Perturbations par secteur, manifestations prévues, dispositif sécuritaire... Ce qu'il faut savoir avant la journée de grève du 18 septembre
Les autorités s'attendent à un mouvement de très grande ampleur et évoquent potentiellement la présence de 800 000 participants. De nombreux secteurs d'activité sont concernés et le dispositif de sécurité a été adapté en conséquence.
Un raz-de-marée en prévision. Les autorités françaises attendent plus de 800 000 manifestants dans les rues lors de la grande journée de mobilisation du 18 septembre, a appris franceinfo de source sécuritaire mardi 16 septembre. Les estimations du ministère de l'Intérieur ont donc quadruplé depuis la veille et la journée pourrait être d'une ampleur semblable à la mobilisation contre la réforme des retraites, il y a deux ans. Voici ce qu'il faut retenir.
Le point par secteur
Transports. La circulation des trains sera perturbée dans toute la France, a d'ores et déjà averti la SNCF. Mais tout dépend des lignes. Pour les TGV, "quelques perturbations sont à prévoir (...) mais l'ensemble des clients devrait pouvoir voyager". En revanche, un train sur deux est prévu sur les lignes Intercités et un sur trois pour les TER. En Ile-de-France, sur le réseau SNCF, le trafic sera "fortement perturbé" pour les RER D et E ainsi que les lignes H, N, R et U. Il sera aussi "perturbé" sur les RER A, B et C et les lignes K, L et V. A Paris, à l'exception des lignes 1, 4 et 14 qui sont automatiques, aucun métro ne circulera en dehors des heures de pointe. Certaines lignes franciliennes de bus pourraient être fermées.
Par ailleurs, le service sera proche de la normale dans les aéroports français, puisque le principal syndicat de contrôleurs aériens, le SNCTA, a reporté sa grève.
Santé. L'ensemble des personnels hospitaliers sont appelés à la grève par l'intersyndicale. Du côté des médecins, la principale fédération syndicale, la coalition Action praticiens hôpital" (APH), appelle à "soutenir" le mouvement. Dans les établissements de santé, l'administration a toutefois le pouvoir de réquisitionner une partie des personnels pour maintenir la "continuité des soins". La première organisation syndicale des kinésithérapeutes, la FFMKR, appelle aussi à fermer les cabinets.
Il sera également difficile de trouver une pharmacie ouverte. "On fera des manifestations dans 75 villes de France", a averti Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), sur franceinfo. Au total, 98% des pharmacies seront en grève, selon un sondage de deux syndicats représentatifs. Cette mobilisation avait été prévue avant l'appel de l'intersyndicale, pour dénoncer une baisse du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques.
Commerces. Les commerçants sont "très inquiets" face aux "mouvements de blocage", s'est alarmé Guy Gras, président du Conseil du commerce de France, la semaine dernière. Ce dernier anticipait des "impacts plus graves" que pour le mouvement du 10 septembre, où certains magasins ont dû fermer par mesure de sécurité. Dans les rayons, l'impact devrait être limité, grâce à "un peu plus de stocks en magasins", a rassuré Thierry Cotillard, directeur du groupe Mousquetaires/Intermarché, .
Education. Un tiers des professeurs des écoles seront grévistes, selon les premières estimations du Snuipp, le principal syndicat enseignant du premier degré (écoles maternelles et élémentaires). Les villes de Paris et Marseille seront particulièrement mobilisées, selon le syndicat, avec plus de 45% de grévistes dans la capitale, et au moins 90 écoles fermées. Dans les collèges et lycées, les syndicats appellent aussi à se mobiliser.
Fonction publique. Les huit syndicats représentatifs des 5,8 millions d'agents dans la fonction publique appellent unanimement à la grève contre les mesures d'économies. Ils dénoncent notamment la suppression de 3 000 emplois publics et le gel des rémunérations annoncé par le gouvernement de François Bayrou. La dernière mobilisation significative remonte au 5 décembre 2024, quand près de 20% des agents de la FPE, Education nationale en tête, avaient défilé notamment contre l'allongement du délai de carence.
Energie. La CGT a lancé un appel à la grève depuis le 2 septembre pour les salaires et l'abaissement de la TVA appliquée à l'énergie. Le mouvement se traduit par des piquets de grève dans les stockages de gaz, les terminaux méthaniers et devant les centrales nucléaires et hydrauliques, selon Fabrice Coudour, secrétaire général de la CGT-Energie. La CFE-Energie, premier syndicat d'EDF et deuxième syndicat des industries électriques et gazières, a appelé à débrayer pendant une heure ou à venir dans les cortèges syndicaux.
Dans le secteur de la chimie, la CFDT, premier syndicat de la branche, s'attend à une mobilisation "très soutenue", a annoncé Bruno Bouchard, délégué en charge de la branche chimie, à l'AFP. "On a référencé plus de 150 appels à la grève" dans des entreprises comme TotalEnergies, Sanofi, Arkema, Air Liquide et Kem One notamment, a déclaré Jean-Louis Peyren, secrétaire fédéral de la CGT Chimie pour l'industrie pharmaceutique.
Le point par villes
Plus de 250 manifestations et rassemblements à l'appel d'une intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC, Solidaires, FSU, Unsa) sont recensés pour la journée de mobilisation, a annoncé la CGT dans un communiqué publié mardi. La leader Sophie Binet participera au cortège à Paris, à 14 heures, au départ de la place de la Bastille. Les manifestants marcheront vers la place de la République et termineront leur parcours place de la Nation, comme souvent. La CGT avait d'abord proposé un trajet allant de Bastille à Concorde, ce qui a été refusé par la préfecture. Une manifestation est également prévue à Nanterre (Hauts-de-Seine), à 10 heures, au départ de la place de la Boule.
Des rassemblements sont prévus dans de très nombreuses villes. A Clermont-Ferrand, le rassemblement aura lieu à 10 heures sur la place du 1er-Mai, avant un défilé dans les rues de la ville jusqu'à la préfecture. Les manifestants ont rendez-vous à Aurillac, à 10 heures, devant la Sécurité sociale. A Marseille, une manifestation démarrera du Vieux-Port à 10h30, a annoncé la CGT des Bouches-du-Rhône. Les syndicats ont également donné rendez-vous dans plusieurs alentour (Aix-en-Provence à 10h30 devant le rectorat, Arles à 10h30 devant le kiosque à musique, Avignon à 10h30 cours Jean-Jarès...), signale France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les manifestants ont également rendez-vous à 10h30 à Nantes, devant le miroir d'eau, et à Montpellier, sur la place Albert-Ier. A Lyon, les manifestants se rassembleront à 11 heures à la Manufacture des tabacs pour rejoindre la place Bellecour. Le cortège traversera le cours Gambetta, Guillotière, puis Antonin-Poncet, précise France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
A Strasbourg, la manifestation partira à 14 heures de la place de la République. A Mulhouse, un cortège est prévu à la même heure depuis la place de la Bourse. A Bordeaux, celles et ceux qui souhaitent rejoindre le cortège sont invités à se rassembler à 14 heures sur la place de la Bourse. Même horaire à Toulouse, où une marche est prévue entre la place Saint-Cyprien et les allées Jean-Jaurès. A Lille, le cortège partira de la porte de Paris, à 14h30, et à Saint-Flour, il partira à 17h30 du rond-point de l'Octroi. Impossible d'être ici exhaustif mais voici encore quelques horaires : Nice (10 heures), Cahors (14h30), Dole (10h30), Besançon (14 heures), Le Puy-en-Velay (10h30), Metz (14 heures), Guéret (10h30), Sète (10h30) et Rodez (14 heures).
Le point sur le dispositif sécuritaire
L'ampleur de cette journée de mobilisation est bien supérieure à celle du 10 septembre, qui avait rassemblé 200 000 manifestants sous le mot d'ordre "Bloquons tout", selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur. Les services de renseignement, cités par une source proche du dossier, relèvent l'unité des syndicats et un climat de colère dans le pays.
En plus des manifestations prévues et déclarées en préfecture, les autorités s'attendent à des actions coups-de-poing un peu partout, tôt le matin, et à la présence de radicaux qui tenteront de former des blocs devant les cortèges dans les grandes villes. Les services de renseignement anticipent également la présence de 8 000 et 10 000 casseurs animés par une haine "antiflic", a appris France Télévisions auprès du ministère de l'Intérieur. Bruno Retailleau, le ministre démissionnaire, a ainsi demandé d'empêcher "toute tentative de blocage des infrastructures essentielles" dans un télégramme adressé aux préfets. "Les risques de troubles à l'ordre public sont importants en raison de la présence de groupuscules d'ultragauche qui essaieront d'infiltrer les cortèges officiels", a-t-il écrit notamment.
Bruno Retailleau a de nouveau demandé "de la fermeté" et "de l'autorité", mercredi 17 septembre, sur le plateau de BFMTV. Et face aux menaces de débordements, il a évoqué des "moyens massifs et des consignes claires", avec notamment "plus de 80 000 policiers et gendarmes", des "drones", vingt-quatre véhicules blindés Centaure et "dix engins lanceurs d'eau". Un dispositif inédit depuis le mouvement des "gilets jaunes" en 2019. Il a également évoqué "des mesures de prévention, avec l'autorité judiciaire", comme "des fouilles" afin de vérifier la présence ou non, dans les sacs, d'"objets qui peuvent être des armes par destination".
Les points d'attention pour les forces de l'ordre restent les grandes villes, particulièrement Paris, où les autorités anticipent entre 30 000 et 60 000 manifestants, mais également les villes de Rennes, Nantes, Toulouse, Dijon, Lyon, Montpellier et Bordeaux. Dans la capitale, comme lors de chaque journée d'action, les lieux emblématiques du pouvoir tels que l'Elysée, Matignon, l'Assemblée nationale ou le Sénat feront l'objet d'une protection renforcée.
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