PFAS : l'eau du robinet interdite à la consommation dans 12 communes des Ardennes

Tant que l'eau courante reste impropre à la consommation, les municipalités concernées doivent fournir deux litres d'eau potable par jour à chaque habitant.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Champagne-Ardenne
Radio France
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Temps de lecture : 4min
L'eau du robinet est interdite à la consommation dans 12 communes des Ardennes. (CATHERINE FALLS COMMERCIAL / MOMENT RF / GETTY IMAGES VIA AFP)
L'eau du robinet est interdite à la consommation dans 12 communes des Ardennes. (CATHERINE FALLS COMMERCIAL / MOMENT RF / GETTY IMAGES VIA AFP)

L'arrêté préfectoral visant à interdire la consommation d'eau du robinet entre en vigueur, jeudi 10 juillet, dans 12 communes des Ardennes. La même mesure s'applique également depuis samedi dernier pour quatre communes de la Meuse. Ces restrictions – pour une durée indéterminée – ont été prises après la publication d'analyses révélant des taux anormalement élevés de PFAS, couramment appelés "polluants éternels" du fait de leur persistance dans l'environnement.

Dans une enquête, France 3 et le média Disclose révèlent que dans 17 communes à cheval entre la Meuse et les Ardennes, les taux détectés dépassent de 3 à 27 fois la limite légale. Les PFAS peuvent avoir des effets délétères sur la santé humaine : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité ou le développement du fœtus.

La commune de Villy, record national de contamination

Tant que l'eau courante reste impropre à la consommation, les municipalités concernées doivent fournir deux litres d'eau potable par jour à chaque habitant. Pour des raisons logistiques, elles ont opté pour un remboursement des achats de bouteilles d'eau. Le coût s’élève à 43,20 euros par habitant sur une période de six mois, rapporte jeudi ICI Champagne-Ardenne (ex-France Bleu). À Villy (Ardennes), village d’environ 200 habitants, la facture approche les 9 000 euros. La commune détient par ailleurs le record national de contamination, avec 2 729 ng/l de PFAS mesurés dans l'eau du robinet en février dernier, relève France 3 et Disclose dans leur enquête. La limite légale est fixée à 100 nanogrammes par litre (ng/l).

Les communes doivent également engager tous les moyens possibles pour rendre l’eau à nouveau conforme aux normes sanitaires. "Cela va représenter forcément plusieurs centaines de milliers d'euros", souligne sur ICI Champagne-Ardenne, Frédéric Latour, maire de Haraucourt et président de la communauté de communes des portes du Luxembourg, où deux sources d'eau et quatre communes sont touchées. "Il existe plusieurs solutions : l'interconnexion sur une autre commune, la filtration par charbon actif, ou encore la dilution. Il faut que l'on trouve la solution la plus efficace et la plus pérenne", explique l'élu. Selon lui, il faut compter six mois pour la réalisation des études uniquement.

"C'est plus qu'une crise sanitaire, c'est un scandale sanitaire"

"C'est plus qu'une crise sanitaire, c'est un scandale sanitaire", s'insurge le maire de Villy, Richard Philbiche. Selon les préfectures des Ardennes et de la Meuse, "la pollution pourrait être liée à l'épandage, sur des parcelles agricoles situées à proximité des captages d'eau potable, de boues papetières susceptibles de contenir des PFAS" bien que "cette origine reste à confirmer". La papeterie de Stenay (Meuse) fermée en 2024, est pointée du doigt. "Il y a eu des manquements dans l'épandage et les contrôles. Le cahier des charges n'a pas été respecté, il y a eu de l'enfouissement et ça, c'est une fraude", pointe Richard Philbiche.

Les maires des communes touchées demandent à l'Etat de les aider à financer ces mesures sanitaires. "Nous, les petites communes, on n'est pas responsable. Tout repose sur les petites communes rurales qui n'ont pas des budgets faramineux. L'État nous met tout sur le dos", déplore Annick Dufils, la maire de Malandry.

Un comité de suivi sur les PFAS organisé à la rentrée

Contactée par ICI Champagne-Ardenne, la préfecture des Ardennes, rappelle que la distribution de l'eau relève de la compétence des communes et que l'État ne subventionne pas cette mesure. La préfecture assure néanmoins que l'État accompagne les collectivités dans la gestion de cette situation, le préfet organisera un comité de suivi sur les PFAS à la rentrée.

Les 12 communes concernées dans les Ardennes sont les suivantes : Villy, Malandry, Blagny, Linay, Haraucourt, Bayonville, Beffu-et-Le-Morthomme, Landres-et-Saint-Georges, Thénorgues, Imécourt, Verpel et le Hameau de Sivry (Buzancy). Les 4 communes concernées dans la Meuse : Juvigny-sur-Loison, Louppy-sur-Loison, Han-lès-Juvigny et Remoiville.

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