Reportage "Dans la salle, on est figés" : au procès de l'affaire Jubillar, ces spectateurs scrutent les réactions de l'accusé

Depuis le début du procès de Cédric Jubillar, accusé d'avoir tué sa femme Delphine, les certitudes des curieux dans la salle sont bouleversées jour après jour.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Lifaut
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Cédric Jubillar, le 23 septembre 2025 à l'ouverture de son procès à Albi (Tarn). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)
Cédric Jubillar, le 23 septembre 2025 à l'ouverture de son procès à Albi (Tarn). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Ils pensaient tout savoir sur Delphine Jubillar. Et pourtant devant la cour d'assises du Tarn à la sortie de l'audience du mercredi 1er octobre, ceux qui s'y intéressent depuis sa disparition confient être un peu perdus. Depuis le début du procès, les avocats de la jeune infirmière, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines et dont le corps n'a jamais été retrouvé, pointent du doigt les failles de l’enquête.

Comme lorsque deux amies proches de l'épouse de Cédric Jubillar ont dit leur absolue certitude que le peintre-plaquiste avait "assassiné de ses mains" l'infirmière de 33 ans. "Médiatiquement, c'est un homme qui a déjà été jugé et condamné", fustige pour sa part Emmanuelle Franck, qui assure, avec Alexandre Martin, la défense de Cédric Jubillar, qui clame son innocence.

"J'ai quand même appris pas mal de choses"

De quoi chambouler certaines certitudes de ces curieux qui se rendent et échangent sur ce qu'ils viennent de découvrir, chaque jour, à l'audience, comme Nouara. " Moi qui connaissais à peu près bien l'affaire, ça fait quelque temps que je suis, j'ai quand même appris pas mal de choses en sortant du procès...", confie cette jeune Albigeoise de 18 ans.

Elle montre ses notes, consignées dans un carnet rose, comme celle sur les analyses des enquêteurs, finalement négatives, faites sur la couette saisie au domicile du couple, au centre de plusieurs débats. "Par rapport à la couette et tout, on va dire les semi-preuves qu'on avait, c'était faux. Du coup, j'ai un peu barré un peu tout ce qu'on avait. C'est des choses que je soupçonnais un peu déjà, que j'avais déjà noté, mais j'ai appris encore un peu plus de choses", reprend Nouara. Elle confie aussi noter aussi les réactions de Cédric Jubilar, qu'elle imaginait plus combatif, lui qui a toujours clamé son innocence. 

"Quand j'étais pas loin devant lui, on avait vraiment l'impression qu'il était saoulé d'être là... Je ne comprends pas."

Nouara

à franceinfo

À côté, Jérémy, casquette noire, bien connu ici pour sa chaîne YouTube sur les recherches du corps de Delphine, se dit marqué par les violences dénoncées par les proches du couple que Cédric infligeait à leur fils. "C'était à la dure quand même. Donc quand on est dans la salle, on est un peu figés...", glisse-t-il, confiant l'avoir appris lors de l'audience.

"Voir ce qui emporte entre le doute et les certitudes..."

Léonore, elle aussi, suit le procès depuis son premier jour. "Être juré, ça doit être très difficile. Quand on voit les jurés au premier jour et au dernier jour, c'est plus du tout la même chose. Ils arrivent le premier jour d'assises en disant, 'de toute façon c'est lui, c'est sûr'. Et puis, ils arrivent le dernier jour en disant être complètement perdus", avant la jeune femme.

Ces phases de doute qu'elle décrit, l'avocat d'une partie de la famille de Delphine Jubilard, Mourad Battikh, ne s'en inquiète pas. "C'est le principe de la cour d'assises. C'est de permettre ces phases et, in fine, de se construire une vérité avec l'arbitrage des différentes phases, des différents doutes, des différentes certitudes. Et puis voir ce qui emporte entre le doute et les certitudes..."

L'un des curieux sort alors de la cour d'assises, range ses notes et dit qu'il préfère sa place à celle des jurés. Le verdict est attendu le 17 octobre.

Le reportage d'Antoine Lifaut à Albi

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.