Top 14 : disparition tragique, blessure de Dupont, jeu moins séduisant... Toulouse a tenu son rang jusqu'à la finale malgré une saison de secousses

Meurtri par une disparition et des absences de joueurs majeurs, le Stade toulousain est parvenu à réaliser une grande saison régulière. Mais le double tenant du titre n'aura pas les faveurs habituelles des pronostics face à l'Union Bordeaux-Bègles en finale, samedi.

Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les joueurs du Stade Toulousain Pita Akhi et Santiago Chocobares lors de la demi-finale de Top 14 face à Bayonne, le 20 juin 2025. (MAXPPP)
Les joueurs du Stade Toulousain Pita Akhi et Santiago Chocobares lors de la demi-finale de Top 14 face à Bayonne, le 20 juin 2025. (MAXPPP)

"On a vécu une saison en enfer". Ces mots sont ceux d'Ugo Mola, l'entraîneur du Stade toulousain, après la demi-finale de Top 14 pourtant remportée face à Bayonne, vendredi 20 juin. Une sortie paradoxale pour une équipe qualifiée en finale, samedi 28 juin (à 21h05 en direct sur France 2 et france.tv) contre Bordeaux-Bègles, pour la troisième fois de suite mais qui résume l'année de soubresauts des doubles tenants du titre. "Oui, on est meilleure attaque et meilleure défense mais on a vécu une saison en enfer : en termes de blessures, de situations un peu complexes à gérer. Etre en finale de cette saison-là, avec ce qui s'est passé, c'est la performance d'un groupe qui n'a pas lâché, qui est résilient", a ajouté l'entraîneur du Stade Toulousain.

En regardant les résultats bruts, Toulouse a effectivement régné sur la saison régulière de championnat, avec la meilleure attaque et la meilleure défense, et 12 points d'avance sur son dauphin bordelo-béglais, son adversaire en finale. Mais le groupe Rouge et Noir a souffert parfois sur et surtout en dehors du terrain. Cela avait débuté l'été dernier, avec la disparition d'un espoir du club, Medhi Narjissi, disparu en mer en Afrique du Sud lors d'un stage avec l'équipe de France U18. Un événement tragique qui a profondément meurtri le club, au point de plusieurs fois lui rendre hommage durant la saison.

En coulisses, l'amende de 1,3 million d'euros pour le club haut-garonnais en mars, dans le cadre du transfert de Melvyn Jaminet, a également secoué le champion de France. Puis sur le terrain, la blessure dans le sprint final de trois cadres de l'équipe, Antoine Dupont le 8 mars, Peato Mauvaka le 30 avril et Ange Capuozzo le 8 juin (en plus d'Alexandre Roumat pour la finale), ont ébranlé l'édifice d'ordinaire si solide sur les appuis des Toulousains. Grâce à un effectif énorme et une confiance croissante envers les jeunes, les absences du talonneur - suppléé par Julien Marchand - et de l'ailier/arrière - secondé par Blair Kinghorn, Matthis Lebel voire Juan Cruz Mallia - ont pu être digérées. 

La vie sans Dupont

Celle du demi de mêlée s'est en revanche fait beaucoup plus ressentir. Paul Graou et Naoto Saito ont tenté, comme ils pouvaient, de faire oublier l'impact du meilleur joueur du monde 2021, le jeu toulousain s'en est trouvé plus prévisible et moins explosif. La demi-finale contre Bayonne en a été un exemple symptomatique. Normalement bien supérieurs à des Bayonnais qui n'avaient plus rejoint les demies depuis 42 ans, les Toulousains s'en sont sortis sans la manière (32-25), avec un contenu brouillon et seulement deux essais marqués.

Toulouse arrive donc, samedi, avec l'assurance de sa puissance et la force de l'habitude puisqu'il disputera sa 31e finale (pour 23 titres), et la cinquième en six ans. D'autant plus qu'il avait giflé le même adversaire en finale l'an passé (59-3).

Mais la joue rougie des Bordelais a désenflé depuis, et de quelle manière. L'UBB a battu le Stade toulousain lors de leurs trois confrontations cette saison, dont une marquante en demi-finale de Champions Cup. "On ne prépare pas ça en se disant que c'est une revanche mais en se disant qu'on a réussi à revenir et que maintenant, il faut savoir si on a appris, si on a grandi", a souligné Maxime Lucu.

Avec la "Patrouille de France", sa ligne de trois quarts estampillée XV de France (Lucu, Jalibert, Moefana, Penaud, Bielle-Biarrey), et un paquet d'avants très solides, les hommes de Yannick Bru ont désormais toutes les clés pour ravir le premier Brennus de leur histoire (le titre de 1991 remporté par les "Rapetous" de Moscato l'avait été au sein de Bègles-Bordeaux, dont l'équipe professionnelle a disparu en 2004) et rendre la gifle plutôt que tendre l'autre joue. De là à être favoris samedi ? "Ce sera un match difficile, Bordeaux-Bègles s'est clairement amélioré. Ce n'est pas la même équipe que celle que nous avons affrontée l'an dernier en finale", a prévenu Jerome Kaino, l'entraîneur adjoint au Stade toulousain.

La densité du groupe toulousain lui a permis, malgré des vents parfois contraires, de se retrouver encore en mesure de jouer le titre. Mais ce sera seulement la deuxième fois, après 2008 face à Clermont, que les Rouge et Noir abordent un dernier rendez-vous sans avoir battu au moins à une reprise leur adversaire durant la saison. "Bien évidemment, on se demande toujours ce qu'on peut faire de mieux. De là à dire qu'on doute ? Je pense que c'est un mot trop fort", a évacué Thomas Ramos en conférence de presse vendredi.

Leur série de 10 victoires de suite en finale (sept en Top 14 et trois en Coupe d'Europe) s'arrêtera-t-elle au Stade de France pour offrir à l'UBB le cinquième doublé Top 14-Champions Cup de l'histoire après Toulon (2014) et Toulouse (1996, 2021, 2024) ?

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.