Mort du cycliste Paul Varry à Paris : "Chacun doit se respecter et montrer un peu plus de courtoisie et d'attention à l'autre", estime Emmanuel Barbe, auteur d'un rapport après le drame

Le chef de la mission gouvernementale contre les violences routières a rendu, lundi, un rapport sur la prévention des violences routières, six mois après la mort de Paul Varry à Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Barbe a rendu, lundi, un rapport sur les violences et les tensions sur la route. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Emmanuel Barbe a rendu, lundi, un rapport sur les violences et les tensions sur la route. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Sur la route, "chacun doit se respecter et montrer un peu plus de courtoisie et d'attention à l'autre", estime, mardi 29 avril sur franceinfo, Emmanuel Barbe, chef de la mission gouvernementale contre les violences routières et auteur du rapport "Prévenir les violences et apaiser les tensions pour mieux partager la voie publique". Plusieurs mois après la mort, le 15 octobre 2024, du cycliste Paul Varry à Paris, tué par un conducteur de SUV soupçonné de l'avoir percuté volontairement, l'ancien délégué interministériel à la sécurité routière a proposé lundi plusieurs mesures pour pacifier la route. "Le fait qu'il y ait beaucoup plus de vélos, de toutes sortes d'engins pour des déplacements, a complexifié un peu la ville et a créé beaucoup de tensions", dit-il. Les propositions du rapport "visent à permettre d'améliorer la cohabitation entre les uns et les autres", ajoute-t-il.

franceinfo : En quoi vos mesures permettraient-elles d'éviter la mort de Paul Varry par exemple ?

Emmanuel Barbe : On voit le changement dans les mobilités. Le fait qu'il y ait beaucoup plus de vélos, de toutes sortes d'engins pour les déplacements, a complexifié un peu la ville et a créé beaucoup de tensions, parce que chacun ignore les règles qui s'appliquent à l'autre. Il y a beaucoup d'ignorance mutuelle. Les propositions qui sont faites dans ce rapport que le gouvernement va examiner et sur lesquelles il se prononcera d'ici deux mois visent à permettre d'améliorer la cohabitation entre les uns et les autres. Par exemple, aujourd'hui, les pistes cyclables sont un peu de toutes les couleurs en France. Pour un automobiliste qui voyage, ce n'est pas évident de comprendre ce qu'il doit respecter. Il y a des propositions qui vont dans ce sens. Il y a beaucoup de propositions qui sont très concrètes et qui sont applicables facilement, d'autres qui prennent un peu plus de temps. Mais ça doit commencer d'abord par le fait que chacun doit se respecter et montrer un peu plus de courtoisie et d'attention à l'autre.

Dans votre rapport, vous préconisez par exemple que, dès la maternelle, on apprenne à faire du vélo. Pourquoi est-il important de démarrer si jeune ?

On a vu un exemple en Italie, dans une ville où le vélo est très, très développé, où on apprend à faire du vélo en même temps qu'on marche. C'est une éducation au civisme, à la bonne tenue sur la route. L'éducation est évidemment essentielle. Il y a tout un volet aussi pour que les règles, notamment spécifiques, qui s'appliquent aux vélos, soient mieux connues, à la fois des cyclistes qui devraient mieux les respecter et puis de l'ensemble des usagers. Aujourd'hui, ces règles spécifiques sont mal connues. Un cycliste, par exemple, dans certains cas, peut prendre une route qui est en sens interdit. Cette règle n'est pas connue et donc ça crée beaucoup de tensions.

Pourquoi proposez-vous de plus réprimer les cyclistes qui commettent des infractions au Code de la route ?

On constate que les cyclistes ne sont pas assez verbalisés alors qu'ils commentent quand même beaucoup d'infractions. Tout le monde peut s'en rendre compte. On a repris une expérimentation conduite à Strasbourg qui a donné de bons résultats. On avait baissé le montant de l'amende et en fait on avait verbalisé beaucoup plus. On voit bien quand même, intuitivement, qu'il y a un problème de respect des règles. Ce n'est pas qu'il y a en a pas chez les automobilistes, mais il y a des plaques d'immatriculation. On peut plus facilement les verbaliser. Chez les cyclistes, c'est plus complexe. Un des aspects, c'est d'arriver à avoir des peines qui sont proportionnelles aux risques que les cyclistes font courir aux autres quand ils commettent des infractions. Ce sont les plus fragiles. Il faut vraiment sécuriser la pratique du vélo qui est un moyen de transport pratique, agréable, accessible, bon marché.

Vous demandez plus de pistes cyclables, notamment dans les campagnes...

Dans la ville, il y a déjà une loi de 1998 qui prévoit que, dès qu'on fait des travaux, on doit prévoir des aménagements cyclables. Ça n'a pas été suffisamment suivi par les collectivités. On propose que le suivi soit mieux fait. Ce sera au gouvernement de faire des choix. À la campagne, on peut tout à fait prendre en compte tous les itinéraires alternatifs qui existent, les réseaux secondaires, etc. Il y a des tas de solutions, si on le veut. Pour la bicyclette, l'équipement précède l'usager. Quand on crée une piste cyclable, au bout d'un moment, les cyclistes arrivent et c'est quelque chose de très très positif.  

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