Mort du petit Emile : autour du garçon, un clan familial secret et moins soudé qu'en apparence
Alors que quatre membres de la famille Vedovini ont été interpellés mardi, l'enquête a révélé des signes de tensions au sein du cercle rapproché de l'enfant. Les grands-parents ont finalement été libérés à l'issue de leur garde à vue, ont annoncé leurs avocats.
/2025/07/03/eloise-bartoli-jpeg-256x256-q100-crop-smart-6866a4c3a5c8b636135338.jpg)
/2025/03/26/000-36xe48j-67e426ffa1ab0937009144.jpg)
Les mines étaient graves, le 8 février, sur les visages des proches du petit Emile, à l'occasion de ses obsèques. La famille au grand complet est apparue pour la première fois devant les caméras de télévision positionnées sur le parvis de la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), démontrant l'unité d'un clan dans la douleur. Un mois et demi plus tard, ce sont pourtant bien quatre d'entre eux – les grands-parents maternels, un oncle et une tante – qui ont été placés en garde à vue, mardi 25 mars, dans une accélération folle d'une affaire qui semblait au point mort. Les grands-parents ont finalement été libérés à l'issue de leur garde à vue, ont annoncé jeudi leurs avocats.
Dans l'arborescence de cette famille endeuillée, il y a d'abord le père et la mère de la victime, Colomban Soleil et Marie Soleil, née Vedovini, tous les deux dans leur vingtaine. Les parents d'Emile n'étaient pas sur place au moment de la disparition du petit garçon. Mère au foyer, Marie est la plus âgée d'une fratrie de dix enfants. Sa voix est plus connue des Français que les traits de son visage : en novembre 2023, alors que ses ossements n'avaient pas encore été découverts, elle avait diffusé un message vocal par le biais de l'hebdomadaire Famille chrétienne pour demander à un éventuel coupable (la thèse de l'accident n'ayant pas encore été totalement écartée) de dire où se trouve son petit garçon. "Comprenez notre détresse", implorait-elle alors.
Le média choisi pour dévoiler cet enregistrement n'est pas anecdotique. Marie, comme l'ensemble de la famille, est une fervente catholique. Preuve s'il en faut de cet ancrage traditionaliste : lors des obsèques du petit garçon en février, la messe s'est tenue en latin et selon le rite de Saint Pie V. Le père, Colomban Soleil, appartient comme son père avant lui à l'organisation Chrétienté-Solidarité, dont la devise est "Dieu, famille, patrie". Le fondateur de ce mouvement traditionaliste le qualifiait de "timide" et de "gentil" au micro de BFMTV, tout en réfutant ardemment toute dérive sectaire de la famille.
Un patriarche décrit comme "autoritaire"
Dans le passé militant de cet ingénieur et ancien militaire figure une adhésion aux groupuscules d'extrême droite Action française et Bastion social. Dans les archives de la presse locale, son nom est ainsi cité pour avoir comparu à Aix-en-Provence quelques mois avant la dissolution du groupe, avec plusieurs comparses accusés d'avoir participé à des violences racistes à l'encontre d'un couple d'origine maghrébine. Un procès pour lequel il sera relaxé au bénéfice du doute, mais pour lequel un de ses collègues est reconnu coupable. "On a largement commenté notre adhésion à un mouvement où nous avons fait en effet un bref passage, avant de le quitter car il ne correspondait pas à nos convictions catholiques", s'était-il défendu dans Famille chrétienne.
Mais Colomban Soleil n'est pas la seule personnalité du clan à avoir attiré l'attention médiatique ces derniers mois. Le grand-père maternel, Philippe Vedovini, a un profil pour le moins atypique. Placé en garde à vue, il a été entendu pour "homicide volontaire" et "recel de cadavre" dans l'enquête sur la disparition de son petit-fils, à l'instar de son épouse Anne Vedovini.
Philippe et Anne Vedovini ont été interpellés dans leur mas provençal situé à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), fief de la famille, où les dix enfants du couple ont été scolarisés à domicile. Les lieux ont été perquisitionnés, un véhicule SUV et une remorque à cheval ont également été saisis.
/2025/03/25/000-37r94vk-67e290575ed29421209108.jpg)
Agé de 59 ans, ce kinésithérapeute et ostéopathe est décrit par certains habitants du Haut-Vernet, où il possède sa résidence secondaire, comme un homme "charismatique" et "autoritaire". Des témoignages recueillis par franceinfo mentionnent son emprise sur la famille. "Je passe pour un dominateur qui terrorise tout le monde, tout cela est faux, mais je m'en moque", se défendait-il, toujours dans les colonnes de Famille chrétienne.
A la réputation de patriarche tyrannique, s'ajoutent des éléments factuels troublants. En 2018, celui qui aspirait un temps à devenir prêtre avait été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté, sans être mis en examen, dans une affaire de violences sur mineurs commises dans la communauté religieuse de la Sainte-Croix de Riaumont à Liévin (Pas-de-Calais), où il travaillait au début des années 1990. Dossier pour lequel l'instruction est toujours en cours.
Des tensions qui intriguent les enquêteurs
L'identité des deux enfants du couple gardés à vue – l'oncle et la tante d'Emile – n'a quant à elle pas été dévoilée par les autorités judiciaires. Mais selon une source proche du dossier à franceinfo, le fils est âgé de 18 ans et la fille de 20 ans. D'après cette source, les interrogatoires portent essentiellement sur la figure du grand-père d'Emile. "Face au drame, nous sommes restés soudés avec nos familles et amis", assurait la mère du petit Emile en août 2023. Mais les interpellations récentes sont-elles le signe que la famille a déjà implosé ? La question se fait d'autant plus centrale que les enquêteurs s'intéressent depuis un an à des tensions familiales révélées par des écoutes téléphoniques, rapporte France 2.
Triste hasard du calendrier ou véritable élément significatif du dossier, la sœur du père Claude Gilliot, qui a baptisé Emile en 2023, a accusé la famille du petit garçon, dans les colonnes de Paris-Match, d'avoir participé au mal-être de son frère. Ce dernier s'est donné la mort le 15 mars dernier, selon le communiqué du diocèse. "J'en veux énormément à la famille du petit Emile, parce que je pense que tout est parti de chez eux", a-t-elle déclaré. En cause, une photo de la très secrète famille que le religieux avait divulguée aux médias, ce qui avait provoqué les foudres de Philippe Vedovini.
À regarder
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
-
Ces méthodes spectaculaires contre les courses-poursuites
-
Opération anti-drogue : 400 policiers mobilisés à Grenoble
-
En Turquie, une femme sauvée in extremis devant un tramway
-
14 milliards d'impôts en plus, qui va payer ?
-
Gaza : comment désarmer le Hamas ?
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter