Reportage "Polluants éternels" : plus de 4 millions d'euros investis dans une usine Suez de la Vallée de la chimie pour traiter l'eau contaminée aux PFAS

L'objectif est de supprimer les PFAS dans l'eau avant que celle-ci ne soit redistribuée aux consommateurs au sud de Lyon.

Article rédigé par franceinfo
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La vallée de la Chimie à Lyon, en décembre 2016. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)
La vallée de la Chimie à Lyon, en décembre 2016. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Face aux polluants éternels, les PFAS, dans la Vallée de la chimie, près de Lyon, zone parmi les plus contaminées de France, les élus tentent d'agir et de calmer l'inquiétude des riverains. Sur le champ captant de Ternay, un investissement massif est annoncé dans une usine gérée par Suez, afin de supprimer les PFAS dans l'eau, avant que celle-ci soit redistribuée aux consommateurs. Cela concerne quelque 170 000 personnes dans ce bassin de population au sud de Lyon.

Les travaux vont démarrer et franceinfo a pu visiter cette usine de Ternay qui, de loin, semble être un bloc de béton au milieu d'une vaste étendue verte "C'est un champ captant qui fait 40 hectares, indique l'ingénieur Caroline Dupeuble, de Suez Eau France. On va venir puiser de l'eau brute dans la nappe alluviale du Rhône, à 20 mètres de profondeur, et on traite l'eau pour pouvoir après la distribuer à 170 000 habitants du sud lyonnais."

"On va implanter deux gros silos"

Elle assure la visite : "Aujourd'hui, le traitement est de passer l'eau dans des filtres à charbon. Sauf que les PFAS sont des micropolluants qui, très rapidement, saturent le charbon. Quand on veut changer un filtre à charbon, on doit arrêter des fils de production. C'est pour ça que Suez met en place cette solution. On va venir implanter deux gros silos, deux réacteurs à charbon à renouvellement continu", précise Caroline Dupeuble. Ces silos permettront donc de dépolluer l'eau plus vite et mieux.

Aujourd'hui, cette eau est considérée comme potable par l'Agence régionale de santé, malgré la contamination. Mais depuis que le scandale des polluants éternels a éclaté, en mai 2022, le calendrier a été accéléré pour se mettre en conformité à la prochaine réglementation, qui entrera en vigueur en 2026. "Un gros avantage de cette solution est que, comme on va modifier en continu, on peut venir adapter aussi la quantité de charbon", assure l'ingénieure. 

"Imaginons que demain on demande encore plus de diminuer les taux de PFAS ou d'une autre molécule : à partir du moment où cette molécule est absorbable par le charbon, on pourra venir modifier le taux d'injection de charbon et donc abaisser les quantités dans l'eau traitée."

Caroline Dupeuble, ingénieure

à franceinfo

Faire payer les pollueurs

Le financeur de ces travaux est le Syndicat mixte d'eau potable Rhône Sud, clients de Suez. "L'investissement est de 4,4 millions d'euros TTC. Après ça, il y a le coût de fonctionnement et fatalement, il y aura un coût sur le prix du mètre cube. Par foyer, c'est entre 40 et 60 euros par an en plus", indique le vice-président du syndicat, René Martinez.

La facture d'eau va donc nécessairement augmenter pour les ménages. En attendant peut-être un jour que les pollueurs payent. C'est le sens de l'action judiciaire intentée par le Syndicat d'eau potable et la Métropole de Lyon : faire indemniser, à terme, les collectivités pour le surcoût lié au traitement de l'eau courante dans la Vallée de la chimie.

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