PFAS : il y a de "la sidération" et de "la colère", indique la maire d'une des 16 communes du Grand Est où l'eau du robinet ne peut être consommée
Douze communes des Ardennes ont rejoint les quatre communes de la Meuse déjà concernée par un arrêté préfectoral interdisant de consommer de l'eau du robinet.
"C'est de la sidération d'abord, puisque jusqu'à présent notre eau était classée" comme étant "de bonne qualité. Le rapport annuel 2024 l'atteste", tout comme "les premières analyses d'eau de 2025", réagit, jeudi 10 juillet sur franceinfo, Annick Dufils, maire de Malandry dans les Ardennes. Sa commune fait partie des 16 collectivités où l'eau du robinet ne peut être consommée en raison d'une pollution aux PFAS. Il y a de "la sidération, de l'anxiété et surtout une grosse colère", avoue-t-elle.
"Je pense qu'une action en justice va être menée par l'ensemble des communes impactées pour une action commune, une action collective", contre le pollueur, a précisé la maire de Malandry. L'arrêté préfectoral visant à interdire la consommation d'eau du robinet entre en vigueur jeudi dans 12 communes des Ardennes. La même mesure s'applique également depuis samedi dernier pour quatre communes de la Meuse. Ces restrictions, pour une durée indéterminée, ont été prises après la publication d'analyses révélant des taux anormalement élevés de PFAS, couramment appelés "polluants éternels" du fait de leur persistance dans l'environnement.
"La pollution pourrait être due à l'épandage"
Selon les préfectures des Ardennes et de la Meuse, "la pollution pourrait être liée à l'épandage, sur des parcelles agricoles situées à proximité des captages d'eau potable, de boues papetières susceptibles de contenir des PFAS" bien que "cette origine reste à confirmer". La papeterie de Stenay, dans la Meuse, fermée en 2024, est pointée du doigt.
Annick Dufils "pense que l'épandage des boues de la papeterie remonte à 25 ans en arrière. Ce n'est pas tellement l'épandage des boues qui me pose problème, c'est leur enfouissement", s'inquiète l'élue. Elle dénonce le "silence des autorités puisque qu'il y a quand même toute une chaîne de responsabilités là-dedans. Nous avons le pollueur. Tout en haut, nous avons la chambre d'agriculture qui a délégué à un prestataire l'épandage des boues et leur enfouissement illégal". Elle vise aussi "les agences de santé qui n'ont pas contrôlé la teneur des boues et nous, nous sommes le dernier maillon de la chaîne, on nous dit 'c'est à vous de résoudre la situation'", peste-t-elle.
Deux litres d'eau potable par jour par habitant, "pas budgétés"
En attendant que l'on trouve une issue à cette situation, les maires doivent distribuer à hauteur de deux litres d'eau potable par jour par habitant ou rembourser l'achat de cette eau. Ce qui représente un coût important pour la petite commune de Malandry qui compte 80 habitants. Ce n'était pas "budgété sur notre budget de 2025", mais heureusement, "nous avons une trésorerie saine pour cette année, nous allons pouvoir nous en sortir". Elle regrette qu'on "ne parle pas jamais du pollueur", ce qui la "révolte". . Pour Annick Dufils, "c'est le pollueur qui doit être le payeur. Et personne n'aborde cette question-là. C'est révoltant aussi".
L'achat ou le remboursement de ces bouteilles d'eau va coûter 3 500 euros à la commune de Malandry pour les six mois à venir. L'édile n'est pas du tout rassurée et pense que "cette situation peut durer des mois, voire des années". Elle dénonce des "injonctions préfectorales" pour "remédier dans les plus brefs délais à la situation. Mais dans l'état actuel, c'est tout à fait impossible".
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