"Des dirigeants qui restent en place" pour des "résultats catastrophiques"... Les propriétaires de Lens et de l'OM chargent la LFP et Vincent Labrune

Joseph Oughourlian et Frank McCourt ne mâchent pas leurs mots face à la crise économique que traversent les clubs français et qu'ils attribuent à la Ligue de football professionnel (LFP).

Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Joseph Oughourlian, propriétaire du RC Lens, et Frank McCourt, propriétaire de l'Olympique de Marseille. (AFP)
Joseph Oughourlian, propriétaire du RC Lens, et Frank McCourt, propriétaire de l'Olympique de Marseille. (AFP)

Des droits TV au plus bas, la peur de la disparition de certains clubs, la perte de compétitivité des clubs français… Joseph Oughourlian, propriétaire et président du RC Lens, et Frank McCourt, propriétaire de l'Olympique de Marseille, montent au créneau pour réclamer du changement à la Ligue de football professionnel (LFP), dans une interview donnée au Figaro, vendredi 5 septembre. Vincent Labrune, son président, n'est pas cité, mais en prend pour son grade.

Vincent Labrune, au cœur des critiques

"On nous avait promis en septembre 2023 près d'un milliard d'euros pour l'ensemble des droits TV […]. Aujourd'hui, on ne sait pas vraiment combien on va gagner avec Ligue 1+. Peut-être entre 200-300 millions d'euros. En parallèle, les frais de fonctionnement de la Ligue et de sa présidence ont explosé", pointe du doigt Joseph Oughourlian.

Le salaire de Vincent Labrune, porté à 1,2 million d'euros par an avant d'être raboté de 30% devant la polémique, reste aussi en travers de la gorge du dirigeant lensois. "Des dirigeants qui restent en place, payés des millions, alors que les résultats sont catastrophiques, c'est absurde", poursuit-il, en considérant que "la LFP a failli à sa mission" et qu'elle a "abandonné les clubs". Frank McCourt le rejoint : selon lui, la gouvernance de la LFP est "opaque et inefficace" et "son management absent"

Interrogé par l'AFP, l'entourage de Vincent Labrune a réagi et a dénoncé "une fausse polémique" lancée par ceux "qui n'ont jamais digéré l'élection de 2024" et la réélection du président de la LFP. "Il y a six mois, ils annonçaient la faillite du football français. Résultat ? Aucun club n'a fait défaut. On ne peut pas à la fois dire que quand ça va mal, c'est de la faute de Vincent Labrune et quand ça va mieux, il n'y est pour rien !".

Des louanges pour Nicolas de Tavernost qui a lancé Ligue 1+

Le seul à la LFP qui semble avoir du crédit aux yeux de Joseph Oughourlian et Frank McCourt, est Nicolas de Tavernost, nommé directeur de LFP Media, qui a créé Ligue 1+ pour retransmettre le championnat. Son travail est "un incontestable succès", selon le président du RC Lens, avec un "démarrage remarquable, en un temps très court", salué par Frank McCourt. "C'est la preuve que des sujets complexes, lorsqu'ils sont confiés aux personnes compétentes, aboutissent à des résultats positifs. Le football français, en tant que produit, reste excellent. C'est juste une question de leadership et de gouvernance de ses instances", ajoute le dirigeant artésien. 

"Les clubs doivent s'unir derrière Nicolas et ce projet. Accès aux vestiaires, aux joueurs, aux coulisses… Tous les clubs doivent travailler pour offrir enfin tout ce que les supporters attendent et méritent", réclame aussi le propriétaire américain de l'OM, sur le modèle de ce qui se fait aux Etats-Unis. Un avis que partage l'entourage de Vincent Labrune qui, dans Le Figaro, critique les deux présidents en affirmant : "Ces mêmes voix affirmaient que Canal+ reviendrait dès que Vincent Labrune ne serait plus directement en charge des droits domestiques. On voit le résultat : Canal+ n'est pas revenu. Et L1+ a été lancée avec succès, grâce au travail remarquable de LFP Media et de Nicolas de Tavernost qu'a fait venir Vincent Labrune pour s'occuper du dossier."

Des visions différentes de celle de Nasser Al-Khelaïfi 

Sans citer le PSG, Joseph Oughourlian affirme que la LFP "ne travaille pas pour l'ensemble des clubs". On se rappelle tout de même son accrochage – dans une réunion entre dirigeants de Ligue 1 révélée par "Complément d'Enquête" – avec son homologue parisien Nasser Al-Khelaïfi, qui lui avait rétorqué qu'il ne comprenait "rien aux médias", quand le Lensois évoquait un éventuel conflit d'intérêts à choisir BeIN Sport, chaîne qatarie, comme diffuseur.

"Joseph et moi avons de très bonnes relations avec Nasser, tempère Frank McCourt. Nous voyons juste le monde différemment. Il a récemment expliqué que le sacre du PSG en C1 était la preuve que les choses fonctionnent bien au sein de la LFP. Pour lui, la Ligue semble fonctionner parce que ça fonctionne bien pour le PSG. Je pense que nous avons une vision nettement différente du sujet". 

Une volonté de réforme

Les deux dirigeants estiment qu'il faut "revoir la gouvernance, mettre en place un management compétent, éliminer les conflits d'intérêts et garantir une transparence totale", selon les mots de Frank McCourt. Aujourd'hui, "le football français est une organisation à trois têtes : la LFP, censée représenter les clubs, les clubs eux-mêmes puis la Fédération française de football", constate-t-il. "Nous n'avons pas besoin d'un schéma aussi complexe, uniquement de deux entités partenaires, les clubs professionnels d'un côté et la Fédération de l'autre, qui travailleraient ensemble pour faire grandir notre sport. Les clubs composeront cette nouvelle organisation autour d'un principe indispensable : un club, un vote", explique Frank McCourt, sans toutefois être plus clair ou entrer davantage dans les détails des mesures à mettre en place.

Dans l'entourage de Vincent Labrune, on rétorque : "Quand ils réclament une réforme de la gouvernance pour s'inspirer du modèle anglais, ils oublient que c'est précisément cette réforme que Vincent Labrune a portée avec constance, en annonçant d'ailleurs dès le départ qu'il n'irait pas au bout de son mandat dans ce nouveau cadre."

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