Prisons : l'OIP dénonce un "populisme pénal" après le vote d'une proposition de loi qui revient sur les aménagements de peine
Favoriser les courtes peines est un "dispositif inefficace" affirme Mathieu Quinquis, président de l'ONG, car cela contribue à "créer les conditions d'une vulnérabilité et donc de nouveaux passages à l'acte".
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L'Observatoire international des prisons (OIP) dénonce, vendredi 4 avril sur franceinfo, un "populisme pénal", par la voix de son président, Mathieu Quinquis. Jeudi, une proposition de loi, portée par le parti Horizons, pour revenir sur les aménagements de peine a été votée. "Une peine courte peut être beaucoup plus efficace" qu'un aménagement de peine, a défendu sur franceinfo Loïc Kervran, député Horizons du Cher. Son groupe à l'Assemblée nationale, dans le cadre de sa niche parlementaire, a fait adopter en première lecture ce texte qui consacre le rétablissement des peines de prison ferme de moins d'un mois.
"Laisser penser que la justice pénale française est laxiste, que les magistrats sont permissifs et que la prison est une peine en réalité jamais prononcée et jamais exécutée, ça s'appelle tout simplement du populisme pénal", a rétorqué Mathieu Quinquis, président de l’OIP. Selon lui, "c'est extrêmement dangereux pour la compréhension que peuvent avoir ceux qui ne pratiquent pas et ne connaissent pas la justice pénale".
"Hystérie sécuritaire" du Parlement
Favoriser les courtes peines, "c'est une solution que la France a pratiquée pendant de nombreuses années et dont elle a constaté l'échec éloquent", argumente Mathieu Quinquis. "Mettre en prison, incarcérer des hommes et des femmes pour quelques jours ou quelques semaines, dans l'espoir de susciter chez eux un choc carcéral qui mettrait fin définitivement à des faits qui sont à l'origine de leur condamnation, c'est méconnaître en réalité leur situation." Selon lui, c'est aussi "méconnaître le fonctionnement des établissements pénitentiaires et la capacité qu'auraient les personnels pénitentiaires à prendre en charge, accompagner et aider les personnes détenues à préparer un projet de sortie et donc à créer les conditions d'une lutte efficace contre la récidive".
Il fustige une "espèce d'hystérie sécuritaire dans laquelle s'est enfermé le Parlement". "Évidemment", il faut "punir et sanctionner des comportements contraires à la loi", reconnaît toutefois le président de l'OIP qui appelle aussi à "préserver les intérêts de la société en favorisant la réinsertion". "Condamner des personnes à de très courtes peines d'emprisonnement et ordonner leur incarcération, c'est finalement créer les conditions pour qu'ils recommencent", redoute-t-il. Une "courte peine d'emprisonnement, c'est extrêmement désocialisant et ça fragilise parfois les rares éléments de stabilité qui existent dans la vie de ces personnes". Ces peines courtes contribuent à "créer les conditions d'une vulnérabilité, d'une fragilité et donc de nouveaux passages à l'acte", insiste Mathieu Quinquis.
"L'emprisonnement ferme doit être l'ultime recours"
Le président de l'OIP rappelle la surpopulation carcérale qui frappe les prisons françaises. Le nombre de détenus dans les prisons françaises était de 82 152 au 1er mars, selon le ministère de la Justice, pour 62 539 places opérationnelles, soit une densité carcérale globale de 131,7%.
Dans ces conditions, "nous ne pensons pas que c'est la logique d'ultra courtes peines qui doit l'emporter parce que ça contribue à refaire de la prison la peine de référence. Quand toutes les institutions internationales et européennes et aussi nationales rappellent que l'emprisonnement ferme doit être l'ultime recours". Mathieu Quinquis critique "le postulat que pose ce député et tous ceux qui l'ont suivi dans sa démarche en votant pour ce texte", parce que "c'est un postulat erroné, trompeur". Favoriser les courtes peines est un "dispositif inefficace" qui peut "créer des conditions particulièrement dangereuses pour le travail des services pénitentiaires et les perspectives de réinsertion des personnes détenues".
Le président de l'OIP "invite chacun à mettre les pieds dans un tribunal, à assister à des audiences pour voir que tous les jours, des hommes et des femmes entrent en prison pour de longs mois et que tout ce qui est décrit par ces députés et ces parlementaires s'inscrit à rebours de la réalité et traduit en réalité des ambitions politiques assez néfastes".
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