Suspension de la réforme des retraites : Marine Le Pen demande à Sébastien Lecornu de modifier le budget de la Sécurité sociale avant le début des débats

La cheffe de file du Rassemblement national craint notamment un passage en force du gouvernement par un recours aux ordonnances. Cela engendrerait une adoption du texte sans les éventuelles modifications des parlementaires.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Marine Le Pen, le 16 octobre 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)
Marine Le Pen, le 16 octobre 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

Elle redoute un tour de passe-passe de la part du gouvernement. La cheffe de file des députés du Rassemblement national demande, samedi 18 octobre, au gouvernement d'inscrire la suspension de la réforme des retraites dans le budget de la Sécurité sociale avant son examen. Et ce, pour "assurer sa crédibilité", assure Marine Le Pen, alors que des oppositions craignent de voir la mesure évacuée par des règles constitutionnelles.

Dans un message sur X, l'élue d'extrême droite intime au Premier ministre Sébastien Lecornu de rédiger "une lettre rectificative" sur son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) "pour garantir la viabilité juridique d'une suspension de la réforme des retraites", avant l'examen en commission à l'Assemblée nationale, le 23 octobre. La leader du RN craint notamment un passage en force du gouvernement par un recours aux ordonnances, sans les éventuelles modifications des parlementaires, selon son entourage.

Un amendement ou une modification du texte initial ?

A ce stade, la suspension de la réforme doit passer par un amendement gouvernemental. S'il est adopté, il faudra encore que le PLFSS dans son intégralité soit approuvé au Parlement, avant le 50e jour d'examen. Si ce délai expire sans que le Parlement se soit prononcé, le gouvernement pourra, théoriquement, faire passer le projet de loi par ordonnances, hypothèse sans précédent sous la Ve République, et qui risque de l'exposer à une motion de censure spontanée.

Plusieurs parlementaires des groupes d'oppositions, et des sources au sein de l'exécutif, estiment que dans cette hypothèse, c'est le projet de loi initial qui serait alors retranscrit dans les ordonnances, amputé donc d'un éventuel amendement de suspension de la réforme des retraites.

A l'instar de Marine Le Pen, le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a relayé un message sur X du constitutionnaliste Benjamin Morel en ce sens. Le leader insoumis estime que le gouvernement devrait modifier son texte initial, pour sécuriser la suspension annoncée de la réforme des retraites en cas de recours aux ordonnances. Le spécialiste note toutefois auprès de l'AFP qu'"on n'a pas de recul" sur cette question. "On ne sait même pas si un juge est compétent" quant à l'application des ordonnances. 

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