Réseaux sociaux : "On ne peut pas avoir un permis à avoir des propos racistes ou antisémites", juge Aurore Bergé

La ministre veut que les réseaux sociaux endossent la même chaîne de responsabilité que les chaînes de télévision lorsque des propos inappropriés y sont tenus.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, le 3 juin 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, le 3 juin 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"On ne peut pas avoir un permis à avoir des propos racistes ou antisémites", juge mardi 3 juin sur franceinfo Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Lundi, elle a exigé que les réseaux sociaux lui présentent des "règles claires" concernant le bannissement des utilisateurs diffusant des contenus problématiques, leur rappelant leur obligation de modération et brandissant la menace de sanctions.

Les grandes entreprises du numériques ont longtemps "été considérées comme de simples hébergeurs techniques", et donc "en clair, ils n'étaient responsables de rien et ils se rangeaient derrière cette irresponsabilité en disant 'c'est pas nous, ce sont les hommes et les femmes qui publient des contenus'", explique la ministre. Mais aujourd'hui, "ils ne peuvent plus se ranger derrière l'irresponsabilité et il faut des règles claires. On ne peut pas avoir un permis à avoir des propos racistes ou antisémites", affirme-t-elle.

Les mêmes règles que pour l'audiovisuel

La ministre s'attaque directement à la responsabilité de ces réseaux sociaux, que ce soit Meta (Facebook et Instagram), TikTok, X ou encore Twitch. "On a des modérations qui sont particulièrement défectueuses. Il suffit d'aller sur n'importe laquelle de ces plateformes pour voir des milliers de comptes d'incitation à la haine, au racisme, à l'antisémitisme, à la haine LGBT, au cyber harcèlement à l'encontre de nos enfants et de nos adolescents, de violences à l'encontre des femmes", pointe la ministre. Lors du rendez-vous de lundi, "je les ai confrontées à des contenus" mais elle n'a pas obtenu les réponses espérées. "Je leur ai dit, 'vous êtes convoqués par une ministre de la République, et vous êtes infichus d'avoir des réponses claires’", rapporte Aurore Bergé.

Elle souhaite des règles sur les réseaux sociaux qui se rapprochent de celles en vigueur dans l'audiovisuel. "Sur un plateau de télévision, si vous avez un invité qui professe la haine, si vous ne l'arrêtez pas immédiatement, c'est vous qui serez mis en cause, c'est la chaîne qui sera mise en cause. On doit avoir la même chose sur les plateformes", plaide la ministre, qui veut également mettre en place un système de "double authentification" pour l'inscription sur un réseau social, "avec vérification d'une carte d'identité ou carte bancaire", notamment lorsque du contenu pornographique est accessible.

"Si vous ne faites pas le ménage, on va enclencher des sanctions"

"Mon sujet n'est pas moral", insiste-t-elle. "Quand vous avez des vidéos où on voit des femmes se faire frapper, se faire gifler, recevoir des chaises à la figure devant des enfants, devant des bébés, il n'y a pas de doute sur le fait que ça enfreint le cadre légal", s'indigne la ministre macroniste, qui invite les plateformes à faire en sorte que ces influenceurs n'aient "plus aucune monétisation possible, et qu'ils perdent donc tous leurs revenus à partir du moment où il y a un doute sérieux sur le contenu qu'ils diffusent".

"Faites le ménage, parce que si vous ne faites pas le ménage, on va enclencher des sanctions", résume-t-elle ainsi le message qu'elle veut faire passer. Aurore Bergé rappelle que les sanctions peuvent aller jusqu'à "6% du chiffre d'affaires mondial" et "on peut changer le cadre légal", notamment pour défendre une "majorité numérique à 15 ans". Elle affirme que sur cette question la France commence à être rejointe "par de nombreux pays".

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