: Reportage "C'est vraiment très sécurisé" : à quoi ressemble le quartier de l'isolement de la Santé où va être emprisonné Nicolas Sarkozy
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Entre surpopulation et galerie de personnalités emprisonnées, franceinfo a pu se rendre à la prison de la Santé, où sera incarcéré Nicolas Sarkozy à partir de mardi.
C'est un jour historique dans la Ve République. Nicolas Sarkozy sera incarcéré mardi 21 octobre à la prison de la Santé de Paris et deviendra le premier ancien président à être emprisonné. Condamné à cinq ans de prison ferme avec exécution provisoire pour association de malfaiteurs, il est accusé d'avoir laissé ses plus proches collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi en vue d'un financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007.
Nicolas Sarkozy sera détenu dans le quartier de l'isolement, qui est le plus sécurisé de l'établissement parisien. Située dans le XIVe arrondissement de Paris, entre la place d'Italie et la gare Montparnasse, la prison de la Santé est la seule intra-muros. C'est aux côtés de la sénatrice écologiste Anne Souyris que franceinfo a pu entrer dans l'établissement. Mais depuis quelques semaines, la direction de la prison a reçu une consigne exceptionnelle : interdire l'accès, pour les journalistes, au quartier de l'isolement, où l'ancien chef de l'État va être incarcéré.
Anne Souyris a pu s'y rendre et décrit des prisonniers "tous seuls dans leur cellule". "Quand ils en sortent pour des petites promenades, c'est vraiment tout seul et ils peuvent aussi faire un petit peu de sport à la bibliothèque, mais seuls", relate-t-elle. La sénatrice poursuit : "Quand on ouvre la cellule, il y a une trappe devant, ils mettent les mains à l'extérieur pour qu'on les menotte. C'est vraiment très sécurisé".
"Ça commence à gonfler les murs"
Nicolas Sarkozy aura beau être placé à l'isolement, il aura accès aux mêmes équipements et à une chambre de la même taille que celle des autres détenus du quartier classique. Sur le chemin de ce secteur, un prisonnier apparaît en sang dans les couloirs. "Des actes de violences sur les heures de promenade, ça peut arriver", nous glisse-t-on.
Une chambre classique fait 9 m2. Elle est dotée d'un réfrigérateur, d'une plaque de cuisson entourée de moisissure, d'une télévision, d'un téléphone fixe accroché au mur. Un lit jumeau habille la pièce, ainsi qu'un autre lit au sol, pour les détenus qui s'y trouvent. L'un d'eux désigne la salle de bains : "Le problème qu'on voit, c'est au niveau de l'évacuation de la chaleur de la douche ou de la cuisine. Ça commence à gonfler les murs".
"Malheureusement, nous on ne peut rien y faire. Il y a très peu de maisons d'arrêt propres."
Un détenu de prison de la Santéà franceinfo
La différence de traitement est très nette et choque la sénatrice. "J'ai vu des situations où tout était à moitié détruit, vétuste... Des cellules qui sont à moitié brûlées, où il y a des incendies presque tous les jours", assure Anne Souyris. La prison de la Santé qui est largement surpeuplée, plus que les autres maisons d'arrêt en France. Selon le dernier recensement de l'Observatoire international des prisons, elle accueille 1 237 détenus pour une capacité de 657 places. Parmi eux, les détenus dits vulnérables, comme Nicolas Sarkozy, sont une trentaine, soit moins de 3% des prisonniers.
Quel accueil de la part des détenus ?
La galerie de portraits de la prison de la Santé est d'ailleurs très impressionnante : Patrick Balkany, Claude Guéant, Bernard Tapie ou encore Jean-Luc Lahaye y ont été incarcérés. Mais aussi Michel Neyret, l'ex-numéro 2 de la police judiciaire de Lyon, écroué en 2011 pendant huit mois à l'isolement, comme Nicolas Sarkozy. Lui se souvient parfaitement de ses premières nuits en prison.
D'abord l'observation anti-suicide : "Toutes les demi-heures, en tout cas les premières nuits, ils vous réveillent en allumant la lumière de la cellule pour voir si vous n'avez pas des idées noires ou des projets funestes", raconte-t-il. Puis les "sérénades" qui proviennent d'autres cellules. "On se souvient de tous les détails, surtout l'accueil personnalisé des détenus, qui savent que vous avez été incarcéré à la Santé, explique-t-il. Toute la nuit, les détenus ont scandé mon nom de manière assez inélégante. C'est sans doute l'accueil que va recevoir Monsieur Sarkozy."
"Je pense que les détenus ne vont pas oublier les propos qu'il a tenu en tant que chef d'Etat, lorsqu'il parlait de la racaille à 'karsheriser'."
Michel Neyret, ex-numéro 2 de la police judiciaire de Lyonà franceinfo
D'autres propos de l'ancien président ont irrité certains détenus, qui n'ont pas oublié. "Quand on repense à ce qu'il a dit aux informations, beaucoup lui en veulent", fulmine un des détenus rencontré dans sa cellule. Il rappelle que Nicolas Sarkozy avait suggéré d'instaurer la castration chimique : "Il n'y en a pas beaucoup à qui ça a fait plaisir. On se voyait tous comme des animaux. Vous emmenez un chien chez le vétérinaire et hop, on vous castre."
Une demande de mise en liberté provisoire possible
L'un des médecins de la Santé, qui souhaite rester anonyme, entend des détenus empathiques à l'égard de l'ancien président. "Certains réagissent plutôt en disant que ce n'est pas juste pour lui, que les juges ont quand même été méchants avec lui", affirme-t-il.
Pour ce qui est des activités du quotidien, Nicolas Sarkozy risque de trouver le temps long, assure Pierre Botton. Cet ancien homme d'affaires a été incarcéré à deux reprises à la Santé. "Vous n'avez pas d'activité, vous avez seulement une heure de sport. Vous êtes tout seul en cellule et avez seulement une heure et demie de promenade", liste-t-il. Mais il relativise, estimant qu'il existe des cellules à l'isolement bien pire que celles de la prison de la Santé, comme Fresnes, qu'il qualifie d'"absolument horrible".
L'ancien chef de l'État aura quant à lui trois parloirs par semaine, un téléphone fixe en cellule et deux promenades par jour. Nicolas Sarkozy aura surtout la possibilité, dès la première heure de son incarcération, de faire la demande d'une mise en liberté provisoire auprès de la chambre des appels correctionnels. Elle aura deux mois au maximum pour y répondre.
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