Suppression des ZFE : des élus et des associations dénoncent un vote "contre la santé publique"
Les députés ont approuvé la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), contre l'avis du gouvernement. Un vote qui suscite de vives critiques chez les défenseurs de l'environnement.
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La suppression des zones à faibles émissions (ZFE), votée par les députés mercredi 28 mai, est une "décision grave, lourde de conséquences", alerte le directeur général de l’association Respire, Tony Renucci, jeudi 29 mai sur franceinfo. Les députés "ont fait le choix de l'irresponsabilité au détriment de la santé", précise-t-il.
Présentes dans une quarantaine d'agglomérations, les ZFE avaient été initiées en 2019 pour limiter les émissions de particules fines, responsables de maladies respiratoires et de 40 000 décès par an, selon Santé Publique France. Cette abrogation "conteste le fardeau sanitaire de la pollution de l'air", déplore Tony Renuci. "Les députés ont voté contre la santé publique", dénonce de son côté Dan Lert (Ecologistes), adjoint au maire de Paris en charge du climat et de la transition écologique, sur franceinfo.
"Instrumentalisation" politique
Pour l'élu, ce vote est "d'abord un très grave recul dans la lutte contre la pollution de l'air et pour notre santé." Les chiffres le prouvent selon Dan Lert : aujourd'hui en région parisienne, "un décès sur dix" est lié à la pollution de l'air et près de "7 000 cas d'asthmes" sont observés chez les enfants. Selon l'élu, les ZFE, déjà mises en places à Paris, ont démontré leur utilité : "En 10 ans, la pollution de l'air a baissé de 40% à Paris. Ces ZFE sauvent des vies, elles sont utiles et efficaces." Outre Paris et Lyon, deux autres grandes métropoles appliquent, de leur propre initiative, une politique de zones à faibles émissions : Grenoble et Montpellier.
Pour le président de Respire, il y a eu une "instrumentalisation" de la part de l'extrême droite et de la gauche sur ce sujet, avec la mise en avant des difficultés pour les personnes les plus pauvres. "Nous avions mis en avant de notre côté le rétablissement des aides à la reconversion des véhicules, pour les ménages en difficulté, ce qui n'a pas été suivi." Désormais, pour que la suppression des ZFE soit effective, le projet de loi doit être examiné en commission mixte paritaire. "J'espère qu'on trouvera une solution dans cette commission, souligne Tony Renucci, sinon, la France sera en grande difficulté dans les prochaines semaines."
Une décision "injuste" et de "capitulation"
"Ce vote relève d’une démagogie de circonstance", estime jeudi sur franceinfo Pierre Hurmic, maire de Bordeaux. Dans sa ville, une ZFE est en place depuis le 1er janvier 2025. "C’est incontestablement une capitulation. Les mêmes qui avaient voté cette mesure au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, maintenant, sous pression de la droite et de l’extrême droite, reculent parce que ça va rendre la fin du second quinquennat Macron extrêmement riche en reculades de cette nature", explique l’élu.
Le maire de Bordeaux insiste : "c’est une capitulation, surtout vis-à-vis de villes comme la nôtre. Nous avons une conception extrêmement large des ZFE. On excluait très peu de véhicules, à peine 2,1%, seulement les véhicules les plus anciens, c’est-à-dire les modèles essence d’avant 1997 et les diesel d’avant 2001, avec aussi une politique d’accompagnement économique".
Le vice-président de l'Eurométropole de Strasbourg, où une ZFE est en place depuis 2022, a également réagi sur franceinfo jeudi : "La loi n’est pas parfaite, il faut l’améliorer, mais il ne faut pas la jeter". "C’est une décision injuste, explique Alain Jund. Ce sont les plus pauvres qui sont les plus exposés à la mauvaise qualité de l’air donc quand on parle d’écologie punitive, c’est en fait, de notre point de vue, la situation actuelle qui est punitive. C'est pourquoi nous avons décidé de consacrer 50 000 euros pour changer la donne en matière de mobilité, en matière de qualité de l’air, de changement de véhicule et nous allons continuer."
Le vice-président de l’Eurométropole en charge des mobilités et des déplacements souligne enfin que ces efforts paient puisque ATMO Grand Est, l’association chargée de la surveillance de la qualité de l’air, "a bien identifié la diminution des effets nocifs dans la qualité de l’air sur la métropole de Strasbourg".
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