PFAS : trois maires de communes du Grand Est, privées d'eau du robinet, disent être massivement contaminés après avoir fait tester leur sang

Dans une quinzaine de communes, il est interdit de boire de l'eau du robinet en raison d'une contamination aux polluants éternels. Des maires de trois communes ont décidé de se faire tester pour alerter sur la situation sanitaire. Ils tentent d'identifier l'origine de cette contamination et de trouver des solutions.

Article rédigé par franceinfo
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De gauche à droite, Richard Philbiche, maire de Villy, Annick Dufils, maire de Malandry et Etienne Malcuit, maire de la Ferté-sur-Chiers, présentent le 18 septembre 2025 à la mairie de Villy les résultats des prises de sang qu'ils ont effectuées en août. (MARIE MARTIROSSIAN / ICI CHAMPAGNE-ARDENNE)
De gauche à droite, Richard Philbiche, maire de Villy, Annick Dufils, maire de Malandry et Etienne Malcuit, maire de la Ferté-sur-Chiers, présentent le 18 septembre 2025 à la mairie de Villy les résultats des prises de sang qu'ils ont effectuées en août. (MARIE MARTIROSSIAN / ICI CHAMPAGNE-ARDENNE)

C'est une galère qui va durer. Plus de 3 000 habitants des Ardennes et de la Meuse, dans une quinzaine de communes, sont toujours privés d'eau potable. Interdiction de boire l'eau à cause d'une pollution aux PFAS, ces polluants éternels, qui ont contaminé les eaux souterraines. Pour alerter sur la situation, les maires de trois de ces communes ont fait tester leur sang et révèlent les résultats des analyses : ils sont massivement contaminés par les PFAS. 

C'est le cas d'Annick Dufils, maire de Malandry, petite commune au milieu de la campagne ardennaise. Dans son sang, un taux très élevé de PFAS. "132,81 microgrammes par litre de sang. C'est six fois supérieur aux normes américaines ou allemandes, puisqu'en France, nous n'en avons pas actuellement", explique-t-elle, très inquiète, vendredi matin sur franceinfo, pour sa santé comme celle de ses administrés.

Des soupçons sur l'épandage de boues

Ces polluants éternels peuvent avoir de nombreux effets nocifs : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, notamment. "On constate que le taux des PFAS dans notre sang est bien proportionnel à l'exposition de l'eau du robinet, relève-t-elle. On sait que le sang est le reflet de l'organisme, cela signifie qu'il y a des PFAS sur nos organes. Mais actuellement, on n'a pas d'étude qui nous permet d'évaluer la spécificité du dosage des PFAS pour prévenir des effets sanitaires à long terme, donc c'est très inquiétant." Une inquiétude d'autant plus grande que de premières analyses sur la présence anormale de PFAS remontent à presque dix ans, et l'interdiction de boire de l'eau n'est arrivée qu'en juillet 2025.

Quant à l'origine de cette pollution, les soupçons se tournent sur l'épandage de boues d'une ancienne papeterie sur des terres agricoles et qui aurait contaminé les eaux souterraines. Cette papeterie est aujourd'hui fermée. Cette pratique est courante, on utilise les boues de stations d'épuration ou industrielles pour fertiliser les sols, mais la préfecture des Ardennes a pris mardi de nouvelles mesures par "précaution", selon les autorités. Ces épandages sont suspendus désormais dans tout le département sur toutes les aires d'alimentation des captages en eau potable.

Pas de solution idéale

Côté solutions, c'est très compliqué. Ces PFAS, par définition, sont extrêmement résistants. La maire de Malandry, Annick Dufils, recherche une solution avec ses collègues des autres communes concernées. "Pour l'instant, on en est à des solutions comme trouver d'autres sources, raconte-t-elle. À Malandry, nous avons sept sources, nous voudrions analyser chacune d'entre elles séparément pour voir si elles sont toutes polluées ou s'il y en a que deux ou trois polluées, on pourrait les dévier et se contenter de celles qui ne sont pas polluées."

Une autre possibilité consiste à installer une unité de filtration au charbon actif pour nettoyer toute l'eau distribuée aux habitants. Sauf que cela coûte très cher, plusieurs centaines de milliers d'euros selon l'élue, et ces communes des Ardennes ne peuvent pas se le permettre. Les élus préviennent : la situation risque de durer plusieurs mois et sans doute quelques années.

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