Les récifs coralliens ont franchi un "point de basculement" climatique

Des chercheurs ont noté dans une étude "un dépérissement sans précédent [des récifs], affectant la subsistance de centaines de millions de personnes qui en dépendent".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une image du récif corallien de Nouvelle-Calédonie, l'un des plus grands au monde, le 13 juin 2006. (MARC LE CHELARD / AFP)
Une image du récif corallien de Nouvelle-Calédonie, l'un des plus grands au monde, le 13 juin 2006. (MARC LE CHELARD / AFP)

Le monde est au seuil d'une "réalité nouvelle" sous l'effet du changement climatique. Les récifs coralliens ont quasi certainement franchi un point de basculement catastrophique, avertissent des chercheurs dans une étude de référence publiée lundi 13 octobre. Une équipe internationale de quelque 160 scientifiques s'est penchée sur l'état de santé de la planète en scrutant des "points de basculement" potentiels qui pousseraient ses écosystèmes au bord du gouffre. Si ces points sont franchis, un effet domino de catastrophes en cascade, souvent irréversibles, peut se déclencher.

"Malheureusement nous sommes désormais quasi certains que nous avons franchi un de ces points de basculement pour les récifs coralliens tropicaux d'eaux chaudes", affirme l'auteur principal, Tim Lenton, chercheur en sciences de l'environnement de l'université d'Exeter (Royaume-Uni). A 1,4°C de réchauffement par rapport à l'ère pré-industrielle, ces récifs "subissent un dépérissement sans précédent, affectant la subsistance de centaines de millions de personnes qui en dépendent", ainsi que la survie d'un million d'espèces marines, concluent les scientifiques dans l'étude.

Les coraux condamnés en raison du réchauffement 

Depuis la dernière édition de leurs travaux en 2023, ils ont observé une mortalité des coraux "sans précédent". Les récifs connaissent actuellement un épisode massif de blanchissement, signe de dépérissement, en cours depuis deux ans. Les coraux – barrières contre l'érosion et réservoirs de biodiversité, qui stockent également le carbone – blanchissent sous l'effet d'océans plus chauds, ce qui les rend particulièrement vulnérables au réchauffement climatique.

Les coraux morts ne laisseront que des squelettes sans tissus vivants, qui seront recouverts progressivement par des algues et colonisés par des organismes plus simples, avant de s'éroder et se briser. Les chercheurs estiment qu'avec à 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère pré-industrielle, la vaste majorité des coraux seront condamnés. Ce seuil sera franchi dans quelques années sauf réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.

Cette limite de réchauffement, la plus ambitieuse de l'Accord de Paris, est "sur le point de s'effondrer", a récemment alerté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Et la dépasser placerait "le monde dans une zone de danger encore plus grand", affirme Tim Lenton. Le moment de la publication n'est pas choisi au hasard. Les négociateurs du monde entier se réunissent à Brasilia pour une pré-COP lundi et mardi, un mois avant l'ouverture de la grande conférence sur le climat à Belém.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.