: Reportage "Ce coffret à 55 euros, il en vaudra peut-être 650 dans cinq ans" : entre passion et spéculation, ces trentenaires collectionnent les cartes Pokémon

Le jeu de cartes Pokémon entre dans une nouvelle ère, vendredi 10 octobre, avec la sortie du bloc Méga-Evolution en France. Deux semaines tout juste après son lancement anticipé au Japon, l'extension débarque dans les grandes enseignes de jouets : nouvelles cartes, nouveaux coffrets, nouvelles figurines... Prêts à tout pour s'en procurer, les adeptes étaient au rendez-vous tôt le matin. Devant le magasin King Jouet de la porte d'Aubervilliers à Paris, pas d'enfant : uniquement des adultes, collectionneurs aguerris. Franceinfo est allé à leur rencontre.

Dans la file d'attente, une cinquantaine de personnes, uniquement des adultes : Sébastien, 32 ans, Camille, 34 ans, Aurélie, 42 ans, ou encore Nicolas, 35 ans. Eux qui appartiennent à la génération Y, les millenials, ont grandi avec la figurine jaune. Alors certains sont là depuis l'aube. "Quatre heures du matin", indique Nicolas. Il est le premier devant la porte. Sébastien n'a pas hésité à se mettre en congé pour l'occasion : "J'ai posé ma journée pour pouvoir venir." D'autres s'arrangent avec leurs obligations professionnelles : "Je commence à 10 heures et le magasin ouvre à 10 heures, donc je vais commencer ma réunion avec mes écouteurs dans la file d'attente", s'amuse Camille.

"Un Arcanin lumineux. Valeur... Plusieurs milliers d'euros"

Une passion qui leur coûte cher : "450 euros par mois", "500 euros par mois", "150 euros par mois", estiment les uns et les autres. Mais le jeu en vaut la chandelle, disent-ils : "Il y a des produits d'il y a cinq ans dont la valeur a été multipliée par dix, donc ça peut être très intéressant en termes d'investissement."

Chez eux dans des placards dédiés, parfois des pièces entières, ils ont tous une carte plus précieuse que les autres. "Une très, très vieille carte qui date de quand j'étais petit, confie Camille. Un Arcanin lumineux. Valeur... Plusieurs milliers d'euros." "Sur Prismatiques, on a eu la Noctali qui a une valeur de 1 000 euros aujourd'hui", estime de son côté Aurélie. "J'ai une carte Dracofeu du 151 et elle vaut 200 euros minimum. C'est déjà pas mal", poursuit Nicolas.

Ces cartes, ils ne jouent pas avec, loin de là : "On les garde, on les protège", raconte Aurélie. "Quand on était petits, on les a maltraitées, on les déchirait, on les jetait contre les murs, se souvient-elle avec nostalgie. Si on avait su que ça aurait cette valeur aujourd'hui..." Elle a transmis sa passion à ses trois enfants et leur transmettra aussi les cartes qu'elle a dans sa collection : "Si eux veulent revendre plus tard, ils revendront."

"Une petite partie pour ma collection et le reste pour revendre plus tard"

À 10 heures, la boutique ouvre. Agitation autour d'un client qui tente de contourner la file d'attente. Le ton monte, ceux qui attendent leur tour depuis plusieurs heures l'empêchent. Ça arrive, dit William, le directeur du magasin : "Il y a toujours du monde. Après on essaye de gérer au mieux, de faire au mieux pour tout le monde et pour que ça se passe bien." En moins d'une heure tout aura été vendu, conclut le directeur.

Panier moyen pour les premiers arrivés : 200 euros chacun. Devant la boutique, ils admirent leurs acquisitions : "Ce coffret à 55 euros, il en vaudra peut-être 650 dans cinq ans", jubile Nicolas. "Il y a une petite partie pour ma collection et le reste c'est pour revendre plus tard." Ce qui n'est pas voué à sa collection personnelle restera bien emballé pour espérer que la valeur augmente. "Le truc maintenant c'est de décider ce que je vais ouvrir et ce que je vais garder de côté, parce que la tentation est forte", conclut le trentenaire en souriant. Prochain rendez-vous dans un mois, le 14 novembre : les lancements se font toujours un vendredi. De nombreux spécialistes prédisent, là encore, un grand succès puisqu'une carte Dracofeu est annoncée.