Opération "Prison Break" : que sont ces mini-portables "indétectables" ciblés par la police dans des centaines de cellules ?
Les appareils vendus par la société Oportik, de la taille d'un briquet et coûtant moins de 200 euros, sont présentés comme "déplaqués" pour passer les détecteurs de métaux.
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L'objectif est clair : saisir des téléphones portables "de la taille d'un briquet" et "vendus comme indétectables aux portiques" de sécurité. Telles sont les cibles de l'opération policière baptisée "Prison Break" et lancée mardi 20 mai dans 500 cellules de 66 prisons partout en France. Cette opération inédite est pilotée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du parquet de Paris et implique les enquêteurs de la BL2C (Brigade de lutte contre la cybercriminalité de la police judiciaire parisienne) et de l'UNC (Unité nationale cyber de la gendarmerie nationale).
L'opération vise à récupérer ces téléphones fournis illégalement à des détenus, dont certains "ont été utilisés pour commettre, depuis la détention, les infractions de trafic de stupéfiants, d’escroqueries, de dégradation de commerce par incendie, de tentatives de meurtre commanditées", détaille dans un communiqué la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau. Mais à quoi ressemblent ces téléphones, et comment pouvaient-ils être rendus indétectables ?
Le parquet de Paris pointe du doigt la société Oportik, décrite comme un revendeur de "téléphones miniatures mis en circulation par une société chinoise". Jusqu'à ce mardi, son site internet était accessible au grand public. Mais désormais, il n'affiche plus qu'un message expliquant que "ce site internet a été saisi dans le cadre d'une procédure judiciaire", accompagné des écussons de plusieurs unités de police ou de gendarmerie.
Chargeurs USB, clés 4G et oreillettes Bluetooth
Il est toutefois possible de voir à quoi le site de vente de téléphones ressemblait avant sa saisie, car il a été enregistré plusieurs fois dans l'Internet Archive, qu'il est possible de consulter grâce à la Wayback Machine. On peut donc voir que, jusqu'au 19 mars au moins, la société Oportik se targuait de fournir des "téléphones déplaqués [sans parties métalliques] et accessoires indétectables", "testés pour ne pas sonner aux portiques et détecteurs de métaux".
Parmi les modèles évoqués, des téléphones de marques inconnues du grand public comme L8star, Melrose ou Unihertz, pour des prix compris entre 25 et 180 euros. Chaque page comporte une fiche technique complète des caractéristiques de l'appareil (mémoire, dimensions, nombre de cartes SIM, résolution de l'appareil photo…).
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Ces smartphones sont aussi vendus sur d'autres plateformes, comme Amazon ou AliExpress. Oportik vend également des chargeurs USB "indétectables" en forme de bracelet, des clés 4G, des adaptateurs et oreillettes Bluetooth discrètes.
La société explique expédier les commandes sous trois jours ou en point relais avec un numéro de suivi, et propose même des livraisons en main propre. Le site affiche un numéro de téléphone portable et une adresse mail de contact, ainsi qu'un compte Snapchat, qui était utilisé par l'entreprise pour faire sa promotion et diffuser des avis de clients.
"Faciliter le quotidien" d'une "clientèle particulière"
Comment les gérants de Oportik justifient-ils leur commerce ? Sur leur page "Qui sommes-nous", ils prétendent vouloir "faciliter le quotidien de nombreuses personnes : magistrat, juriste, agent ferroviaire ou aérien, agent de sécurité privé…", tout en reconnaissant s'adresser à une "clientèle particulière". La société a déclaré un chiffre d'affaires de 151 000 euros en 2023 et un résultat net de 7 250 euros, selon la plateforme Pappers.
En plus des opérations menées dans les prisons, "trois fournisseurs sur le territoire français ont été interpellés", annonce la procureure de Paris dans son communiqué. "Le parquet de Paris, par l'intermédiaire d'Eurojust, a également communiqué à ses partenaires le mode opératoire permettant de localiser ces téléphones largement mis en circulation, afin que des opérations similaires puissent être diligentées sur d’autres territoires", ajoute le texte.
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