Mondiaux d'athlétisme : les médailles de Gressier, la démonstration de McLaughlin, l'humidité... Ce qu'on a aimé et moins aimé sur cette édition 2025
Les championnats du monde se sont achevés dimanche à Tokyo. Les Etats-Unis ont écrasé les débats avec 26 breloques, dont 16 en or. Ils devancent le Kenya et le Canada. De son côté, la France a décroché une breloque en or et une en bronze, grâce à Jimmy Gressier.
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Quatre ans après les Jeux olympiques de Tokyo, l'athlétisme mondial était de retour dans le stade national du Japon. La capitale a accueilli les plus grandes stars de la piste – malgré plusieurs absents de marque – du 13 au 21 septembre dans son antre moderne et cette fois-ci remplie de spectateurs. De la première médaille d'or remise au marcheur canadien Ethan Dunfee sur 35 kilomètres à l'ultime sacre des Américains sur le relais 4x100 m, le championnat a réservé son lot de surprises et de confirmations : voici ce que franceinfo: sport en retient.
On a aimé :
Le sacre de Jimmy Gressier, premier Français de l'histoire titré sur 10 000 m
La France n'avait plus entendu résonner une Marseillaise lors d'un championnat du monde depuis trois ans et l'or de Kevin Mayer sur le décathlon à Eugene, aux Etats-Unis. Jimmy Gressier s'est chargé de remettre des accents francophones sur le podium en décrochant l'or sur le 10 000 m, à l'issue d'une dernière ligne droite superbe, dimanche 13 septembre. Dans une course sur un rythme lent, où les coureurs des Hauts-Plateaux n'ont jamais pris leur responsabilité, le Boulonnais a fait parler sa pointe de vitesse pour devenir le premier Tricolore champion du monde de la distance.
Au passage, il "brise un mythe", d'après les mots du fondeur Yann Schrub, selon lequel le 10 000 m était une chasse gardée des Africains. Une semaine plus tard sur le 5 000 m, il décroche le bronze, devenant le troisième Français de l'histoire à remporter deux breloques en individuel sur un même championnat du monde.
La démonstration de l'Américaine Sydney McLaughlin sur 400 m
Le tartan tokyoïte lui réussit décidément bien. Lors des Jeux olympiques 2021, l'Américaine Sydney McLaughlin avait survolé la concurrence sur 400 m haies en rabotant son propre record du monde d'une demi-seconde (51"46). Quatre ans plus tard, la double championne olympique en titre du "4H" a basculé sur 400 m plat (sans haies) pour s'offrir un nouveau challenge. Apprentissage express pour l'Américaine de 26 ans qui se distingue par sa superbe foulée et son relâchement jusqu'à la ligne d'arrivée.
Après avoir fait forte impression en demi-finales (48"29), Sydney McLaughlin s'est approchée à dix-huit centièmes du record du monde de Marita Koch (47"60), vieux de quarante ans et réalisé dans une période gangrenée par le dopage. Dans son sillage, elle a emmené sa dauphine dominicaine Marileidy Paulino sous la barre des 48 secondes (47"98).
Des concours pour rentrer dans l'histoire au lancer du marteau
Après l'or aux Jeux de Paris, Ethan Katzberg et Camryn Rogers ont confirmé que le Canada avait mis la main sur le lancer du marteau. En plus d'ajouter un sacre mondial à leur sacre olympique, les deux athlètes ont surtout marqué un grand coup. Camryn Rogers, d'abord, a survolé les débats en envoyant son engin à 80,51 m, soit la deuxième meilleure performance de l'histoire et nouveau record du Canada. La Canadienne continue de s'approcher du record du monde (82,98 m) de la Polonaise Anita Wlodarczyk, 6e à Tokyo.
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Chez les hommes, Ethan Katzberg a aussi dépoussiéré son propre record national, avec un jet à 84,70 m. Record des championnats du monde, la performance le place au 5e rang de l'histoire mondiale des lanceurs de marteau. Dommage que ces concours n'aient pas eu l'exposition médiatique méritée.
Les surprises sur les courses de fond
Traditionnellement, les courses de fond sont celles qui réservent le moins de suspense. La suprématie africaine, notamment d'athlètes des Hauts-Plateaux (Kenya, Ethiopie, Ouganda), laisse rarement de la place aux autres. Cette année, dans la touffeur de Tokyo, le championnat a réservé des surprises. Le double champion du monde et double champion olympique en titre marocain Soufiane El Bakkali a par exemple été coiffé sur la ligne par le Néo-Zélandais Geordie Beamish (pour sept centièmes).
Après s'être illustrée aux JO de Paris, l'Italienne Nadia Battocletti est montée par deux fois sur le podium : derrière deux Kényanes (Beatrice Chebet et Faith Kipyegon) sur le 5 000 m et entre une Kényane (Beatrice Chebet) et une Ethiopienne (Gudaf Tsegay) sur le 10 000 m. Sur le marathon, on retiendra l'immense surprise de l'Uruguayenne Julia Paternain, qui découvre quelques mètres avant l'arrivée qu'elle est troisième. Surtout, le 5 000 m masculin a accouché pour la première fois depuis 1983 d'un podium sans coureur africain.
On a moins aimé
La touffeur suffocante de Tokyo
Malgré des Mondiaux déplacés à la mi-septembre pour éviter le risque de canicule durant les mois d'été, les championnats se sont tout de même déroulés dans une très forte chaleur et humidité rendant l'atmosphère étouffante. Avec un ressenti qui a frôlé les 41 degrés à son pic, le jour de la finale de la perche féminine, il valait mieux adopter les modes locales en s'équipant d'un petit ventilateur électrique.
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Lancés à 7h30 samedi 13 septembre, sous une trentaine de degrés et près de 80% d'humidité, les marcheurs et marcheuses du 35 kilomètres ont été les premiers à éprouver ces conditions météo extrêmes, qui ont provoqué des défaillances en série et surtout brutales. Le Français Aurélien Quinion, perclus de crampes alors qu'il était en lice pour une médaille, en a fait l'amère expérience. Seul avantage : ces paramètres ont rendu les courses plus incertaines, garantissant le suspense. Le mercure a fini par chuter drastiquement (autour de 23 à 25 degrés) en fin de championnat.
Le nombre de Français arrivés hors de forme
Si le bilan français correspond à ce qui était attendu (deux médailles), avec même du mieux concernant le nombre de finalistes (16 contre huit en 2023), l'ampleur du nombre d'athlètes tricolores arrivés hors de forme surprend. Pourtant, plusieurs têtes d'affiche (Cyréna Samba-Mayela, Alice Finot, Clément Ducos) avaient déclaré forfait ou pas décroché leur sélection pour Tokyo.
Ainsi, après une saison gâchée par une entorse, Louise Maraval n'a pas réussi à sortir des séries sur 400 m haies, alors qu'un an plus tôt elle terminait 8e de la finale olympique. Fatigué par les suites d'une contamination au Covid, Gabriel Tual, 6e des JO, n'a pas eu les jambes pour faire mieux qu'une demi-finale. Minée par une longue liste de pépins physiques cette saison, Auriana Lazraq-Klhass a vécu un heptathlon très difficile, terminant seulement 18e. Le hurdleur Sasha Zhoya a lui dû renoncer à sa demi-finale du 110 m haies, touché à la cuisse. Il était arrivé à Tokyo déjà blessé, annonçant d'emblée qu'il n'était pas certain de pouvoir courir. La question du bénéfice à emmener ces athlètes se pose.
L'ambiance terne malgré des tribunes plutôt remplies
Sebastian Coe, le président de World Athletics, en avait fait une priorité : remplir le stade national du Japon durant les Mondiaux 2025 pour faire oublier les tribunes vides des JO de Tokyo en temps de Covid. Avec 600 000 billets vendus, selon la Fédération internationale, le pari a quasiment été rempli. Certaines sessions ont fait le plein, mais d'autres ont sonné plus creux, comme celle de mardi 16 septembre, au lendemain d'un jour férié au Japon.
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Néanmoins si les sièges étaient occupés, on regrette le manque d'ambiance qui a parfois donné l'impression que la session n'avait pas commencé. Les Japonais étaient certes copieusement applaudis et encouragés, mais les stars internationales ont rarement reçu des ovations, à l'exception notable de la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce, qui s'est offert une tournée d'adieu à Tokyo.
Julian Alfred, championne olympique du 100 m, ou Letsile Tebogo, champion olympique du 200 m, ont par exemple été applaudis presque aussi poliment que des Tricolores. La programmation, très différente des éditions précédentes, n'a aussi pas aidé, avec par exemple les deux dernières journées presque entièrement dédiées au décathlon et à l'heptathlon, engendrant de l'attente entre chaque épreuve.
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