Loi Duplomb : "Je ne vois aucune raison solide pour qu'on réintroduise une molécule dangereuse", alerte un cancérologue à propos de l'acétamipride

"Il y a de très nombreux éléments qui montrent que cette molécule présente des dangers potentiels pour le développement du système nerveux de l'enfant et du fœtus", affirme lundi Marc Billaud, chercheur émérite au CNRS.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une pancarte hostile à la loi Duplomb, le 29 juin 2025, lors d'un rassemblement à Paris. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)
Une pancarte hostile à la loi Duplomb, le 29 juin 2025, lors d'un rassemblement à Paris. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

"Les preuves sont là, c'est une molécule qui est dangereuse", a alerté lundi 21 juillet sur France Inter le cancérologue Marc Billaud, chercheur émérite au CNRS, à propos de l'acétamipride, insecticide de la famille des néonicotinoïdes qui doit être réintroduit à titre dérogatoire par la loi Duplomb.

"On dispose aujourd'hui de suffisamment d'informations scientifiques pour s'opposer à la réautorisation de l'acétamipride", estime Marc Billaud, pointant une dangerosité établie "pour la santé humaine". "Il y a de très nombreux éléments qui montrent que cette molécule présente des dangers potentiels pour le développement du système nerveux de l'enfant et du fœtus", pointe le cancérologue, évoquant également une molécule qui "peut traverser la barrière placentaire".  

"Elle peut aussi s'accumuler dans des organes clés : le foie ou les reins. On suppose aussi, avec des éléments qui sont plutôt convaincants, qu'elle pourrait être aussi toxique pour la reproduction."

Marc Billaud, cancérologue et chercheur émérite au CNRS

à France Inter

"On peut toujours refaire une nouvelle expertise, mais en l'occurrence ce sont des manœuvres que je qualifierais de dilatoires", ajoute-t-il. "Aujourd'hui, il ne faut pas plus de preuves, les preuves sont là : c'est une molécule qui est dangereuse à manipuler."

"Les preuves sont suffisamment fortes"

Selon lui, les premières personnes qui seront exposées à cette dangerosité "sont les agriculteurs eux-mêmes, leurs enfants, les riverains". "Pour moi, les preuves sont suffisamment fortes et je ne vois aucune raison solide pour qu'on réintroduise une molécule qui est dangereuse pour la santé humaine et pour l'environnement." 
 
La loi Duplomb, adoptée le 8 juillet au Parlement, réintroduit sans délai et sous conditions cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Cette réautorisation de l'acétamipride, interdit en France mais autorisé en Europe jusqu'en 2033, était réclamée par les producteurs de betterave sucrière pour lutter contre le puceron vert et ceux de noisettes contre la punaise diabolique. Une pétition lancée par une étudiante pour s'y opposer avait récolté lundi soir plus de 1,4 million de signatures sur le site de l'Assemblée nationale. 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.