"L’augmentation des propos, des délits et des crimes racistes est préoccupante" en France, estime la Commission nationale consultative des droits de l’homme

Le rapport annuel de la CNCDH sur le racisme doit être remis officiellement dans les prochains jours auprès du Premier ministre, alors qu'un coiffeur d'origine tunisienne a été tué samedi dans le Var. Le suspect est son voisin, un homme qui tenait des propos racistes sur les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il n’y a aucune légitimation" du racisme en France, mais "peut-être une certaine banalisation qui est, bien sûr, à proscrire", a estimé mardi 3 juin sur franceinfo Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) après le meurtre à caractère raciste survenu samedi à Puget-sur-Argens (Var).

Jean-Marie Burguburu a souligné le rôle d’Internet dans la propagation de propos racistes et la nécessité de poursuites judiciaires : "Dans la mesure où des propos racistes sont proférés sur Internet, en dehors de l’anonymat, avec une personne qui dit qui elle est, il y aurait lieu à poursuites. Si ces poursuites avaient été lancées auparavant, elles auraient peut-être évité le drame qui vient de se produire". Avant de tuer Hichem Miraoui, coiffeur tunisien, le suspect avait publié des vidéos menaçantes et racistes sur Facebook.

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé "un crime raciste". Interrogé sur la réaction du ministre, Jean-Marie Burguburu a déclaré : "Je ne vais pas critiquer la position et l’action du ministre de l’Intérieur. On peut penser qu’il se rattrape peut-être un peu après un silence après le précédent crime raciste contre Aboubakar Cissé". Un jeune Malien de 22 ans avait été tué de plusieurs coups de couteau dans la mosquée de La Grand-Combe, près d'Alès, dans le Gard. Un début de polémique est né avec Bruno Retailleau sur son silence autour du caractère terroriste de l’acte.

Le rapport annuel de la CNCDH sur le racisme sera remis officiellement dans les prochains jours auprès du Premier ministre. Les tendances ne sont pas bonnes. Jean-Marie Burguburu estime que "l’augmentation des propos et des délits et des crimes racistes est préoccupante". Les chiffres évoqués sont alarmants : "Il y a eu 284% de hausse d’actes antisémites. Cette hausse continue en plateau, sans s’accroître beaucoup, mais d’un niveau très élevé pour l’année 2024". Il précise que "les actes antisémites sont plus nombreux que les actes antimusulmans. Il y a une hausse considérable à partir de l’attentat du 7 octobre 2023". 

Encourager les victimes à porter plainte

Pour Jean-Marie Burguburu, il ne faut pas distinguer les crimes racistes selon leur nature : "Tous ces crimes sont à bannir et il convient de demander un renforcement de l’action gouvernementale". La sous-déclaration des actes racistes reste un problème majeur.

"97% des faits racistes sont non déclarés. C’est un chiffre considérable. Autrement dit, lorsqu’on parle de milliers ou de centaines de crimes racistes ou de d’infractions racistes, il y en a sans doute peut-être 100 fois plus."

Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme

à franceinfo

Il explique cela par "un phénomène considérable de sous-déclarations puisque lorsqu’il ne s’agit pas de crimes de sang, lorsqu’il s’agit de délits et d’injures qui toutes sont des infractions, les victimes hésitent à porter plainte". Il évoque aussi la "peur des représailles. Il faut encourager les victimes à porter plainte. On ne peut pas s’habituer à des comportements racistes".

"Nous considérons que la France n’est pas globalement raciste, mais il y a en France des racistes", estime Jean-Marie Burguburu. Il insiste enfin sur la nécessité de réagir : "On ne peut pas traiter quelqu’un de 'sale juif' ou de 'sale nègre' sans réagir, car la République française ne le mérite pas".

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