Freinages fantômes : un expert pointe "le calibrage des capteurs dans les pare-brises"

Les constructeurs automobiles vont être interrogés après des cas de freinages inopinés de véhicules, sans raison apparente, qui ont causé des accidents ces derniers mois.

Article rédigé par franceinfo
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De nombreux automobilistes disent avoir été victimes de "freinage fantômes". (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)
De nombreux automobilistes disent avoir été victimes de "freinage fantômes". (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

Le gouvernement cherche à mieux comprendre l'origine des "freinages fantômes". Le ministère des Transports a annoncé vendredi 15 août lancer une enquête, après plusieurs signalements de véhicules qui freinent tout seuls, de manière inattendue et sans raison apparente.

Joanna Peyrache fait partie des lanceurs d'alerte. La jeune femme a été victime d'un freinage brutal de sa voiture sur l'autoroute en avril dernier. "Elle s'est arrêtée, sans action de ma part et alors qu'il n'y avait aucun obstacle devant moi, raconte Joanna Peyrache à France Inter. C’est allé très vite, trois secondes pour arriver à l’arrêt. La voiture derrière est venue me percuter, et mon véhicule a fait 180 degrés."

Il n'y a pas eu de blessé mais après l'accident, l'expertise de son véhicule est refusée par la justice, alors la conductrice lance un appel à témoignages. Depuis, elle a reçu 250 signalements. "Cela concerne différentes marques de véhicules, explique-t-elle. Cela va du petit accident au plus gros accident, avec des personnes décédées."

Joanna Peyrache a eu un échange avec le service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs. Ce service, qui dépend du ministère des Transports, va lancer des évaluations et interroger des constructeurs automobiles. Mais pour des automobilistes victimes de ces "freinages fantômes", le coupable est déjà trouvé. Dans une pétition lancée sur le site de l'Assemblée le 6 août dernier, ils expliquent que "le point commun entre tous ces incidents, c'est la présence d'un système d'aide à la conduite, notamment au freinage" sur les véhicules neufs ou récents.

"Limites technologiques"

Pour Christophe Theuil, vice-président de la Fédération française de l'expertise automobile, il n'y a "pas d'inquiétude a priori". Interrogé par franceinfo, il avance "des limites technologiques", notamment dues à "des conditions environnementales défavorables à la détection des capteurs, comme la pluie, le brouillard, la neige, l'obscurité ou le soleil rasant". Selon lui, le vrai sujet, c'est "la calibration des capteurs et des radars qui sont dans le pare-brise des véhicules", qui n'est pas toujours faite lorsque celui-ci est remplacé. 

"C'est comme si vous rouliez avec des verres de correction, mais qui ne sont pas bien réglés à votre vue."

Christophe Theuil

à franceinfo

Cette technologie, déjà présente depuis plus d'une quinzaine d'années, "est obligatoire sur tous les véhicules neufs fabriqués en Europe depuis 2022", rappelle Christophe Theuil. "Il y a un bénéfice risque qui est vraiment favorable à toute l'électronique, parce qu'elle a évité de nombreux dommages", avance le vice-président de la Fédération française de l'expertise automobile. 

Le fait que le ministère des Transports s'inquiète du problème des freinages intempestifs est "une posture assez raisonnable", ajoute Christophe Theuil. "L'enquête va déterminer si on est sur une défaillance humaine de conduite, sur une défaillance après une maintenance telle que la calibration qui n'aurait pas été faite, ou si on est vraiment sur un problème du capteur", assure-t-il.

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