Témoignage de Sébastien Chabal : "Il y a une dizaine d'années, on était moins sensibilisés aux commotions cérébrales", confie-t-on dans ce club de rugby amateur

Jeudi, la star du XV de France a révélé n'avoir plus aucun souvenir des matchs de rugby qu'il a joué durant sa carrière, en raison des nombreux chocs qu'il a subis.

Article rédigé par Guillaume Battin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un match de rugby amateur à Toreilles (Pyrénées - Orientales), le 8 février 2020. (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)
Un match de rugby amateur à Toreilles (Pyrénées - Orientales), le 8 février 2020. (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)

C'est un témoignage choc signé Sebastien Chabal. L'une des icônes du rugby français a donné une interview sur YouTube dans l'émission Legend. Il confie n'avoir plus aucun souvenir de ces matchs sous le maillot de l'équipe de France, ni même de la naissance de sa fille. Le témoignage saisissant de l'ancien joueur, aujourd'hui âgé de 47 ans, alors que l'on évoque de plus en plus les problèmes de commotions dans le rugby.

Une réalité que constatent les joueurs amateurs, notamment au Sporting Club Universitaire de France dans le 17e arrondissement de Paris. Nicolas sort de deux heures d'entraînement avec l'équipe senior. Il a 28 ans, dont 15 ans de rugby derrière lui.

"A chaque match, on prend des coups"

"Cette année, j'ai pris un bon choc, reconnaît-il. Pour le coup, c'était plus une rigolade avec un pote, on a fait un petit un contre un pour rigoler, et au moment du plaquage, j'ai mal placé ma tête. Du coup, j'ai eu des fourmis et je me suis un petit peu éteint. À chaque match, on prend des coups, et le lendemain on sait qu'on est secoué... Mais c'est ce qu'on aime aussi."

"Je commence à me dire qu'avoir des blessures, au bout d'un moment, il faut peut-être passer à autre chose."

Nicolas, 28 ans

à franceinfo

Issam joue dans la même équipe que Nicolas. Il est 2e ligne, le même poste que Sébastien Chabal : "À l’époque où Chabal jouait, ça mettait des gros placards, un peu de partout. Après, à mon niveau en amateur, les règles sont un peu plus strictes, les plaquages sont plus bas, fait-il remarquer. Dans notre équipe, les gens donnent de leur corps, mais savent aussi s'écouter et ne pas se sacrifier jusqu'au bout, au point de ne plus se rappeler des matchs qu'ils ont fait en amateur."

"Aujourd'hui, on est bien formés"

Benoît, lui, entraîne les moins de 18 ans du club. Cette saison, en 80 entraînements et 20 matchs, il a assisté à trois commotions, trois chocs à la tête : "Aujourd'hui, on est bien formés. Ce n'était pas le cas il y a une dizaine d'années, on était moins sensibilisés, moins éveillés. Aujourd'hui, on est assez prudent dès qu'on suspecte, dès qu'on voit que les joueurs ont pris des coups. Il y a un protocole qui a été établi par la Fédération française de rugby et qui permet d'être prudents."

Si plusieurs études ont pointé le lien entre ces chocs à répétition et l'apparition de maladies neurodégénératives, pouvant causer une démence précoce, des pertes de mémoire, et à terme une perte totale de l'autonomie, la plupart des joueurs ne portent pas le casque. Ou alors seulement pour protéger leurs oreilles.

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