Témoignages "Est-ce que la classe politique va l'entendre ?" : l'espoir des signataires de la pétition pour l'abrogation de la loi Duplomb

La pétition demandant l'abrogation de la loi Duplomb a atteint plus d'un million de signatures dimanche, donnant la possibilité d'un débat sans vote à la rentrée à l'Assemblée nationale. Rencontre avec des signataires de cette pétition.

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une pancarte contre la loi Duplomb, en juillet 2025, lors d'une manifestation à Paris. (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)
Une pancarte contre la loi Duplomb, en juillet 2025, lors d'une manifestation à Paris. (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)

La pétition demandant l'abrogation de la loi Duplomb remporte un succès retentissant. Lundi 21 juillet, le texte a récolté plus d'1,2 million de soutiens sur le site de l'Assemblée nationale. Votée sans débat par les députés le 8 juillet, la loi Duplomb autorise la réintroduction en France d'un néonicotinoïde tueur d’abeilles, l'acétamipride. Pour les signataires, cette pétition souffle un vent d'espoir, mais inquiète aussi.

Comme cette jeune ingénieure, Justine, qui a rapidement signé la pétition, convaincue que cette loi Duplomb, votée de manière expéditive, est une aberration. "On savait qu'on marchait sur la tête sur les questions environnementales, mais là, on s'est dit, c'est fou, il n'y a même pas de débat, ça passe comme ça ?"

Puis, elle a vu qu'une pétition était lancée : "Tout le monde commençait à se relayer le truc et là, on voit qu'on est à 1 million, raconte la jeune femme. Ça donne bon espoir de se dire que, peut-être, si on mobilise, il y a des choses qui peuvent changer."

"Signer des pétitions, on a l'impression que c'est la seule manière de faire entendre notre voix."

Justine, signataire de la pétition

à franceinfo

Joachim, lui, travaille dans l'associatif et s'apprête à signer le texte sur le site de l'Assemblée nationale. Il est persuadé que le législateur et les parlementaires se trompent : "La question est quel modèle agricole voulons-nous pour demain ? Est-ce que le modèle qu'on a aujourd'hui, qui est extrêmement intensif, avec beaucoup d'intrants, est vraiment pérenne ?", s'interroge-t-il. Et de défendre, à l'image de la Confédération paysanne, opposée à cette loi, une agriculture "plus respectueuse de l'environnement, plus respectueuse de la santé". 

S'il se doute "qu'on ne va pas changer de modèle agricole comme ça", il considère qu'il faut tout de même "poser cette question-là". "C'est super qu'il y ait un élan citoyen, insiste Joachim, que les Français se mobilisent sur des sujets importants comme ceux-là". Mais comme plusieurs signataires rencontrés, il a des doutes sur la portée réelle que va avoir cette pétition. "Est-ce que la classe politique va l'entendre ? On est quand même circonspect. On verra."

"Qu'on nous écoute un peu !"

Julien, qui travaille dans l’industrie minière, se montre lui aussi sceptique. "J'espère vraiment qu'ils vont nous écouter, qu'ils vont se poser des questions et se dire que s'il y a un million de personnes qui signent, ça veut peut-être dire quelque chose... Je croise les doigts, mais je ne suis pas très confiant malheureusement."

"J'ai peur qu'ils n'en aient rien à foutre, qu'on ait signé et qu'on soit un million, deux millions, trois millions, que ça ne change rien... Mais bon, j'ai essayé."

Julien, signataire de la pétition

à franceinfo

Même faible espoir du côté de Laurent, qui est informaticien : "Qu'on nous écoute un peu ! Je trouve que cette loi a été faite en dépit du bon sens, sans aucune concertation, par un petit groupe d'élus de la FNSEA. Donc ce n'est pas démocratique", pointe-t-il.

Pourtant, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a bien précisé sur franceinfo qu'il n'était pas question de réexaminer la loi Duplomb. Cette pétition devrait seulement déclencher l'organisation d'un débat au Parlement à la rentrée. "Après, [Emmanuel] Macron peut ne pas décider d'appliquer la loi. C'est aussi le président qui sera décisionnaire sur ce point. Il est un peu sourd, mais on ne sait jamais", souffle Laurent. C'est en effet l'une des options. Une fois passée la décision du Conseil constitutionnel, qui a encore trois semaines pour se prononcer sur un éventuel vice de procédure, le chef de l'État peut retarder la promulgation de la loi, voire demander une seconde délibération au Parlement.

Le reportage d'Agathe Mahuet avec des signataires de la pétition contre la loi Duplomb

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