audience.

Pas d'antécédents psychiatriques ni judiciaires

Le calvaire de Lola a glacé les esprits au moment de la révélation des faits. Le vendredi 14 octobre 2022, les parents de la collégienne signalent sa disparition vers 20 heures. Trois heures plus tard, son corps sans vie est retrouvé dans une caisse en plastique à roulettes, dans les parties communes extérieures de l'immeuble où elle vivait. Son père, gardien de la résidence – mort depuis – regarde les images de vidéosurveillance et voit sa fille entrer dans le hall vers 15h15 avec une femme. Cette dernière ressort de l'immeuble vers 17 heures, tirant de lourds bagages. Le père de Lola ne connaissait pas cette jeune femme qui occupait l'appartement de l'une de ses sœurs aînées, alors absente, et par la suite mise hors de cause.

Le lendemain matin de la découverte du corps de Lola, la brigade criminelle interpelle Dahbia Benkired, une Algérienne arrivée en France en 2016 avec un titre de séjour d'étudiante. Sans antécédents psychiatriques, ni judiciaires, elle était seulement connue des services de police comme victime de violences conjugales. Elle était alors sous le coup d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis deux mois, après son interpellation à l'aéroport parisien d'Orly pour défaut de titre de séjour, ce qui avait suscité de virulentes critiques à droite et à l'extrême droite. Tandis que le gouvernement de l'époque et d'autres responsables politiques, jusqu'au président de la République, avaient fustigé "une récupération politique" et réclamé le "respect" pour la famille de Lola.

La mère de la collégienne a mobilisé toutes ses forces pour préparer ce procès, selon ses avocates. "On ne sait pas si on aura toutes les réponses, si [l'accusée] va parler, on n'en sait rien. On verra le jour J, avait-elle déclaré, en novembre 2024, sur le plateau de "C l'hebdo". On se posera toujours la question : 'Pourquoi Lola ?'"

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