Davantage de contrôles, grand plan de recherche... Les recommandations de l'Académie des sciences sur les PFAS

Les chercheurs de l'Académie appellent notamment à une meilleure transparence et traçabilité, mais aussi à substituer ces substances et à les éliminer dans les milieux contaminés.

Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'Académie des sciences recommande par exemple de noter la présence de PFAS sur les étiquettes. (SERGE TENANI / HANS LUCAS VIA AFP)
L'Académie des sciences recommande par exemple de noter la présence de PFAS sur les étiquettes. (SERGE TENANI / HANS LUCAS VIA AFP)

Dans un rapport publié mardi 25 mars, l'Académie des sciences formule cinq recommandations face aux polluants per- et polyfluoroalkylés, plus connus sous l'acronyme anglophone PFAS. Les chercheurs appellent à une meilleure transparence et traçabilité, davantage de contrôles et de recherches, à substituer ces substances et à les éliminer dans les milieux contaminés.

"La contamination diffuse et persistante" des PFAS "pose des défis majeurs pour la santé humaine et l'environnement", détaillent les chercheurs dans leur rapport. "Face aux pollutions historiques (hydrocarbures, métaux lourds), l’origine et la remédiation des PFAS posent de nouveaux défis particulièrement complexes". L'Académie des sciences explique que certains composés sont liés à des sites industriels identifiés alors que des milliers d'autres sont largement disséminés dans l'environnement.

Une dégradation "possible" mais "coûteuse"

Les PFAS constituent une famille extrêmement vaste de molécules : entre 4 000 et 20 000 selon les estimations, probablement autour de 12 000, dont "beaucoup restent encore à identifier", affirme l'Académie des sciences. "Leur diversité chimique ajoute une complexité supplémentaire à l’évaluation de leurs effets sur la santé et l’environnement, car leurs propriétés varient considérablement : certains sont mobiles, d’autres immobiles, certains bioaccumulables, d’autres non. Cette hétérogénéité rend difficile une lecture claire et homogène de leurs impacts".

Pour autant, les chercheurs contestent l'idée couramment admise selon laquelle ces PFAS seraient éternels. "Leur dégradation est possible, mais nécessite des technologies coûteuses. La filtration est une étape possible de séparation des PFAS dans les eaux usées. Le charbon actif offre une piste intéressante".

100% des adultes et des enfants ont au moins un PFAS dans le sang

En 2019, une étude de Santé publique France révélait que 100% des adultes et des enfants testés avaient au moins un PFAS dans le sang. Face à cette contamination massive, l'Académie des sciences formule cinq recommandations.

Concernant la transparence et la traçabilité, elle demande à ce que la présence des PFAS dans les produits soit clairement identifiée par un étiquetage obligatoire. L’absence d’émissions de PFAS dans l’environnement depuis les sites industriels de production doit désormais être garantie. Il faut intensifier la recherche sur la détection et l'évaluation des effets des PFAS sur la santé et l'environnement et acquérir une compréhension globale de leurs produits de dégradation. L'Académie recommande également de lancer un grand plan de recherche public et privé pour développer des alternatives aux PFAS. Enfin, elle propose d'investir dans des technologies permettant d’éliminer efficacement les PFAS des milieux contaminés.

Fin février, une loi a été promulguée en France pour interdire dès le 1er janvier 2026 "la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché à titre onéreux ou gratuit" de "tout produit cosmétique" contenant des PFAS. Il en va de même pour les produits de fart (pour les skis), les vêtements et les chaussures, à l'exception de ceux "conçus pour la protection et la sécurité des personnes" (la défense nationale et la sécurité civile). En 2030, cette interdiction concernera l'ensemble des textiles (ameublement, automobile, etc.).

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.