Fabriqués en Chine, mais distribués en France, des centaines de mini-téléphones saisis en prison : un système que dénonce le coordinateur de "Prison Break"

Ces téléphones étaient achetés, à distance, par internet, avant d'être transmis aux parloirs, explique Eric Serfass.

Article rédigé par franceinfo
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Plusieurs centaines de mini-téléphones ont été saisis dans des prisons françaises. (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Plusieurs centaines de mini-téléphones ont été saisis dans des prisons françaises. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le coordinateur de "Prison Break" et procureur adjoint Éric Serfass veut "mettre un coup de pied dans la fourmilière". Le chef de la Junalco (juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) dénonce, mardi 20 mai, sur franceinfo un "système de distribution de téléphones qui passent les portiques".

Mardi, plusieurs centaines de mini-téléphones ont été saisis. "Un tout petit objet, très léger", précise Éric Serfass, indétectable par les portiques de sécurité à l'entrée des prisons. "Une fraude qui est, potentiellement, très importante, depuis plusieurs années", ajoute le procureur adjoint. Des centaines de cellules au sein de 70 établissements pénitentiaires ont été fouillées.

Cette opération suit "une vaste enquête", précise Éric Serfass, qui a identifié une chaîne d'approvisionnement de ces mini-téléphones. "C'est notre constat aujourd'hui, les téléphones ne sont pas fabriqués en France. Ils sont fabriqués par une société ou des sociétés chinoises, qui délivrent à une société de distribution qui est en France", déclare le chef de la Junalco.

Une "vocation en dehors du champ du droit"

Cette entreprise française a été identifiée par les enquêteurs, elle s'appelle Oportik. "Ce que nous avons établi à ce jour, c'est que cette société de distribution, distribue ses téléphones, essentiellement, sinon uniquement, en détention", détaille Éric Serfass, pour qui il y a une "vocation en dehors du champ du droit". Ces téléphones étaient achetés, à distance, par internet, avant d'être transmis aux "parloirs, à travers les amis, la famille qui obtiennent un permis de visite et qui peuvent passer sans difficulté les portiques", décrit le chef de la Junalco.

Désormais, sur la page d'accueil du site internet Oportik.com, plusieurs logos des forces de l'ordre apparaissent, avec cette mention : "Opération Prison Break". Ce site internet a été saisi dans le cadre d'une procédure judiciaire. Les données sont en cours d'exploitation afin d'identifier les clients du site.

Les centaines de téléphones saisis vont être analysées "pour savoir à quoi ils ont servi, pour savoir s'il n'y a pas un back-door, c'est-à-dire des données qui sont retransmises à d'autres personnes, à d'autres État", poursuit Eric Serfass. "Ce que nous savons c'est que ces téléphones sont en possession de détenus liés au terrorisme, à la criminalité organisée et qui sont liés aussi à la délinquance de droit commun", ajoute-t-il. "On ne prétend pas être exhaustif", admet Eric Serfass, pour qui "la lutte continue contre l'utilisation des téléphones en détention".

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