Quand l'Agence pour l'intégrité du tennis vient au soutien des joueurs visés par ses enquêtes pour dopage ou corruption

L'Agence internationale pour l'intégrité du tennis (Itia) va expérimenter un dispositif de soutien psychologique et financier aux joueurs visés par ses enquêtes, a-t-elle annoncé, mercredi, dans un communiqué.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'Italien et ex-numéro 1 mondial Jannik Sinner en conférence de presse à l'occasion du Masters 1000 de Shanghai, le 2 octobre 2025. (JADE GAO / AFP)
L'Italien et ex-numéro 1 mondial Jannik Sinner en conférence de presse à l'occasion du Masters 1000 de Shanghai, le 2 octobre 2025. (JADE GAO / AFP)

Une aide pour les joueuses et joueurs de tennis soupçonnés de dopage ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est bien ce que l'Itia a annoncé dans un communiqué [en anglais], mercredi 8 octobre, souhaitant mettre en place un soutien psychologique et financier pour tous les joueurs visés par ses enquêtes. "Cette expérimentation débute immédiatement" et ses résultats seront évalués "à la fin de l'année 2026", précise l'instance chargée de la lutte antidopage et anticorruption dans le milieu du tennis.

Jusqu'à 4 300 euros d'aides financières

Cette nouvelle offre de soutien sera proposée "à toute personne impliquée dans une enquête de l'Itia et comprendra une aide financière pour faire tester des produits" dans des laboratoires accrédités par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Ce soutien financier, destiné à faire tester, par exemple, des compléments alimentaires ou des médicaments qu'un joueur penserait contaminés par un produit dopant, pourra atteindre jusqu'à 5 000 dollars (environ 4 300 euros).

En 2025, le n°1 mondial Jannik Sinner a été suspendu trois mois à la suite d'un accord avec l'AMA, après des contrôles datant de 2024, qui lui avaient valu de brèves suspensions à l'époque. L'Itia avait blanchi l'Italien, acceptant la thèse d'un produit interdit introduit à son insu dans son organisme. En 2024, l'Itia a condamné l'actuelle numéro 2 mondiale Iga Swiatek, quadruple vainqueure de Roland-Garros, à un mois de suspension après un contrôle positif à la trimétazidine, une substance interdite. La Polonaise avait soutenu que ce test positif était dû à l'ingestion de médicaments contaminée, une explication acceptée par l'Itia.

En septembre 2023, l'ancienne n°1 mondiale Simona Halep avait été condamnée à une suspension de quatre ans pour dopage, après une première suspension provisoire décidée en octobre 2022, avant que le Tribunal arbitral du sport (TAS), en mars 2024, ne réduise la sanction à neuf mois, accréditant la thèse défendue par la Roumaine d'une contamination par un complément alimentaire.

Grâce à cette expérimentation, les joueurs affirmant qu'un test positif est dû à la consommation de viande contaminée pourront également bénéficier d'un autre soutien financier de 5 000 dollars. Ces deux aides, qui ne sont pas cumulables, "sont accessibles à tous les joueurs", quelles que soient leurs ressources financières, a précisé à l'AFP la directrice générale de l'Itia, Karen Moorhouse. "Mais notre objectif est vraiment (de soutenir) les joueurs ayant moins de ressources. Nous sommes conscients de l'impact que nos procédures ont pour ces joueurs", a-t-elle poursuivi.

"Quoi qu'il se soit passé, nous avons affaire à des êtres humains et nous voulons nous assurer que nous les soutenons pendant la procédure."

Karen Moorhouse, directrice générale de l'Itia

à l'AFP

"Toute personne impliquée dans une enquête antidopage ou anticorruption mérite d'avoir la possibilité de se défendre ou de s'expliquer, a également assuré la patronne de l'agence. Les personnes se retrouvent dans ces situations pour de nombreuses raisons, et quelles que soient ces raisons et l'issue de l'affaire, elles méritent d'avoir quelqu'un à qui parler."

En plus des aides financières, les joueurs visés par des enquêtes de l'Itia auront droit à six séances avec une organisation spécialisée dans la santé psychologique des sportifs, et à des conseils juridiques gratuits pour préparer leur défense. Après les contrôles positifs de Swiatek et de l'ex-numéro 1 mondial Jannik Sinner en 2024, plusieurs joueurs avaient critiqué les autorités antidopage, tantôt pour dénoncer leur clémence supposée envers deux figures majeures du tennis mondial, tantôt pour leur reprocher leur sévérité excessive.

"Il existe pour presque chaque produit une possibilité qu'il soit contaminé", soulignait, en avril, le Norvégien Casper Ruud, 12e au classement ATP. "On est très exposés en tant que sportifs, et ça fait un peu peur. On ne peut pas tout contrôler", avait-il insisté.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.