Enlèvements liés aux cryptos : un acteur du secteur juge que "le discours ambiant sur les cryptomonnaies participe au climat délétère"

Une demi-douzaine d'attaques ont eu lieu contre des personnes liées aux cryptomonnaies depuis janvier. Le patron d'une plateforme française est reçu vendredi par Bruno Retailleau. Le secteur alerte aussi sur les risques importants de fuite de données personnelles.

Article rédigé par franceinfo
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Des pièces de cryptomonnaies. Image d'illustration. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)
Des pièces de cryptomonnaies. Image d'illustration. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)

La priorité est d'assurer la sécurité physique des investisseurs. Une demi-douzaine d'attaques ont été recensées depuis le début de l'année en France. Dernière en date, mardi 13 mai, en plein Paris, la fille et le petit-fils du PDG de la plateforme Paymium qui échappent de peu à un kidnapping par quatre hommes encagoulés en camionnette.

"Je ne vais pas dire que c'est la joie", concède Alexandre Stachtchenko, directeur stratégique de Paymium, plateforme d'échange de Bitcoin. Son patron est présent vendredi matin place Beauvau. "Ce n'est pas normal qu'une industrie, en particulier en France, se retrouve à quasiment vivre en état de siège avec un enlèvement par mois ou par semaine. Il y avait des influenceurs qui se faisaient agresser chez eux. Même les personnes qui sont tout à fait discrètes et qui n'en parlent pas commencent à se faire cibler", glisse-t-il

"La plupart de ces fantasmes sont faux"

Une insécurité dénoncée par le cofondateur de Ledger, une autre plateforme française. Éric Larchevêque parle de cibles dans le dos des investisseurs. En début d'année, son associé David Balland a été kidnappé pendant 24 heures avec sa compagne, dans le Cher. Les ravisseurs avaient demandé une importante rançon en cryptomonnaie. "Le discours ambiant sur les cryptomonnaies participe au climat délétère, estime Alexandre Stachtchenko. Lorsque l'on parle du sujet crypto dans le débat public, c'est pour au choix parler de spéculation, d'argent mal gagné, de criminalité, de terrorisme ou de destruction de la planète... La plupart de ces fantasmes sont largement faux."

"La considération, effectivement, serait un premier pas qui serait déjà une première victoire."

Alexandre Stachtchenko, directeur stratégique de Paymium

à franceinfo

Le secteur entend aussi dénoncer la réglementation européenne en matière de collecte de données, ces informations personnelles – nom, prénom et adresse – que les utilisateurs de cryptos sont obligés de remplir et qui se retrouvent parfois entre de mauvaises mains en cas de fuite ou de piratage.

"On est en train de constituer des fichiers parce qu'on est obligés par la loi, et ces fichiers sortiront, ils seront hackés, avertit Alexandre Stachtchenko. Les banques se font pirater, France Travail aussi, Dior pareil... Tout le monde se fait hacker ! Donc concrètement, ça veut dire qu'on met en danger physiquement les gens en constituant des registres gigantesques dans lesquels les criminels n'auront plus qu'à faire leur marché en sélectionnant qui est le plus riche en Europe et où il habite", conclut-il, soulignant le risque d'une fuite des talents dans des paradis fiscaux, notamment Dubaï.

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