Bruno Le Maire est-il vraiment "l’homme aux 1 000 milliards d'euros de dette" ?
Oui, la dette a bien augmenté de plus de 1 000 milliards d'euros depuis 2017, mais cela est lié, pour l'essentiel, aux crises traversées, et pas seulement à ses choix économiques. De plus, observer l'évolution de la dette en montant brut n'a pas de sens pour les économistes.
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À peine nommé, Sébastien Lecornu a présenté sa démission lundi 6 octobre, quelques heures seulement après la formation de son gouvernement. Une chute record qui plonge l'exécutif dans une nouvelle crise politique. Au moment d'annoncer son gouvernement, c'est un ancien ministre qui s'était retrouvé dans le viseur des oppositions : Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Économie (2017-2024), désigné aux Armées. Il est notamment accusé d'être "l'homme aux 1 000 milliards d'euros de dette".
Mais ce chiffre, devenu argument politique, mérite d'être expliqué.
Oui, la dette a bien augmenté de 1 000 milliards d'euros
Entre fin 2017 et fin 2024, la dette publique française est passée de 2 218 milliards à environ 3 305 milliards d'euros, selon l'Insee. En valeur brute, cela représente bien environ 1 100 milliards d'euros de plus sur la période.
Mais attention, les économistes rappellent que ce n'est pas le bon indicateur pour juger du niveau d'endettement d'un pays. La bonne mesure, c'est la dette rapportée à la richesse du pays. Plutôt que de regarder la dette "en euros", les économistes la comparent à la richesse produite chaque année, ce qu'on appelle le PIB.
Et rapportée à cette richesse, la dette n'a pas explosé : elle est passée d'environ 97% du PIB en 2017 à 114% aujourd'hui. Autrement dit, elle a augmenté, mais moins vite que les chiffres bruts ne le laissent croire.
Les crises expliquent l'essentiel de cette dette
À Bercy, Bruno Le Maire a connu deux crises majeures qui justifient en grande partie ces plus de 1 000 milliards d'euros de dette supplémentaire. Il y a d'abord eu la pandémie de Covid-19, avec le "quoi qu'il en coûte" lancé par Emmanuel Macron, puis il y a eu la guerre en Ukraine, qui a entraîné la flambée des prix de l'énergie et la mise en place du bouclier tarifaire.
Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), ces crises expliquent entre la moitié et les deux tiers de la hausse de la dette publique depuis 2017. Autrement dit, la majeure partie de cette dette a servi à protéger les citoyens, les entreprises et les emplois pendant ces périodes exceptionnelles.
Des choix budgétaires durables, mais minoritaires
Le reste du creusement de la dette vient de décisions budgétaires pérennes, prises avant ou après les crises, comme la baisse de l'impôt sur le revenu, la suppression de la taxe d'habitation, la suppression de l'ISF ou encore les aides fiscales accordées après la crise des "gilets jaunes". Ces mesures non compensées ont alourdi la dette d'environ 4 à 6 points de PIB, soit 120 à 170 milliards d'euros, selon les estimations de l'OFCE.
C'est important, mais loin des 1 000 milliards d'euros évoqués par les opposants à Bruno Le Maire. Pour l'économiste Xavier Ragot, président de l'OFCE, il faut distinguer les dettes "subies" des dettes "choisies". "La dette liée aux crises, c'est plutôt de la bonne dette publique (…) celle qui protège les citoyens et évite les faillites" précise l'économiste.
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