Mort du cycliste Paul Varry à Paris : un rapport d'expertise remet en cause la piste accidentelle soutenue par le conducteur

Depuis la mort du cycliste Paul Varry, il y a sept mois, le conducteur du SUV qui l'a mortellement renversé maintient que c'était un accident. Une défense mise à mal par le rapport d'accidentologie.

Article rédigé par David Di Giacomo - avec Alexandra Lagarde
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Une pancarte lors de l'hommage à Paul Varry, à Caen, le 15 octobre 2024. (MARTIN ROCHE  / MAXPPP)
Une pancarte lors de l'hommage à Paul Varry, à Caen, le 15 octobre 2024. (MARTIN ROCHE / MAXPPP)

Plus de sept mois après la mort du cycliste Paul Varry, mortellement percuté par un SUV, boulevard Malheserbes à Paris le 15 octobre 2024, un rapport d'expertise, révélé par Le Figaro, mardi 27 mai, et que franceinfo a pu consulter mercredi, revient sur les circonstances de l'accrochage. Il remet en cause la piste accidentelle, soutenue depuis le début par le conducteur.

Dans ses conclusions, l'expert en charge du rapport d'accidentologie explique que "le véhicule n'est pas techniquement en mesure d'accélérer et d'actionner le volant de direction de manière autonome". Le conducteur a donc dû faire plusieurs manœuvres pour se retrouver dans la configuration de l'accrochage et n'est pas resté passif.

Plusieurs points d'interrogation

L'expert détaille par ailleurs les manœuvres dans son rapport : "Il faut dans un premier temps que le conducteur pose le pied sur la pédale de frein, actionne le levier de commande pour le positionner sur "D" [position Drive dans les boîtes de vitesses automatiques], relâche la pédale de frein [démarrage du véhicule] et ensuite accélère à l'aide de la pédale d'accélérateur."

L'expert précise ensuite que le véhicule, au moment de l'accident, était dans "un bon état de fonctionnement" et que "les systèmes d'aides à la conduite [du SUV] ont dû avertir (sur le plan visuel et sonore) de la présence du cycliste [Paul Varry] sur sa trajectoire, ce dernier représentant un obstacle pour le véhicule". Il n'y a donc pas eu de défaillances techniques du côté de la voiture, qui pourraient expliquer l'accrochage. Autre élément à retenir, selon l'expert : "une accélération probablement soudaine et rapide [qui] a dû surprendre [le] cycliste", en l'occurrence Paul Varry.

Enfin, l'expert conclut qu'"aucun élément technique ne permet d'expliquer pourquoi le conducteur (...) a démarré dans ce contexte, ni expliquer pourquoi malgré la première variation d'altitude relative au chevauchement d'un obstacle sur la voirie, [le SUV] a poursuivi sa progression".

Pour la famille de la victime, "il s'agit d'un homicide volontaire"

Contacté par franceinfo, Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille de Paul Varry n'a pas souhaité commenter le rapport, mais a réaffirmé ce que ses clients disent depuis le début : "Il s’agit d’un homicide volontaire." Du côté de la défense, l'un des avocats du conducteur, Franck Cohen, contacté par franceinfo, a fait savoir qu'il était "sorti du dossier" et ne suivait donc plus l'affaire. Le second avocat, Steeve Ruben, a indiqué à franceinfo ne pas avoir encore pu prendre connaissance du rapport.

Depuis le début, le conducteur du SUV affirme qu'il s'agit d'un accident involontaire. En octobre dernier, le conducteur a été mis en examen pour meurtre, et écroué, soupçonné d'avoir volontairement écrasé le jeune cycliste le 15 octobre 2024.

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